L’investissement : enjeu de l’aménagement du territoire
La contribution du Ceser sur l’investissement s’inscrit dans une démarche de développement économique, social, environnemental, sociétal portée par notre institution depuis la crise de 2008. Elle marque une nouvelle étape dans les propositions du CESER qui vise à affronter les trois enjeux de la reconquête industrielle, d’aménagement équilibré des territoires d’Auvergne Rhône-Alpes et du financement.
En effet, il faut remonter aux Etats Généraux de l’Industrie, à la contribution du CESER avec la mise en place d’un pôle régional d’orientation financière, à la création de la BPI avancée à ces EGI entérinée à la conférence sociale de 2012, pour que la question récurrente du sous-investissement et de l’insuffisance du financement privé, public soient actés comme un enjeu. Il faut le rappeler, dans un contexte de faiblesse de l’activité, voire d’une récession économique marquée par la poursuite de la désindustrialisation, de la perte de l’emploi industriel, de la dégradation des services publics.
Un sous investissement durable
Mais ce petit retour en arrière ne fait que confirmer, qu’à la lumière des éléments de contexte d’aujourd’hui, rien n’est encore réglé… tout reste à faire. Le sous-investissement est durable en Europe, en France l’investissement privé est inférieur en comparaison à la période avant crise 2008 et bien entendu, nous assistons à une chute sans précédent de l’investissement public. Il est vrai qu’avec la baisse de 13 Mds des dotations de l’état, les différentes restrictions budgétaires assujetties au dogme de l’économie, de la réduction des déficits publics, en clair de la règle d’or… il peut difficilement en être autrement.
La désindustrialisation se poursuit ainsi que l’affaissement de l’emploi privé, public. En Août 2017, la région Auvergne Rhône-Alpes comptabilise 646520 chômeurs avec une évolution de 2,8 % sur un an – 41,5 % sont au chômage depuis plus d’un an, 53,3 % sont des femmes. Il faut donc en déduire que le discours, les financements réduits, les politiques publiques Etat, Région, Métropoles, BPI … centrées vers la sélectivité, l’excellence, l’innovation, les filières d’avenir, l’accompagnement des entreprises à l’international ne donnent pas les résultats escomptés.
A ce propos, l’évaluation qui vient d’être faite sur le CICE met en évidence un dispositif particulièrement coûteux pour les dépenses publiques sans effet positif sur l’emploi et l’investissement. Contrairement à son objectif premier qui visait à redonner des marges de manœuvre aux entreprises pour investir.
Et s’il fallait changer de logiciel pour retrouver une croissance saine et dynamique et affronter les défis majeurs auxquels nous sommes confrontés, pour enfin sortir de la crise et répondre aux besoins de la société ?
L’investissement au service de la reconquête industrielle
En ce qui concerne la reconquête industrielle, au lieu de privilégier l’innovation au dépens de la recherche développement ou encore au lieu de privilégier certains secteurs industriels, ce qui reviendrait à en abandonner d’autres, jugés non concurrentiels ou pas assez innovants, à favoriser l’émergence des « champions « il convient d’axer les politiques publiques, les interventions financières de la BPI sur la défense , la promotion et la reconstitution de toutes les filières industrielles à partir des PME-ETI en liant davantage les actions de formation, qualification, recherche développement, ceci au service de l’industrie, des services et de la transition écologique, énergétique qui sont deux défis prioritaires.
Les services publics : acteurs essentiels
En ce qui concerne les services publics, au lieu de diminuer les moyens, de les affaiblir, de les dégrader en les considérant comme des coûts à réduire il faut réinvestir dans les services publics de qualité essentiels pour concrétiser les droits fondamentaux des citoyens : s’éduquer, se former, se soigner, se transporter, se loger, communiquer etc… oui l’intérêt général doit prévaloir sur le marché, et une société qui tourne dans le bon sens c’est une société inclusive, solidaire, qui s’appuie sur la réponse aux besoins sociaux, sociétaux et environnementaux. Les principes de l’universalité, l’égalité, la continuité, l’accessibilité en font des outils de solidarité territoriale indispensables dans une république et une démocratie.
Par ailleurs, il serait utile que toutes politiques publiques, tout financement public soient soumis à des critères, des indicateurs permettant d’affermir ces objectifs, de guider l’action régionale, les décisions d’investissements afin d’en évaluer les résultats.
Un pôle financier public : la proposition de la Cgt
Nous l’avons affirmé lors des EGI, de la mise en place de la BPI, la CGT considère que pour assurer ce type de développement humain durable l’ensemble du système financier ( privé, public, mutualiste…) doit être mobilisé. Dans cette perspective il est urgent de mettre en place un Pôle Financier Public avec une déclinaison territoriale – en coopération avec la Banque de France, la Banque Européenne d’Investissement. Pour inciter l’ensemble du système bancaire à prendre en compte dans la sélection des projets qu’il finance par ses opérations de crédits, des critères économiques ( création de VA – formation et qualification des salariés), sociaux ( emplois – salaires), et écologiques ( économie d’énergie et ressources naturelles).
L’état doit assumer son rôle pour à la fois protéger l’épargne populaire défiscalisée de la spéculation, la développer et l’orienter vers la satisfaction des besoins sociaux et ainsi assumer son rôle de cohésion sociale, d’égalité en tous points du territoire.
Ces axes de réflexions peuvent en partie répondre à la conclusion du CESER dans cette contribution sur l’investissement. Nous apprécions que le CESER fasse preuve de pugnacité, depuis plusieurs années, sur les enjeux du développement de notre région. Avec ce nouveau travail portant diagnostic, réflexion, il trace de nouvelles perspectives au service de cette ambition. Nous partageons l’idée fondatrice du rapport « de l’effet levier des politiques d’investissements « et les éléments de progrès pour optimiser la gouvernance, et faire progresser l’acceptabilité sociale donc la démocratie.
La CGT votera cette contribution.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1376