La Région Auvergne Rhône Alpes vient de voter le plan « Faire d’Auvergne-Rhône-Alpes la première destination européenne du tourisme durable »
Nous constatons, comme souvent, un très fort décalage entre l’ambition du titre du rapport du conseil régional et les actions concrètes.
Dans la lignée du plan montage, où il s’agissait davantage d’un « plan neige » d’aides aux stations de ski qu’un « plan montagne », ce plan stratégique repose pour la majorité de ses axes sur les vieilles recettes avec des objectifs qui n’ont aucun sens comme être dans le top 5 ou la première région en ceci ou cela.
Ce plan prévoit des mesures pour lutter contre la « pénurie de main d’œuvre » sans s’attaquer aux causes structurelles de cette désertion et se faisant le porte parole du patronat du tourisme.
Alors qu’elle est due essentiellement aux salaires et conditions de travail, aggravée par les mesures gouvernementales sur l’assurance chômage, aucune proposition en ce sens.
Or certains employeurs n’ont aucune difficulté pour recruter, fidéliser leurs salariés, il serait peut-être intéressant de se pencher sur leurs bonnes pratiques, plutôt que de remplir par la formation un tonneau des danaïdes qui se vide plus vite qu’il se remplit.
De même, d’autres mesures pourraient avoir un effet important sur l’attractivité de ces métiers :
- Reconnaitre la spécificité des emplois saisonniers en revenant sur la dernière réforme des allocations chômage qui a un impact fort sur les salariés précaires.
- Garantir le respect des salariés : que ce soit par la conditionnalité des aides régionales en lien avec le respect du droit du travail mais aussi par des contrôles renforcés de l’inspection du travail et de même faciliter les recours des salariés en cas de litige
- Développer les possibilités de logement, gardes d’enfants, formation et qualification pour les saisonniers
Un sujet est évacué de ce plan : comment l’industrie du tourisme contribue à la réduction de l’émission des gaz à effet de serre dans l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050 avec une étape à -55 % d’ici 2030 ? En l’état ce plan aura plutôt l’effet inverse en visant une augmentation de la fréquentation touristique automobile comme par exemple les sublimes routes du Vercors, les rallyes gastronomiques, etc… De même, l’octroi de 180 000 € pour des canons à neige à une station de moyenne altitude (1250m d’altitude) proposée à la prochaine plénière démontre le déni dans lequel se trouve la région et certains acteurs du tourisme en matière climatique.
Pour élargir, il n’y a rien non plus sur la question des transports collectifs. La région, autorité organisatrice de la mobilité, aurait pu prévoir des tarifications pour se déplacer dans notre région en train en adaptant aussi les horaires et dessertes.
Et pour conclure, si vous pouvons nous féliciter de la volonté de prendre de façon plus collective la question de l’emploi et des conditions de vie à travers des comités région pour l’emploi, nous nous interrogeons sur la place qu’occuperont les organisations syndicales de salariés dans ces dispositifs, l’expérience des dernières années nous rendant particulièrement circonspect sur la conception du dialogue social en région.