Intervention de la Cgt sur la contribution du CESER : les priorités du CESER pour le Schéma Régional de Développement Economique, de l’Innovation et de l’Internationalisation.
Un contexte de crise sociale, environnementale et géopolitique
La contribution de la commission économique identifiant les priorités du CESER pour le futur SRDEII s’est construite dans un moment particulier : celui de la surimpression des événements où se conjuguent les enjeux du climat, des pandémies, des guerres. Voici plus de deux ans que le monde est bouleversé par une crise sanitaire mondiale qui révèle l’ampleur des inégalités sociales et de santé. La crise climatique, écologique s’accélère inexorablement en raison de l’inaction des politiques à agir sur les causes. Alors que les peuples ont pris conscience de la gravité des conséquences maintenant perceptibles du changement climatique menaçant la biodiversité et l’espèce humaine, les transformations des modèles économiques sociaux, des modes de productions, se font désespérément attendre. Le risque de voir ces urgences passer au second plan et les solutions à bâtir est bien réel.
En effet, la guerre en Ukraine nous entraine dans une nouvelle période d’instabilité mondiale. L’horreur des victimes innocentes, la fuite de millions de réfugiés, le bouleversement d’accès aux ressources et aux matières premières énergétiques et agricoles vont durablement provoquer le désordre et la misère. Ces tragédies concomitantes, ne sont pas à hiérarchiser, mais à combattre dans un même mouvement de paix.
Aussi, pour l’avenir de l’humanité et de la planète, nous avons plus que jamais besoin de vérité et d’actions, de justice sociale et climatique, de fraternité et de solidarité. Sur ces fondamentaux d’intérêt général, des réponses sont à organiser pour construire résolument les transformations nécessaires afin que la planète Terre reste un milieu possible de vie.
Soutenir l’industrie : une réponse face aux crises
Ainsi, cet élan vital d’autres possibles nous ramène aux choix stratégiques pour l’avenir de l’industrie, afin de saisir les opportunités que la transition écologique, numérique et les évolutions démographiques appellent, en matière de transformation des modes de production et des organisations du travail, de choix des filières stratégiques, de relocalisations, de recherche et d’investissement, d’emplois, de formations initiales et continues, d’infrastructures et de transports collectifs… comme le développe très justement notre contribution.
Lors du débat sur le projet « Climat et résilience », les membres du Conseil National de l’Industrie ont insisté sur plusieurs points, que nous partageons.
« L’industrie doit être considérée comme une solution plutôt qu’un obstacle face au défi du dérèglement climatique. La soutenir permettrait, en plus d’éviter l’importation de matières premières et de produits fabriqués dans des conditions environnementales et d’émissions carbone moins favorables, de reconstituer un tissu industriel indispensable à l’exercice de la souveraineté économique de notre pays.
La cohérence et l’alignement par le haut entre les règlementations française et européenne doivent être poursuivis, afin d’éviter que ne se creuse un écart important entre les exigences du marché français et celles du marché unique européen« . Nous ajouterons un mot sur les conséquences sociales induites par cette course à la compétitivité qui se traduit trop souvent par la mise en concurrence entre les travailleurs, entre les activités de production, avec des logiques de sous-traitance mortifères conduisant à la précarité de l’emploi, la négation des compétences, un nivellement des salaires et des droits sociaux par le bas.
Vers un nouvel âge de la démocratie au travail
C’est bien l’ensemble du travail humain qui se trouve ici questionné dans son rapport entre valeurs, normes, sens et finalité des productions de toutes natures.
S’il nous faut, bien sûr, de toute urgence, produire des préconisations concrètes de changement de pratiques, nous devons penser global.
Retrouverons-nous le défi de l’évaluation des politiques publiques ? de l’orientation et de la conditionnalité des aides publiques ? de l’anticipation par une connaissance plus précise des besoins des populations à satisfaire ? d’une formation initiale et continue adaptée à la réponse à ces besoins qui nécessiterait d’autres relations entre enseignement supérieur, recherche, entreprise et monde du travail pour s’engager dans cette nouvelle œuvre commune.
De même, en négligeant les enjeux des rémunérations, d’égalité femmes / hommes, de sens, de finalité, d’utilité, de qualité de vie au travail pour bien faire son travail, d’une meilleure conciliation entre vie au travail et vie personnelle, l’ambition de l’attractivité des métiers en tensions ou des emplois non pourvus restera une incantation.
L’ensemble de ces ambitions appellent un nouvel âge de la démocratie au travail. Bien plus, que le dialogue social, le défi à relever sera de favoriser davantage la parole des travailleuses et des travailleurs afin d’élaborer, au cœur des communautés d’actions collectives que sont les entreprises, les choix stratégiques pour conduire les transformations nécessaires, porteuses de futur pour l’industrie et le monde du travail.
Un observatoire régional pour réussir la transition industrielle
Les schémas régionaux en construction doivent s’inscrire dans ce mouvement structurant de mise en cohérence et de transversalité, en misant sur l’engagement de tous les acteurs du territoire régional.
Dans les objectifs opérationnels, nous retrouvons la proposition d’un Observatoire régional pour réussir la transition industrielle. Née en 2019, lors du forum régional industrie organisée par sept organisations syndicales et trois organisations patronales pourrait participer de cette dynamique.
Car pour développer l’industrie, ses filières, ses emplois, ses savoirs et ses compétences, il faut aller plus loin, franchir un cap. Elargir, mailler nos connaissances, anticiper davantage face à l’accélération des évolutions induites par les nouvelles technologies, des évolutions nécessaires pour réussir la transition écologique et numérique.
Il nous faut travailler davantage ensemble, trouver de la transversalité entre les schémas, les plans et les dispositifs afin de mieux connaître notre territoire pour agir utilement et efficacement ; S’enrichir des expériences, des compétences, des autres pour trouver de la synergie entre acteurs et décideurs, entre les différentes entreprises de chaque filière et entre chaque filière. C’est pourquoi, nous préconisons l’idée d’un lieu commun régional transversal pour penser les changements sociaux, économiques et environnementaux, indispensables au développement industriel.
La contribution qui nous est proposée aujourd’hui encourage très justement à rassembler les attentes et propositions de la « société civile organisée » pour le prochain SRDEEI, schéma définissant les orientations de l’action de la Région en matière de soutien au développement de l’activité économique au sens large, puisqu’il inclut les secteurs du tourisme et de l’agriculture et qu’il couvrira une période de 6 ans. Ce schéma est d’autant plus important qu’il est prescriptif et s’impose à toutes les autres collectivités de la région en matière d’intervention économique, de soutien et d’aide aux entreprises, de développement de l’économie sociale et solidaire sans oublier les actions en matière d’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.
Nous nous félicitons de cette initiative, qui permet au CESER d’avoir une vision anticipée et prospective en amont de la rédaction de ce schéma. Nous souhaiterions, d’ailleurs, que le CESER puisse adopter cette méthode de travail pour l’ensemble des futurs plans et schémas : CPER, convention TER, SRADDET, CPRDFOP, SRERSI, etc…
Pour conclure, nous tenons à souligner la grande qualité des travaux au sein de notre commission conduits par son président Eric Le JAOUEN, dans une contribution de très bonne tenue rédigée par Laurent de PESSEMIER, chargé d’étude, qui a su prendre en considération la diversité et la richesse des interventions et de nos propositions. Par conséquent la CGT votera cet avis.