L’intervention est faite au nom des organisations CFDT, CFE-CGC, CFTC , CGT, FSU, Solidaires , Unsa .
Nous sommes amenés, une nouvelle fois, à commencer une intervention par un court rappel sur les conditions dans lesquelles notre avis a été construit. Il s’agit pourtant d’un document présentant les orientations de la politique régionale sur la période 2022 – 2028 sur une des compétences-clé de la Région: l’action économique. Politique qui aura un impact fort sur la vie des habitants et des travailleurs de la Région, dans une conjoncture particulièrement troublée (crise Covid 19, agression russe sur l’Ukraine) et face aux enjeux structurants de la transition environnementale, de l’explosion des inégalités (à l’ordre du jour de cette A.P., une contribution sur la précarité alimentaire) et des enjeux du numérique sur la vie quotidienne et le travail (à l’ordre du jour, une contribution sur l’Intelligence Artificielle).
L’avis a été construit à partir d’une présentation devant notre commission d’un Powerpoint détaillant les principaux axes du projet par Madame Pernod et d’un échange ouvert avec la commission. Trop rapide au regard de l’importance du sujet, réalisé sans transmission préalable du document, l’échange, pour intéressant qu’il ait été, n’a pas été aussi productif qu’il aurait pu. Après cette séance, un “tour de table” a été organisé pour collecter les réactions “à chaud” des conseillers, réactions qui forment l’ossature du présent avis.
Comme elle l’avait fait pour le précédent schéma , la commission 1 avait travaillé, en amont, afin de produire une contribution à l’attention du Conseil Régional. Cette contribution, votée à l’unanimité moins deux abstentions, identifiait les priorités retenues à l’issue des échanges au sein de la commission, autour de :
- Deux urgences : la transition écologique et le rapport au travail
- Trois objectifs opérationnels : le soutien à la relocalisation, l’anticipation des mutations et le développement de filières d’avenir
- Sept objectifs opérationnels
Dans les délais impartis, le présent avis s’est donc surtout attaché à rechercher le degré de prise en compte de ces priorités . L’une des “diapos” du Powerpoint de présentation établissait la “grille de correspondances” entre notre contribution et le projet de SRDEII , tendant à attester de la large prise en compte de nos priorités.
Nous proposons d’organiser cette intervention sur deux points :
- L’un, bien présent dans l’avis du CESER, mais qui aurait demandé à être exprimé sous une forme plus incisive.
- Un second, non pris en compte, mais qui ne pouvait ressortir que d’une lecture du texte intégral constituant le SRDEII, transmis ultérieurement à notre réunion.
Dans les conditions de mise en œuvre du SRDEII, notre contribution de mars 2022 avait pointé les enjeux de dialogue social et de gouvernance partagée, dans le prolongement du Forum Industrie du 26 novembre 2019 . L’avis doit constater que “la mobilisation du dialogue social …. n’est pas véritablement un principe et une méthode intégrés”.
Quant à la remise en place d’une gouvernance partagée, la perspective ne figure même pas dans le SRDEII. Dès lors, comment s’assurer que, derrière les mêmes mots, nous mettons les mêmes contenus ? Plus encore, si les instances où les rapprochements, par l’échange et le débat, pourraient s’opérer sont encore une fois écartées. Passée également sous silence, la question de l’évaluation, utile pour adapter le schéma aux évolutions dans un environnement incertain, sans risquer que s’insinue un soupçon de “clientélisme”.
A l’occasion de la consultation sur le précédent SRDEII, les déclarations des organisations du collège 2, dans leur ensemble, avaient déjà pointé cette “mise à l’écart” du dialogue social, jusqu’alors fortement ancré dans les pratiques régionales. Pratiques qui avaient montré leur utilité, notamment lors de la crise des subprimes. Force est de constater , sur ce point, le manque d’avancées, et même une dégradation ainsi que l’ont remonté les mandatés siégeant au Crefop.
La lecture du document de la Région nous apprend qu’une “gouvernance” fonctionne pour la mise en œuvre de son plan de relocalisation sous la forme d’un “G6”. Quel que soit les qualités des personnes impliquées dans cette instance, le caractère “endogamique” de celles -ci ne nous semble pas à même de répondre aux multiples défis du moment, notamment parce qu’ils imposent, sous bien des aspects, une remise en cause du modèle de développement dominant. Il est enfin temps de reconstruire un espace de dialogue social régional ouvert à l’ensemble des acteurs économiques et sociaux , dont les organisations syndicales de salariés . La région doit être motrice afin de donner à l’ensemble des forces vives la possibilité de s’exprimer, de s’impliquer, de s’engager, de proposer.
Un autre point aurait mérité des échanges approfondis avec la Région, autour de l’enjeu “relocalisation / réindustrialisation”, structurant dans le projet présenté, et de celui d’un développement équilibré des territoires également présent dans le projet , deux enjeux largement partagés au sein du CESER. En effet, s’agissant du développement équilibré des territoires , les pistes envisagées paraissent reposer principalement sur le tourisme et le maintien du tissu de commerces de proximité et d’un tissu artisanal. Ce n’est pas minimiser l’importance de ces activités , comme celle de la présence des services publics, que de considérer que ces seules pistes manquent d’ambition face à l’objectif affiché, notamment dans une Région disposant d’un maillage urbain dense et diversifié. Nous soutenons les initiatives de «réindustrialisation», qui figuraient déjà dans le précédent SRDEII, mais avec l’objectif d’une «réindustrialisation inclusive», à base d’innovations partagées , se donnant les objectifs :
- D’une réponse aux besoins sociaux et aux défis environnementaux,
- D’un effet d’entrainement, dans sa dynamique, pour d’autres maillons des filières considérées, qu’ils soient fournisseurs de composants ou de services,
- De réouverture des perspectives pour l’ensemble des territoires, en s’appuyant sur leur richesse et leur diversité.
En l’état, le schéma parait surtout se résumer à quelques vitrines technologiques subventionnées, très liées et dépendantes des projets portées par les métropoles. Et donc, insuffisant pour engager les transitions nécessaires pour bifurquer vers un modèle de développement :
- Plus sobre, pour sauvegarder le vivant
- Plus attentif aux besoins des populations, pour plus de justice sociale au travail et sur les territoires.
Sur ces enjeux de réindustrialisation, soulignons aussi que les propositions portées par les organisations syndicales dans les entreprises en difficulté et / ou en vue de la mise en place de nouvelles activités doivent aussi être prises en compte.
Réussir la relocalisation et, au-delà, relever les défis que nous avons à affronter, exige un nouvel âge de la démocratie, au travail par la prise en compte de la parole des travailleuses et des travailleurs comme dans la société.
Les organisations syndicales signataires tiennent à remercier tous ceux qui ont contribué à la réalisation de cet avis et , en particulier, notre Président pour avoir organisé les échanges et notre Chargé d’études pour les avoir mis en forme dans des délais contraints.
Même si le temps a manqué pour développer des points importants et si nous aurions préféré un avis plus incisif, nos organisations voteront favorablement l’avis.