Déclaration intersyndicale CFDT CGT UNSA CGC CFTC Solidaire
Le rapport qui nous est présenté par le Conseil Régional pour avis présente l’intérêt de donner un cadre à ce sujet particulier qu’est l’orientation tout au long de la vie permettant d’équilibrer et de mieux coordonner les rôles de chacun : Education Nationale, Etat, Région et employeurs.
Nous tenons dans un premier temps à rappeler des préconisations de notre contribution « les corps intermédiaires enfin écoutés ? ». Le renforcement du rôle des corps intermédiaires dans la démocratie passe par un dialogue préalable de l’exécutif du Conseil régional avec les corps intermédiaires. La condition pour assurer notre mission et rendre un avis est d’associer plus en amont le CESER dans le travail préparatoire.
Le Conseil régional nous présente un rapport élaboré sans diagnostic partagé avec l’ensemble des acteurs et en l’absence de consultation au préalable des corps intermédiaires, notamment dans les instances de la formation professionnelle.
Le Ceser aurait apporté une plus value s’il avait pu travailler en amont de la conception de ce rapport.
C’est bien dans cet espace de construction du cadre stratégique que le dialogue social et la construction concertée prennent tout leur sens à la fois pour s’appuyer sur des expertises croisées et pour assurer une mise en œuvre pertinente des orientations et objectifs.
Nous partageons l’essentiel de l’avis du ceser, toutefois, nous souhaitons ajouter plusieurs points.
Nous souhaitons insister sur le cadre légal de répartition des compétences entre l’Etat et la Région, notamment l’information sur l’orientation relevant de la région et la politique d’orientation des jeunes compétence de l’Etat, dans le respect d’un cadre national de référence.
Nous nous inscrivons pleinement dans la définition de l’orientation du Conseil de l’Union Européenne, rappelée dans l’avis, en tant que processus d’appropriation de son avenir, et non une étape où l’élève, l’étudiant, le salarié est passif , étape déterminée uniquement par des résultats scolaires, les formations présentes ou les besoins économiques du territoire. En conséquence, le titre même de la délibération pose problème par rapport à cette définition, de plus prétendre que le développement économique dépend de l’orientation des jeunes et des salariés c’est faire peser sur leurs épaules un poids bien lourd.
La stratégie adéquationniste d’orientation vers les formations des secteurs identifiés en tension ne peut être la règle. Ce modèle n’est pas conforme à ce principe fondamental que le choix d’orientation soit laissé à l’individu et représente une vision restrictive et à court terme qui ne prend pas en compte les évolutions des métiers, des filières et les besoins essentiels de compétences permettant aux jeunes et aux salariés de s’adapter à ces changements.
Le positionnement des entreprises comme « acteur fort » voire central de l’orientation doit nous inciter à une vigilance sur le risque d’instrumentalisation de l’orientation, de plus, L’entreprise même dans une conception élargie, en intégrant les autres employeurs comme le secteur associatif ou public ne peut pas être le cœur de l’orientation : elle est prise en compte dans le cadre du quadripartisme ou d’organismes paritaires. Le secteur économique avec toutes ses composantes en est juste un des acteurs
Dans ce parcours, la qualité, la lisibilité de l’information, son accès facilité sont des leviers importants, tout comme l’accompagnement et le conseil en orientation pour lequel nous sommes attachés à ce qu’il soit organisé dans le cadre du service public. De même une information sur l’orientation centrée seulement vers une documentation à portée régionale porte en elle des risques de rupture d’égalité territoriale pour les élèves et les étudiants qui n’auront plus accès à une information nationale.
Cette stratégie d’orientation s’inscrit également dans un contexte plus global qui pèse sur les solutions déclinées :
la région fixe comme objectif de sécuriser les choix d’orientation : « pour accompagner les publics dans leur prise d’autonomie face aux choix d’orientation » il est indispensable que l’offre de formation permette l’accessibilité réelle aux différents choix, Or, le budget de la formation en Auvergne Rhône Alpes est passé de 595.40 M€ à 493.90M€ en deux ans.
Elle souhaite dynamiser les parcours professionnels des actifs : la possibilité pour les salariés d’envisager un projet d’évolution professionnelle est amenuisée par la monétisation du compte personnel de formation et la disparition du compte individuel de formation.
Elle affirme un droit à l’échec et au changement d’orientation alors que les réformes du bac conduisent à des orientations de plus en plus précoces et inégales en fonction des territoires.
Un travail dans des délais très courts fait de cet avis un travail partiel qui devrait se prolonger par la participation du CESER à la consultation annoncée par la Région et par les travaux en cours dans nos commissions.
En conséquence, les organisations signataires voteront l’avis du ceser
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1484