Intervention intersyndicale : CGT/CFDT/FSU/Solidaires/UNSA /CFTC sur la contribution « L’enseignement supérieur et la recherche face aux mutations du travail et des métiers »
Les organisations syndicales CGT, CFDT, FSU, Solidaires, UNSA, CFTC se félicitent que la commission 6 du CESER ait choisi de travailler sur l’anticipation des mutations. Au fond, notre Assemblée aborde peu, très peu le theme du travail et ses différents enjeux : enjeux des mutations technologiques mais également des mutations de l’organisation du travail. Enjeux de l’évolution des qualifications, de la reconnaissance de celles-ci. Enjeux de la place accordée ou pas à la formation initiale et continue. Enjeux enfin du sens du travail, de la prise en compte de l’ensemble des questions sociales, sociétales et environnementales.
Pour ne prendre que la question de la transition environnementale synonime de profondes transformations des modes de travail, de nouvelles attentes des étudiants sur ces sujets, le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche doit s’adapter pour relever ces nouveaux défis.
Nous souhaitons lors de cette intervention insister sur 3 points principaux :
- Nous sommes confrontés à de profondes évolutions dans les process de travail et dans l’organisation du travail. Nous considérons que pour nombre d’évolutions, il s’agit de véritables ruptures. Les différentes auditions effectuées tout au long de ces 18 mois de construction de notre avis nous indiquent que tous les acteurs ne partagent pas forcément ce point de vue (rupture ou simplement évolutions). Il y a donc urgence et c’est une question centrale que ce sujet de l’anticipation des mutations fasse l’objet d’un débat approfondi entre l’ensemble des acteurs : collectivités territoriales, Etat, organisations syndicales et professionnelles, l’Education Nationale et le Ministère de l’Enseignement Supérieur de la Recherche et de l’Innovation.
A quoi sommes-nous confrontés dans les différents secteurs d’activité ? Quels sont les enjeux transversaux ? Quels sont les questions plus sectorielles ? Nous avons besoin d’une intense démocratie sociale qui permette si possible, d’aboutir à des diagnostics partagés.
Nous le disons avec force. Cette volonté a existé au sein de la région Rhône-Alpes entre 2004 et 2015. Elle avait abouti à la réalisation de cahiers sectoriels issue d’une intense activité de dialogue social y compris au sein des différents territoires de la région. Le Conseil Régional d’alors avait joué pleinement son rôle de cheville ouvrière de cette stratégie politique.
Nous devons insister pour que, de nouveau, la collectivité régionale s’engage dans un tel processus en associant l’ensemble des parties prenantes. Anticiper les mutations du travail et des métiers ne saurait relever de la seule analyse de différents dirigeants des entreprises et / ou d’experts et de consultants fortement empreints de néo libéralisme.
- Quelle prise en compte de ces enjeux au sein des entreprises, entreprises de différentes tailles, du secteur public comme du privé ? Tout au long des 2 dernières décennies, des dispositifs ont vu le jour : Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (gpec), Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences en Territoire (gpect), récemment « les transitions collectives » sans oublier les multiples réformes de la formation professionnelle. Au final, les auditions nous l’ont également démontré, les résultats sont faibles et trop souvent inexistants. Les grandes entreprises sont de plus en plus nombreuses à créer leur propre structure de formation quand les plus modestes travaillent peu, très peu ces questions. Les Comités Economiques et Sociaux sont les plus souvents aucunement associés aux stratégies des employeurs. Il en est de même dans les instances de dialogue social des établissements de l’enseignement supérieur. Au final l’anticipation des mutations relève bien plus d’une approche individuelle que d’une approche collective.
Il y a donc urgence à faire de ces enjeux une question d’urgence sociale. La responsabilité des employeurs est engagée. Elle suppose une approche sectorielle et territoriale associant donneurs d’ordre et sous-traitant pour éviter les ruptures technologiques et organisationnelles dans les chaines de valeur. Nous réaffirmons que la mise en place de comités interentreprises associant employeurs et représentants du personnel des entreprises donneurs d’ordre et sous-traitantes serait de nature à s’emparer, de façon coordonnée, des enjeux des mutations au sein des différents secteurs d’activité.
Enfin, l’ensemble des préconisations que formule notre avis pose, en grand, la question des moyens dédiés à l’ESR. Effectivement, de nombreux rapports et notes font état d’un sous financement structurel de l’Université française. Or, accompagner les transformations du travail et des métiers en préférant le sur mesure au prêt à porter, proposer aux étudiants des parcours de formation personnalisés nécessitent des moyens conséquents et équitables sur le territoire. Des moyens humains avec la hausse du taux d’encadrement des étudiants avec la création de postes d’enseignants chercheurs titulaires, formés aux nouveaux métiers et enjeux. Des moyens matériels à travers les financements réels d’outils performants, en équipements numériques notament ou encore la rénovation de l’immobilier universitaire vieillissant.
En conclusion les organisations syndicales cgt/cfdt/cftc/unsa/fsu/solidaires voteront cet avis en souhaitant que les préconisations puissent être portées de façon résolue auprès de la collectivité régionale afin que l’anticipation des mutations deviennent un large sujet de négociation sociale.