La Région sur la base des 4 contributions et des nombreuses séances de travail propose un nouveau CPRDFOP pour la période 2022 – 2028. L’ensemble des acteurs ont largement participé aux groupes de travail avec détermination malgré les difficultés pratiques (visioconférences compliquées, salles inadaptées, plateforme résopro …), difficultés qui se sont améliorées au fil des séances. Ce fut le cas des organisations syndicales qui ont pris leur part dans ce travail et avec l‘espoir de pouvoir contribuer pleinement à l’élaboration de ce contrat.
Aujourd’hui, nous devons nous prononcer sur ce texte en tenant compte des orientations portées par notre contribution. Avant d’entrer dans le vif du sujet nous voulons rappeler ce que nous écrivions déjà en 2018.
« La Formation et l’Orientation s’adressent aux personnes. Certes, nous sommes confrontés à des mutations et transitions économiques, technologiques, énergétiques, majeures, profondes, rapides. Elles bousculent les métiers et plus largement le travail de tout un chacun. Nous sommes bien conscients que cela a déjà et aura un impact majeur sur l’activité économique et territoriale de notre Région et bien évidemment des entreprises, mais ce sont avant tout des femmes et des hommes qui créent ce dynamisme économique et cette richesse. La place de ces personnes est donc primordiale dans le CPRDFOP si on veut oeuvrer pour la montée en compétences et en qualifications des salarié.es, pour la sécurisation des parcours professionnels et pour des emplois durables et de qualité. »
Avant de nous prononcer, un retour sur le bilan du précédent CPRDFOP, sur le calendrier et sur la méthode et les moyens mis en oeuvre pour l’élaboration de ce nouveau contrat est incontournable.
Concernant le bilan du CPRDFOP 2018 -2021 :
Le CREFOP est installé depuis la Loi de 2014, nous avons à notre actif l’élaboration, la mise en oeuvre et l’évaluation des précédents CPRDFOP, ainsi que le recul sur les difficultés rencontrées lors de l’exécution de celui de 2018-2021. Aussi, dès le début des travaux du bilan du CPRDFOP nous avons insisté sur la nécessaire évaluation partagée et approfondie, garantie d’une meilleure réussite du contrat de plan en cours d’élaboration. Si quelques enseignements ont été tirés, que nous partageons, notamment : des indicateurs réalistes, un nombre plus réduit de fiches actions, mieux structurées et une évaluation régulière. Il n’en demeure pas moins qu’un écart majeur s’est fait jour sans qu’une solution consensuelle ne soit trouvée, sur un calendrier extrêmement contraint.
Même si la loi ne prévoit pas un suivi et un bilan financier des actions, ces informations nous paraissent nécessaires, voire indispensables, pour nous permettre de connaître l’efficience des actions menées au regard des fiches actions. N’oublions pas que les politiques publiques que nous mettons en oeuvre au travers des différents contrats de plan et schémas régionaux sont financés par le contribuable. Plus que jamais, dans cette période où le pouvoir d’achat de tout un chacun est impacté, les organisations syndicales de salarié.es le réaffirment : « nous avons un devoir moral d’exemplarité quant à la gestion et à l’évaluation de ces politiques publiques ».
Concernant le calendrier et la méthode du dialogue social :
Manifestement les impératifs légaux ne s’imposent pas et ne peuvent être un argument pour établir un CPRDFOP à marche forcée. De nombreuses autres régions ne l’ont pas fait pour privilégier la concertation afin d’aboutir à un texte finalisé, partagé et qui fait consensus. Rappelons qu’en 2017, nous avions pris le temps … beaucoup de temps, pour un travail approfondi. Cette contrainte imposée en Auvergne-Rhône- Alpes repose sur le seul choix du Conseil Régional de présenter dans un même temps les différents schémas régionaux et le CPRDFOP. Cette décision provoque de fait une problématique pointée lors de l’élaboration, l’absence de connaissance des autres schémas régionaux. En effet la formation initiale et continue et l’orientation sont des outils au service du développement des compétences professionnelles des personnes, à la sécurisation de leur parcours et au service du développement de l’activité économique et des territoires. Or, en l’absence d’une connaissance des orientations définies par les schémas régionaux et d’un diagnostic partagé, il semble difficile d’élaborer un contrat de plan favorisant la réussite des schémas ainsi que la sécurisation des parcours professionnels.
En plus de cette contradiction, le propre du quadripartisme, est bien la nécessité d’une temporalité spécifique reconnue dans le bilan mais non prise en compte dans l’organisation et la méthode d’élaboration. À cette difficulté s’est ajoutée une méthode extrêmement dommageable, l’intervention d’un cabinet conseil sans élaboration concertée du cahier des charges, sans maitrise du quadripartisme et sans même une information préalable du CREFOP. Sans entrer dans les détails de cette intervention et de sa méthodologie nous relevons entre autres, les anomalies suivantes : programme imposé, points communs faisant consensus des contributions uniquement sur du verbatim et non sur les contributions, prises de parole « à la volée », utilisation de « post-it » pour proposer des solutions… (pourquoi faire des contributions puisque des post-it suffisent ?). Cette méthodologie n’a pas permis un gain de temps, bien que les séances aient été très courtes. Malgré le fort investissement des membres du groupe miroir, ce choix a réduit « les arbitrages » entre chaque séance au point qu’après chaque nouvelle version (13), personne ne savait, qui, pourquoi et lesquels des amendements avaient été retenus, exceptés les rédacteurs.
D’ailleurs, bien qu’en théorie les débats sont clos depuis le 8 juin, on reçoit encore des propositions de modifications de la version 12. A un tel point, qu’une version V13 est apparue après la version finale.
Cela a surtout limité la qualité et la portée des échanges des acteurs du quadripartisme sur les éléments des contributions qui ne font pas consensus. Alors que c’est tout là, l’enjeux et l’intérêt du dialogue social quadripartite.
De plus les échanges ont porté essentiellement sur l’objectif 1 le plus travaillé des fiches actions sans jamais pouvoir approfondir les objectifs 2 et 3. Nous rappelons ici avec insistance que notre participation au groupe miroir et nos contributions ne valent pas accord, c’est aussi cela la dynamique du quadripartisme.
Contenu :
Nous tenons à affirmer que la structuration du document, à savoir les trois objectifs et un objectif de méthode, est compatible avec notre contribution si le territoire devient un objectif transversal, il en est de même pour une égalité femme/homme. Nous notons que la qualification est largement sous-estimée au détriment de la compétence, la sécurisation des parcours des salariés est incluse dans la notion d’individus réduisant de fait l’importance préventive des GPEC et des GPEC-Territoriale pour les salarié.es.
Dans la partie anticipation : le P « prévisionnel » de GPEC doit davantage être mis en avant pour tenir compte des impacts des transitions et des mutations en cours sur l’activité des entreprises, sur les emplois et les organisations du travail. Ce que les textes actuels sur la GEPP ne prévoient pas.
Enfin les besoins et les aspirations des personnes sont presque absents dans une période où justement les employeurs constatent qu’une partie significative des difficultés de recrutement, relèvent d’un écart entre les aspirations des candidats et celles des entreprises.
En conclusion :
Force est de constater que la méthode employée au cours de l’élaboration, produit un déséquilibre entre la région et les trois autres acteurs du quadripartisme. En effet, elle est la seule à connaître parfaitement les orientations des schémas régionaux et les contributions retenues lors des groupes de travail. L’absence de connaissance des schémas régionaux provoque une difficulté majeure quant à la pertinence des orientations. Enfin, l’absence de finalisation de fiches actions crée une incertitude sur leur devenir, or nous souhaitons leur maintien comme élément du CPRDFOP.
La solution retenue d’une finalisation des fiches après le vote du CPRDFOP, nous interroge et reste insatisfaisante.
Même si, devant le manque de temps pour finaliser le CPRDFOP, nous avons accepté que les fiches actions soient travaillées en commissions, cela ne peut se faire qu’après une décision du CREFOP, qui devra fixer les limites acceptables et en prenant en compte que cela va imposer, aux commissions, un calendrier beaucoup plus étoffé que celui prévu à ce jour. Il n’en reste pas moins, après réflexion qu’une dichotomie existe car les fiches actions sont les feuilles de routes des commissions, comment peuvent-elles les créer.
Elles doivent donc être élaborées comme la traduction concrète du CPRDFOP.
A ce jour, nous ne nous retrouvons pas totalement dans ce contrat de plan qui nous parait incomplet, d’autant que certains items ne sont qu’à peine évoqués (sécurisation des parcours, les publics fragiles, les spécificités des territoires, …).
C’est pourquoi, afin de permettre au groupe miroir de finir son travail nous prônons un report du vote afin que le CPRDFOP soit véritablement utile à toutes et tous les Auvergnats Rhône Alpins, aux mutations technologiques et environnementales, à la performance des entreprises, à la sécurisation des parcours, à l’adaptation de l’offre de formation, et à sa structuration sur tous les territoires.
Le travail effectué à ce jour par le groupe miroir peut permettre à la région d’avoir une première vision de ce que va être le prochain CPRDFOP qui doit être complété et terminé avant la fin de l’année.