La Cgt et solidaire se sont exprimés sur les enjeu de l’orientation des jeunes à l’occasion de la contribution du Ceser « s’orienter, se réorienter » volet 1 : l’orientation des jeunes
C’est dans un contexte fortement impacté par la crise de la Covid 19 que l’avis « s’orienter, se réorienter » volet 1 : l’orientation des jeunes nous est soumis au vote.
Alors que les jeunes ont vécu une scolarité dégradée, voire parfois traumatisante depuis le 16 mars, alors que personne n’est en capacité d’affirmer que le retour à l’école, au collège, aux lycées général, technologique, professionnel ou en CFA, le 1 septembre 2020, se fera en présentiel pour toutes et tous ; alors que le CESER présente en ce même jour une note d’orientation sur la crise sanitaire, nous allons voter un projet pour lequel nous n’aurons pas pris le temps en commission d’une re lecture et de nous ré-interroger sur la pertinence des préconisations proposées.
Peut-être aurions-nous pu reporter à la fin de l’année la présentation de cet avis après le travail d’analyse nécessaire en commission ?
La crise que nous vivons n’est pas simplement sanitaire, temporaire, mais bien le révélateur d’une crise systémique en lien avec la situation économique, sociale, politique, environnementale que nous vivons. Comme la CGT et Solidaires l’ont déjà dit dans leur intervention concernant la note d’orientation sur la crise sanitaire, nous ne pouvons pas reprendre les activités « comme d’habitude ».
Une orientation à marche forcée pendant la crise sanitaire
En effet, l’orientation des jeunes durant cette période a dût se réaliser à marche forcée, l’ensemble des procédures Affelnet, ParcourSup ont gardés leur agenda, contraignant les parents et les élèves à réaliser leur orientation, isolé·e·s, à distance.
Le service public d’éducation a tenu pendant cette période difficile de part l’investissement des personnels, en dépit des nombreuses difficultés auxquelles ils ont été confrontés. Les psychologues de l’éducation nationale, dont les effectifs se réduisent d’année en année ont particulièrement été sollicité·e·s ; mais comment accompagner les élèves dans leur orientation lorsque ces derniers n’ont pas d’accès à internet ? Comment préparer son orientation lorsque les forums des métiers, les portes ouvertes ne peuvent se tenir ? Les visites virtuelles d’établissement ne peuvent pas se substituer aux traditionnelles portes ouvertes.
La « télé orientation » tout comme le « télé enseignement » ont accentué les inégalités sociales et scolaires, et aurons très certainement des conséquences dramatiques pour les jeunes en matière d’orientation.
L’exigence d’un autre système éducatif
Pour la CGT et Solidaires, l’orientation doit permettre à chaque jeune, et en portant une attention particulière aux plus fragiles socialement, de trouver sa propre voie, voire de rebondir, au cours d’un processus étalé dans le temps. Il s’agit de leur donner un accompagnement par des professionnel.les formé.es et reconnu.es afin de les aider à acquérir plus d’autonomie, à prendre confiance en eux, à agir sur leur propre devenir.
Pour la CGT et Solidaires cette crise est l’occasion d’exiger un autre système éducatif permettant à l’ensemble des élèves de s’y retrouver, permettant une orientation choisie pour les élèves et l’abandon de la sélection pour le supérieur.
La formation professionnelle : un enjeu d’égalité et d’accès à tous à l’enseignement
Aujourd’hui, la formation professionnelle est dérégulée : les entreprises peuvent ouvrir leur propre CFA avec une simple déclaration et dispenser ainsi les formations qu’elles souhaitent. Pourtant la crise que nous vivons nous montre que la formation professionnelle des jeunes ne doit pas dépendre de la situation économique des entreprises : Les PME et les TPE sont fortement impactées. Les jeunes ayant choisi l’apprentissage souvent ne trouvent pas de maître d’apprentissage, d’autres subissent les ruptures de contrat !
La voie professionnelle sous statut scolaire, n’est pas étroitement liée à la situation économique des entreprises. Chaque jeune doit donc pouvoir d’abord et avant tout avoir la possibilité de s’inscrire dans la voie professionnelle initiale sous statut scolaire.
Lors de la crise de 2008, le service public a toujours été en première ligne pour accueillir les publics les plus fragiles, notamment les apprenti·e·s en rupture de contrat. En 2020, les ressources en matière de taxe professionnelle dans les lycées professionnels ont fortement diminué suite à la réforme de la formation professionnelle. Comment et dans quelles conditions le service public va pouvoir accueillir ces jeunes ? Il serait nécessaire que la région puisse mesurer cet impact et y apporter des solutions.
La CGT et Solidaires, à la lecture de cet avis sur l’orientation, regrette que ne soit pas abordé l’absence d’anticipation d’ouverture de places en formation générale comme professionnelles, suite à la forte augmentation démographique post 3ème. L’absence d’ouverture de place, les outils Affelnet ou Parcoursup créent une sélection avec des classes populaires sacrifiées, des potentiels éconduits dans le cadre d’un système de plus en plus élitiste.
L’orientation des jeunes ne doit pas se faire pour répondre à des besoins immédiats et non pérennes des entreprises, c’est pourquoi la région doit se doter d’un véritable plan de formation concernant entre autres les métiers liés aux transitions écologiques, industrielles et sanitaires. C’est bien dans le cadre d’instances du quadripartisme Etat, Région, Organisation Syndicales de salarié·es et patronales que peut s’effectuer ce travail de prospective.
La CGT et Solidaires, dénonce l’absence de démocratie dans bon nombre d’instances de la région. Il n’est pas acceptable que ne siègent directement dans le conseil d’administration de la nouvelle agence régionale d’orientation ni les organisations syndicales, ni les fédérations de parents d’élèves. De même, le CREFOP doit recouvrer son entière légitimité notamment en matière de carte de formations, il ne doit pas rester une coquille vide.
Pour terminer, la CGT Solidaires regrette que le CESER ne puisse obtenir de la région des données chiffrées en matière de formation et d’orientation des jeunes.
La CGT et Solidaires, s’abstiendront.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1562