Une journée de rencontre et de réflexion, à l’initiative du collectif régional des travailleurs sociaux, a rassemblé une soixantaine de participants le 15 décembre 2017 à la Bourse du Travail de Lyon.
Elle s’inscrit dans la continuité des contre-assises du travail social en région Rhône-Alpes de novembre 2014 et des vendredis du travail social qui se sont déroulés sur 2015 et 2016, qui ont donné lieu à la rédaction d’un quatre pages et d’une plaquette sur le travail social.
Présentation par Jean-Claude Boual, du Collectif des associations
citoyennes : le « social impact bond » ou la marchandisation de l’action sociale
Les « SIB » sont un nouveau système de financement des actions sociales, relevant normalement de financements publics, par des investisseurs privés à qui l’État remboursera ensuite les sommes investies avec un fort taux d’intérêt.
Ce remboursement est conditionné par la réussite de l’action menée, évaluée sur la base d’objectifs fixés par l’investisseur et par l’État.
Ce nouveau procédé de financement des actions sociales s’est développé dans le monde anglo-saxon : Australie, États-Unis, Grande-Bretagne, mais aussi en Chine.
Le constat est fait par les multinationales et le grand capital que le marché mondial est saturé.
Les deux grands marchés qui sont encore à développer sont le social et l’environnement.
Pour le domaine du social, il ne s’agit pas de répondre au développement des inégalités mais de donner le change pour contrôler la population.
A les entendre, Il n’y aurait pas d’autres alternatives !
Ainsi le social est réduit à un nouveau marché et devient une source de revenus pour les groupes financiers. Une méthode de gestion qui privilégie le profit !
Avec des interventions sociales intrusives et personnalisées où le public ciblé est considéré comme l’unique responsable de sa situation.
Sous prétexte d’innovation, il est fait la promotion de vieilles recettes : la charité, le paternalisme et le partenariat public / privé.
Nous basculons du modèle citoyen vers le modèle libéral à l’anglo-saxonne.
Ce modèle se conjugue avec l’idée que l’État Social est terminé, de même que la solidarité. Il faut donc trouver autre chose, une réponse à la disparition des financements publics.
La philanthropie remplace alors la solidarité et permet un bien meilleur contrôle de la société.
De plus, elle fonctionne sur la défiscalisation : on donne de l’argent public au privé par le versement de taux d’intérêt. Il s’agit là d’un détournement de l’impôt, puisque la rentabilité est assurée par la puissance publique.
Les entreprises sont prêtes. Dans les écoles de commerce, des chaires de philanthropie et d’économie sociale et solidaire sont financées par des entreprises comme Danone, BNP Paribas… et les étudiants sont formés au management collaboratif.
Il y a une vraie stratégie pour changer les mentalités.
Cela aura aussi un impact sur la transformation des formations des travailleurs sociaux et va entraîner une maltraitance des personnes accompagnées.
Sur le long terme, les missions les moins rentables seront abandonnées au caritatif.
Il faudrait identifier sur notre région les associations qui adhèrent au Collectif des Associations Citoyennes, pour pouvoir travailler avec elles. Ce collectif lutte et informe sur la mise en place des SIB.
Il serait également intéressant de déployer sur nos départements ce type de journée pour une prise de conscience.
(Pour en savoir plus cliquer)
interview de Christophe Itier, directeur de la sauvegarde du Nord
interview de Christophe Itier, suite, directeur de la sauvegarde du Nord
plaquette d’information sur les social impact bond
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1399