La prise en charge de la dépendance, de la perte d’autonome, doit sortir de la seule logique de solvabilité individuelle pour une prise en charge publique et solidaire afin de répondre aux besoins actuels mais également pour les générations futures.
La prise en charge de l’aide à l’autonomie relève d’un choix de société
La question de la dépendance, de la prise en charge de l’aide à l’autonomie de constitue un véritable enjeu . La manière de traiter le sujet, les réponses apportées correspondent à un véritable choix de société et détermine le rôle de chacun : institutions, intervenants professionnels, personnes en situation de dépendance et entourage familial.
La loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement est entrée en vigueur il y a 4 ans. Pour autant dans la pratique, s les progrès ne sont pas suffisants. Les changements ne sont pas à la hauteur de l’ambition affichée.
Des moyens en baisse et des personnes âgées de plus en plus nombreuses
La prise en charge des personnes âgées est face à un effet ciseau : les financements baissent et dans le même temps, le nombre de personnes âgées augmentent fortement. Les besoins sont croissants et, les réponses partielles, ou non adaptées. Ils peuvent entrainer de lourdes conséquences (pauvreté, exclusion des soins, des prises en charge du vieillissement, épuisement de la sphère familiale etc.).
La réforme des retraites telle qu’elle est présentée, en fixant la part du PIB consacrée aux retraites à 14% du PIB, alors que le nombre de retraité.es augmentera considérablement aurait un effet mécanique de baisses des pensions pour tous, et rendrait de plus en plus difficile les réponses individuelles à l’enjeu du vieillissement. C’est au contraire une réforme de justice sociale qui est nécessaire garantissant à toutes et tous un revenu décent après des années de labeur.
En Auvergne Rhône Alpes comme partout, la démographie sera à son pic historique d’ici 2025 : les plus de 60 ans seront plus nombreux que les moins de 20 ans. Cette réalité du 3ème et 4ème âge pose l’enjeu de l’anticipation pour bâtir les politiques publiques en phase avec ces réalités. Il faut reconfigurer le système de protection sociale à la hauteur de ces nouvelles exigences. De même dans le domaine du handicap, la loi de 2005 a apporté des évolutions, mais les financements ne sont pas à la hauteur des besoins.
La nécessité d’avoir une approche globale de l’accompagnement
L’Avis du CESE « vieillir dans la dignité » d’avril 2018 préconise que les solutions doivent être centrées sur l’accompagnement et le parcours de santé dans une approche globale.
Ainsi la préconisation n° 9 propose de construire, à l’échelle du bassin de vie et en associant l’ensemble des partenaires sanitaires et médico-sociaux un parcours coordonné qui intègre les différentes étapes du vieillissement et réponde aux besoins et aux attentes des personnes.
L’avis présenté ce jour rend bien compte de la situation démographique, et des dispositifs existants, notamment en établissements. Il dresse un état des dispositifs relatifs au répit existants ainsi que le rôle des aidants.
La reconnaissance du rôle des salarié-es de l’aide à domicile et des Epahd
Toutefois, pour nous, il manque l’articulation aidants professionnels, notamment ceux intervenant dans le cadre du maintien à domicile, avec les aidants familiaux. En ce qui nous concerne, leurs destins sont croisés et liés.
En effet, le déploiement, depuis 2002 d’une Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) avec, une tarification inégale selon les territoires de la Région, les écarts pouvant aller jusqu’à plusieurs euros entre départements, ce qui entraine une inégalité de traitement des citoyens insupportable.
Parallèlement, dans l’aide à domicile, il existe plusieurs statuts, plusieurs types d’employeurs. Globalement Dans ce secteur, pour toutes les formes de services d’aide à domicile, la précarité, la faiblesse des salaires, les conditions de travail dégradées sont malheureusement très souvent la norme. La reconnaissance qui leur ait accordé est inversement proportionnel à leur rôle social primordial. Les salarié.es des EHPAD et de l’aide à domicile expriment leur empêchement de bien faire leur travail par manque de moyens et de reconnaissance de leur métier et sa pénibilité depuis de nombreux mois. Ces actions reflètent les conditions de prise en charge des personnes âgées la création d’un service public, adossé à l’associatif, permettrait une offre globale et une coordination des acteurs de réseaux et répondrait aux besoins d’une structuration de cette offre, cohérente, pluridisciplinaire, réactive et professionnelle ; et d’en concevoir une gouvernance permettant la parole, l’expression, l’intervention des salariés et des usagers avec le développement de droits, de lieux, de pratiques pour cela.
De plus, la loi Borloo de 2005, créant les services à la personne, a entrainé un nouveau champ d’activités considéré comme un gisement d’emplois, et non plus comme un secteur d’activité apportant une réponse aux besoins.
Par ailleurs il faut rester extrêmement attentifs à de nouvelles déréglementations du travail, à travers l’expérimentation du baluchonnage en cours jusqu’en 2021, et aux dérogations possibles au code du travail rendus possibles par le décret du 26/04/2019.
L’aide aux aidants familiaux : un moyen de pallier les défaillances des services publics ?
Dès lors, l’aide aux aidants familiaux peut en effet devenir le moyen de pallier bon compte les défaillances, voire l’absence des services publics. La stratégie pour les aidants 2020-2022, avec une enveloppe de 400 millions d’euros à la clef, et une mesure phare : la création d’un congé indemnisé pourrait apporter une bulle d’air, dès lors qu’elle s’accompagne d’une réelle reconnaissance du statut de l’aidant. Néanmoins, elle ne doit pas constituer la réponse unique à des besoins collectifs, et ne doit surtout pas renvoyer aux seuls aidants familiaux la responsabilité collective qui incombe aux pouvoirs publics et à la solidarité nationale.
D’autant plus que le rôle des aidants se pose. Pour beaucoup, ce rôle d’aidant n’est pas un vrai choix mais contraint par des difficultés financières et l’absence de réponse collective accessible à tous, là encore les inégalités de revenus jouent fortement. Un aidant sur deux (60 % de femmes) est en activité professionnelle, nombre d’entre eux (elles) rencontrent des difficultés pour assurer leur rôle d’aidants(es) et pour concilier vie familiale et vie professionnelle. Pour y parvenir beaucoup sont contraints de se débrouiller, de réduire leur temps de travail, voire même quelques fois d’abandonner leur emploi, avec des conséquences immédiates sur les salaires et ensuite sur les pensions de retraite. Le recul de l’âge de la retraite va aggraver des situations vécues. La question de la liberté de l’aidant à organiser sa vie sans être exclu du monde du travail renvoie à la reconnaissance de son rôle dans la société et doit être un vrai choix pas un palliatif aux incuries sociales. Plus de souplesse et une meilleure qualité dans l’organisation de son emploi du temps doit donner lieu à l’ouverture des négociations à l’entreprise, pour celles et ceux qui travaillent
Un besoin urgent de financement à la hauteur des enjeux pour notre société
La Stratégie nationale de santé 2018-2022 laisse présager des orientations nouvelles. Dans sa mise en œuvre, cette stratégie doit impérativement anticiper le long terme et s’inscrire ainsi dans un vrai choix de société.
Trois quarts des dépenses liées à la perte d’autonomie proviennent de l’assurance maladie. La perte d’autonomie fait donc partie des risques qui doivent être couverts par la branche maladie de la Sécurité sociale, financée par la cotisation sociale, et non par un nouvel impôt de solidarité mettant de nouveau à contribution les salariés et les retraités imposables.
La prise en charge de la dépendance, de la perte d’autonome, doit sortir de la seule logique de solvabilité individuelle pour une prise en charge publique et solidaire afin de répondre aux besoins actuels mais également pour les générations futures. Pour y parvenir, une nouvelle dynamique de financement de la sécurité sociale est à engager.
La CGT votera cet avis.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1522