Le plan d’investissement de la CES a constitué le fil rouge des réflexions et différents travaux de la conférence régionale 4 moteurs, en particulier, dans sa 1ère demi-journée.
La démarche intersyndicale en région RA a été pointée comme un appui au dialogue social, au portage de propositions communes, en particulier face à la crise sur les questions économiques, le financement, le contrôle des fonds publics.
Depuis Juin 2014, les organisations syndicales de RA portent la concrétisation en territoire du plan d’investissement de la CES :
Une initiative importante au CESER a eu lieu : conférence avec présence de B. SEGOL, précédée par un travail intersyndical avec une grande entreprise sur cet enjeu.
Lors de la conférence débat du 10 février 2015 : quelques points saillants de constats portés par la CES :
- La place de l’Europe pour une nouvelle ambition économique et sociale.
- Les politiques d’austérité (précarité – chômage – pauvreté sont en augmentation) avec une croissance atone.
- Les politiques publiques ajustent structurellement le marché du travail avec la baisse du coût du travail, flexibilité et faciliter pour licencier (+ de 3000 réformes structurelles).
- Baisse significative des investissements (déficit de l’ordre de 500 milliards euros par an).
En conséquence la CES porte une ambition et des propositions visant un plan d’investissement au service d’une autre politique européenne, en mobilisant 2 % du PIB de l’UE pendant 10 ans, avec des investissements publics marqueurs d’une nouvelle croissance.
Dans cette journée, le débat et les réflexions portées par les participants, ont permis de confirmer l’importance de se donner des indicateurs, des critères pour une approche sectorielle et répondre aux besoins des territoires de RA.
Un groupe de travail du CESER a été mis en place à l’issue de cette conférence. Il cnsidère que :
Les investissements des entreprises sont très peu tournés vers l’augmentation des capacités productives.
Une baisse significative des investissements des collectivités territoriales – 17 % 2015 / 2014, il faut sous tendre dans cet indicateur, la baisse d’investissements utiles à la population rhônalpine (crèches, transports, logements, vieillissement, etc.…)
Une question posée aux quatre moteurs, sur la mise en oeuvre de cette proposition de la CES : Pouvons-nous nous donner l’objectif de construire un projet ensemble sur l’enjeu de l’investissement “à partir de 3 clés d’entrée :
- le lien entre développement industriel et transition environnementale
- l’enjeu de la ré-industrialisation et d’une politique de filières
- le vieillissement de la population et la réponse aux besoins des personnes âgées et de l’enjeu démographique.
Pour le DGB et le Bade Wurtemberg : Une conférence en 2013 a porté sur la crise, le DGB est engagé sur une proposition de favoriser l’investissement, la proposition de la CES se conjugue avec nos objectifs syndicaux. Dans notre région le chômage est moins important que sur les autres régions de 4 moteurs, pouvons-nous vraiment parler de crise dans ces conditions ? Mais pour autant, le plan d’investissement de la CES est une réponse européenne à construire, pas seulement une question à aborder au plan national.
L’idée que les dépenses publiques doivent être réduites est largement répandue et renforce le sousinvestissement public, cette politique de rigueur est contestée seulement par les syndicats allemands. La question de la transition environnementale va être portée uniquement par l’investissement privé. D’où notre exigence que l’Etat doit aussi investir, contrôler.
Les CCOO de Catalogne ont fait le lien avec le congrès de la CES : consensus sur le fait qu’il faut avoir une stratégie européenne, en tenant compte que dans chaque pays le dialogue social est attaqué afin de ne pas permettre aux organisations syndicales d’intervenir sur les choix stratégiques. Ce contexte d’affaiblissement du dialogue social interpelle la CES sur sa capacité à intervenir. Le programme
revendicatif de la CES a pour objectif de peser sur l’orientation de l’Europe au plan économique, social . Du coup le plan Juncker se conjugue aussi aux enjeux du développement et des transitions nécessaires mais avec une différence fondamentale : PPP prend le pas sur l’intérêt général, et fait fi des contreparties, les
partenaires sociaux doivent être vigilants sur les projets qui vont émerger de ce plan.
Il faut donc détailler les mécanismes de dialogue social, se fixer des priorités partagées et pouvoir les évaluer dans leur mise en oeuvre : projets de recherche, de formation pour assurer une meilleure cohérence.
Le plan d’investissement prétend réactiver l’économie, enclencher des créations d’emplois et contribuer aux transitions nécessaires avec un rééquilibrage territorial : Concept de SOLIDARITE. L’Europe doit permettre de réguler ce programme d’investissements, avec mise en place dans chaque Etat, en cofinancement. La question du financement, d’une politique fiscale commune est mise en évidence pour
permettre de penser des projets d’investissements. Dans cette mise en place, cela pose des contradictions avec la souveraineté nationale.
La CISL de Lombardie considère que le sujet est ambitieux mais nécessaire. Si la crise n’est pas terminée, du point de vue du travail et des changements économiques, il y a des signaux positifs. Dans toute l’Europe, il nous faut retrouver la voie du développement, dans des conditions différentes et en fonction des défis et mutations à venir notamment le caractère durabilité, environnementale. Notons que l’économie
mondiale marque le pas. Les investissements pour la durabilité et le bien être doivent sortir des règles de l’austérité. Les comparaisons sur les fonds publics régionaux mobilisés sur l’investissement sont difficiles entre nos quatre pays : il serait donc intéresser de Benshmarker (les similitudes et les différences). La priorité pour nous c’est le TRAVAIL, et nous devons avoir une croissance et un résultat immédiat sur
l’emploi – économie manufacturière très forte mais notre tissu se compose également d’un grand nombre de PME-PMI – les investissements doivent donc être fléchés en priorité sur ces entreprises.
Il faut attirer l’investissement privé, en favorisant aussi l’investissement public par exemple sur le numérique. Pour nous, dans notre réalité économique, il y a deux portes d’entrée incontournables : c’est la ré-industrialisation, la CISL commence à réfléchir sur l’industrie 4.0 – la durabilité, la transition environnementale, l’impact sur les territoires.
L’UIL de Lombardie pour compléter, souhaite contribuer au débat. Nos contextes sont différents, taux de chômage en particulier celui des jeunes, nous voulons porter une attention particulière sur ce défi. La question d’un temps de travail partagé entre les seniors et les jeunes se pose de façon nouvelle. Désastre de la politique de rigueur, nous conduit à exiger une flexibilité raisonnée. Le plan d’investissements ne doit pas être soumis à ces règles de rigueur budgétaire, en utilisant 2 % du PIB, en misant sur un développement durable, la durabilité environnementale est un potentiel de réponses aux besoins des territoires, accessibilité égale de tous les citoyens à l’emploi durable. Les infrastructures doivent rester aux mains de l’état (transport par ex.) Le vieillissement de la population doit susciter une réflexion de notre part, compte-tenu, à ce jour, des différences de protections.
La CFDT remercie le travail qui a été possible en RA. Sur l’industrie, il nous faut intégrer les questions liées au réchauffement climatique en examinant comment on peut intervenir à l’échelle de chaque entreprise, en réfléchissant aux impacts technologiques : nanos, biotech, numérique… avec des liens forts que cela
pose à l’évolution de la société. Besoin de repérer les métiers en voie d’extinction et les nouveaux qui apparaissent, la CFDT pose ces enjeux de transition professionnelle dans l’anticipation. Le support 4 moteurs doit nous permettre de le porter plus largement qu’à l’échelle de chaque pays.
Le plan Juncker c’est 74 milliards versés directement aux entreprises, mais quid des partenaires sociaux pour décider des bons investissements, des bonnes priorités.
Pour la CGT, il y a affrontements sur les choix stratégiques, selon que l’on part de l’idée de la concurrence, de la compétition, de l’excellence, de la sélectivité, selon que l’on part de l’aménagement équilibré des territoires, de la réponse aux besoins sociaux, sociétaux, environnementaux. Le syndicalisme européen, les seuls à porter le contenu d’une autre croissance et d’une révolution industrielle porteuse d’un autre
développement et répartition de la création de richesses- nouveau modèle économique, nouveau modèle de société. Ne pas rester figer sur le modèle passé, car il faut construire les conditions d’issue à la crise systémique.
Propositions :
Faire un état des lieux, un benshmarking pour identifier nos différences, nos similitudes et commencer à travailler des propositions
travailler de façon convergente les critères, indicateurs, marqueurs d’investissements efficaces
la question du financement privé / public et la fiscalité des états, locale est à intégrer car en lien avec les fléchages sur les priorités que nous pouvons nous fixer
la démocratie, car qui décide, des choix stratégiques de l’entreprise, au local, régional, au plan européen.
Ces points qui font consensus dans nos quatre régions, conduisent nos organisations syndicales à envisager la mise en place d’un groupe de travail (deux par région).
A l’issue de cette séance, la présidente du CESER et le président de la région RA ont été informés des points de consensus et perspectives communes de travail à l’échelle de nos quatre régions, s’agissant du plan d’investissement de la CES.
La Présidente du CESER se félicite de cette rencontre, et attend les propositions afin que le CESER puisse poursuivre ses travaux, engagés en février 2015 lors d’une rencontre de la prospective, et désormais avec le groupe de travail “investissements” présidé par B. Bouvier. L’investissement public/privé : comment le décliner en territoires, quels choix stratégiques sur les filières, quels investissements immatériels, quelle égalité des territoires ? Ensemble il nous faut réfléchir, pour développer les innovations sociales dans notre région.
Le Président de la Région, pour sa part, souligne l’importance de ces rencontres 4 moteurs, la vie de ces 4 moteurs, ne devant pas se décliner uniquement d’un point de vue institutionnel. Cette réflexion stratégique sur l’Europe, son devenir, se pose au travers des différentes pressions de la mondialisation, des migrations, des questions climatiques sachant que se tient prochainement à Paris la COP 21. Un texte de compromis de 150 pays marque les enjeux de société, en lien avec les dimensions économiques et sociétaux. En région, les 1 et 2 juillet s’est tenu une initiative préparatoire à la COP 21, à son issue et à l’initiative du Bade Wurtemberg, il a été signé un texte d’engagements pour cette transition environnementale.
L’Europe est à un tournant, des pays se désengagent des politiques communes (en particulier dans la période sur la pression migratoire), tout en bénéficiant des fonds européens. Quel devenir et quelle menace sur cette forme de cohésion qui représente un atout pour notre continent.
Par rapport à ce contexte, que pouvons-nous faire respectivement ? La présidence Catalane avait inscrit la notion du numérique et des Smarts Région, dans le cadre de la 3ème révolution industrielle qui modifie les modes de production, les modes de vie… C’est dans ce cadre que s’inscrit la SRI-SI. La région RA doit prendre la présidence des 4 moteurs l’an prochain.
3 sujets : concept d’industrie du futur, comment vont s’organiser les moyens de productions qui nous plongent au coeur des stratégies européennes. Le président fait référence à la microélectronique et STMiicro qui passe de la 5ème à la 11ème place européenne (avec des établissements en France, à Dresde) d’où la proposition de la région RA à l’Etat français d’en faire une priorité stratégique “un Airbus de
l’électronique”. A partir de 2017 c’est environ 5 milliards d’investissements, qui nécessitent une forte coopération européenne sous peine d’une absence industrielle sur ce secteur au profit de l’Asie et des USA.
Besoin d’un investissement européen fort sur cette industrie du futur !
Les régions d’avant-garde industrielle s’inscrivent dans l’initiative de la CES, des régions grands bassins industriels qui réaffirment le rôle primordial de l’investissement.
La démarche de dialogue social : il faut plus populariser l’initiative de la CES sur le plan d’investissement. Informer et traduire concrètement pour l’opinion publique. L’idée que la croissance soit tirée par l’Afrique et la Chine a du plomb dans l’aile et l’Europe doit être un moteur de la croissance, avec un dialogue social affirmé en Europe.
Dernier point, les jeunes des 4 moteurs ont aussi été accueillis par la région RA en juin 2014, ils sont aussi porteurs de projets et avaient pointés une question forte sur la montée des nationalismes en Europe, le racisme. Ce sont des thèmes au coeur de l’avenir de nos sociétés, du projet européen.
Le Président Jean Jack QUEYRANNE propose aux organisations syndicales des “4 Moteurs” de porter une déclaration commune.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1093