Le Ceser Auvergne Rhône Alpes a rendu une contribution sur les métiers en tension dans le secteur médico-social.
Intervention au nom de la Cgt et de solidaire
Des métiers en tension
Le sujet lui-même de cette contribution pose question : Peut-il y avoir des solutions régionales à la situation de tension dans le médico-social ? Le groupe de travail a bien délimité son champ d’étude aux métiers de l’accompagnement et du soin aux personnes âgées en perte d’autonomie et aux personnes porteuses de handicap. Mais l’ensemble de la filière sanitaire comme le secteur de l’action sociale connaissent la même situation. Pour nous les causes sont nationales et les solutions relèvent de décisions politiques nationales.
Un secteur sous contrainte financière
Les auditions réalisées par le groupe de travail pour analyser les raisons de la situation de tension dans le médico-social. Les difficultés de recrutement ont des conséquences dramatiques décrites comme :
- Une qualité de service empêchée ;
- Des modes de travail dégradés ;
- Une perte de sens.
C’est bien aussi ce qu’ont mis en évidence l’enquête de Victor Castanet « les fossoyeurs » sur les EHPAD mais aussi le rapport de l’IGAS sur les crèches, (même si la petite enfance n’était pas dans notre champ d’étude). Il est significatif que ces deux secteurs aient été largement ouverts au secteur marchand et donc soumis à une exigence de rentabilité.
Dans les structures relevant de financement public, des restructurations, regroupements arbitraires sont organisés afin de répondre à l’injonction de réduction des coûts .
Des conditions de travail dégradées
Une étude-action a été réalisée l’an dernier par l’IRES (Institut de Recherches Economique et Sociale) avec l’ Union Départementale CGT de l’Isère s’appuyant sur des témoignages de salarié-es : elle montre que l’introduction des outils technologiques ont profondément modifié les métiers du sanitaire et du médico-social : la traduction des missions en actes quantitatifs dont il faut cocher les cases est une violence faite aux professionnels. Leur mission et leur éthique sont fondées sur la relation avec les personnes et ne peuvent être quantifiées.
Quand les tableaux Excel sont le support de l’organisation du travail, les équipes sont en souffrance, les arrêts de travail se multiplient, les abandons aussi. De plus, les salaires ne sont pas à la hauteur des responsabilités de ces professionnels rendant le secteur peu attractif. Les recrutements deviennent difficiles.
Améliorer la qualité de vie au travail
Le dialogue social est un des vecteurs à renforcer quels que soient le statut et la taille de l’entreprise afin de permettre à chaque salarié-e quelle que soit sa qualification de participer à la détermination de ses conditions de travail et des moyens nécessaires pour bien faire son travail.
Améliorer ainsi qualité de vie au travail et qualité du service rendu est une des réponses urgentes à la souffrance au travail et à la pénurie de personnels, ce qui appelle une revalorisation des valeurs des métiers du médico-social, passant aussi et surtout par des moyens financiers accrus permettant, au plan national la reconnaissance et la revalorisation des qualifications et des carrières.
L’enjeu du financement : au centre des problèmes
Au regard de ces éléments c’est bien l’enjeu du financement qui est en cause, mais aussi le principe même de la solidarité de la collectivité nationale pour répondre aux besoins de toutes les personnes bénéficiaires et particulièrement les plus fragiles.
Les employeurs de l’Économie Sociale et Solidaire que nous avons entendus nous ont parlé de « gestion par les coûts », de tarification contraignante et complexe, du système des appels d’offres fragilisant le travail collectif et au long court que nécessite une prise en charge de qualité des personnes.
Des améliorations sont recherchées en Auvergne – Rhône-Alpes comme au plan national : Pôle Emploi, l’ARS, l’Économie Sociale et Solidaire ont développé des plans d’action décrits dans la contribution. Le Conseil Régional a voté en 2020 et pour 2 ans un plan régional pour l’emploi et l’attractivité des métiers du secteur santé-social dans la continuité du CPRDFOP. Le Groupe de Travail n’a pas pu avoir communication de l’évaluation de ce plan si elle existe. C’est très dommage, nous aurions pu éclairer notre contribution à la lumière de cette évaluation sur la question centrale des formations sanitaires et sociales qui relèvent de la compétence du Conseil Régional.
Pour tenter de faire connaître les métiers et d’attirer les jeunes, des campagnes de communication sont organisées dont il est difficile de mesurer l’impact.
Si des expérimentations d’organisation du travail visant à promouvoir des pratiques participatives et collaboratives sont à même d’améliorer la qualité du travail de vie au travail, elles se heurtent aux limites des moyens qu’impose la gestion financière.
Notre pays a construit en 70 ans un système de protection sociale de haut niveau, il devait être en capacité de s’adapter afin de répondre à de nouvelles exigences. Or, le constat que nous faisons est bien une dégradation des services à la population.
Face aux enjeux qui nous attendent avec l’accroissement des besoins sociaux liés notamment au vieillissement de la population, nous avons besoin d’un changement profond des politiques publiques qui apportent des réponses solidaires aux besoins de nos concitoyens avec une priorité aux plus fragiles.
Nous nous abstiendrons sur cette contribution.