Dans un contexte de croissance très faible, peu favorable à un développement économique créateur d’emplois, la région Rhône-Alpes cumule à fin octobre 2015 une forte évolution du chômage de + 7,1 % sur un an avec désormais 513.540 rhônalpins au chômage et un solde très faible d’emplois créés en 2014 de + 1260 emplois. Mais la région forte de la diversité de ses activités, de son potentiel de recherche, de la richesse de ses territoires dispose d’atouts favorables à dynamiser.
Dans sa contribution « les leviers du développement économique en Rhône-Alpes », le CESER a souhaité répondre à un défi majeur : comment la région Rhône-Alpes peut-elle mieux valoriser ses opportunités et la variété de potentiels dont elle dispose ?
Pour enclencher une dynamique de développement, de croissance, de création d’emplois, de réduction des inégalités, de la pauvreté.
L’avis dresse un diagnostic sérieux des caractéristiques de l’économie Rhônalpine, de ses atouts forces et identifie les leviers d’une nouvelle dynamique régionale regroupés en quatre items.
S’il est nécessaire de renforcer le travailler ensemble, de valoriser l’image, l’attractivité de Rhône-Alpes, les mutations majeures à venir questionnent la place et le sens du travail, les compétences et les qualifications, les nouveaux métiers et les nouvelles filières ainsi que les dispositifs publics qui leur sont dédiés. L’enjeu d’une telle transition conduit le CESER à préconiser la construction d’une Stratégie sur La Formation Professionnelle en lien avec une réflexion particulière sur les jeunes et le travail, sur le dialogue social stratégique des acteurs.
Dans notre réalité de première région de sous-traitance, les liens industries-services, grands groupes-pme, la relation donneurs d’ordre – sous- traitants structurent les filières et façonnent les territoires. Et si depuis la SRI-SI, le rôle de l’innovation, la démarche d’excellence, de spécialisation intelligente a eu tendance à prendre le pas, voire à se substituer à la politique des filières – l’analyse de la chaine de valeur, de la recherche au recyclage, inscrite dans une logique de mutualisation, de partage semble faire consensus. La CGT partage donc largement le point de vue de l’avis « que si la notion de fertilisation croisée s’avère pertinente, elle ne permet pas compte-tenu de l’organisation actuelle des acteurs de s’affranchir de la notion de filières qui structurent les rapports industriels ».
Dans la réalité, des rapports de domination entre donneurs d’ordre – sous-traitants, la CGT a pointé en commission, la question des choix et décisions stratégiques des grands groupes qui impactent l’avenir de nos filières rhônalpines et les milliers d’emplois qui en dépendent. Nous pensons particulièrement à la microélectronique et les véhicules industriels cars et bus. Les choix centrés sur la performance financière des groupes se font au détriment de l’investissement, du développement territorial, de l’emploi.
La CGT considère qu’ils sont contreproductifs aux efforts de mutualisation entre les acteurs, aux efforts des politiques publiques régionales et des financements consentis sur innovation – recherche.
La baisse du coût du travail, la mise en concurrence des salariés conduisent à des catastrophes sociales et économiques. Les vecteurs essentiels pour une sortie de crise innovante c’est de favoriser le droit au travail décent pour tous, la démocratie assortie d’un droit d’intervention de salariés sur ces choix stratégiques.
La CGT considère également que le levier transversal des mutations c’est le territoire… du local au régional. Les territoires sont à considérer comme des espaces où filières et fertilisation croisée ne sont pas opposables mais combinés, comme véritables leviers à la réponse aux besoins, sociaux et environnementaux.
Déjà souvent évoqué et préconisé lors de précédents avis de la Commission 1, le Small Business Act est une fois de plus érigé en principe facilitant l’accès des pme locales à la commande publique. La proximité, la RSE, la mise en place d’un label sont autant de préconisations faites à la région pour une décision politique favorisant ce développement économique territorial.
La question des transitions majeures à venir : numérique, digitale, énergétique, écologique sont énoncés dans l’avis comme autant de défis, de virages à prendre par la collectivité régionale. Le CESER considère à juste titre que la région doit faire preuve de volontarisme dans l’accompagnement de ces transitions aux entreprises, aux territoires, aux salariés. Les réponses ne sont pas écrites mais à construire dans un processus, car il est difficile de croire que l’industrie se convertira toute seule à une économie vertueuse.
L’économie circulaire peut-elle être ce mode d’émancipation qu’elle semble porter ? oui si elle mise sur le développement d’activités industrielles qui intégreraient l’écoconception des produits et de leur recyclage – oui si elle favorise la relocalisation de l’industrie dans les territoires, la limitation des transports, le développement des circuits courts – oui si elle s’engage dans la valorisation des filières industrielles pour permettre les gisements d’emplois promis – oui à condition que les salariés, les citoyens exigent un changement radical de modèle économique, que des volontés politiques soient assez déterminées pour être capable de la substituer au modèle existant pour en inventer un autre. Car si nous considérons qu’il s’agit de respecter l’humain pour protéger la planète, c’est aussi la réponse aux besoins humains, sociaux et environnementaux qui doit piloter la production de biens, de services et les usages.
Les humains doivent produire leurs biens de consommation dans la mesure du possible, là où ils sont pour satisfaire leurs besoins. Mais cela demande une autre approche que les dogmes du coût du travail ou de la compétitivité par l’offre pour servir les logiques financières à l’œuvre.
L’une des questions induites concerne les emplois. Est-il question d’économie vertueuse quand ces emplois ne sont que des emplois sociaux solidaires, sous- payés, sous-qualifiés, précaires, par exemple dans le tri des déchets, alors qu’il faudrait de vraies filières professionnelles, raisonner en chaine de valeur avec de la recherche, de l’innovation, des emplois qualifiés et de la formation .
Ces transitions jugées nécessaires peuvent et doivent irriguer toutes les activités Rhônalpines, tous les territoires et faire partie de l’ADN Rhône-Alpes.
La dimension emplois-métiers-formations-transfert de nouvelles compétences – qualifications, autrement dit Les Ressources Humaines, doivent être considérées au même titre que les territoires comme un levier transversal au développement économique régional. Ce parti pris peut devenir effectivement, comme le préconise l’avis, une vitrine régionale qui s’attacherait à présenter les dispositifs publics, les solutions en matière d’économie circulaire.
Pour terminer, dans un souci de renforcer le faire ensemble au sein de l’instance CESER, il conviendra au futur CESER Auvergne-Rhône-Alpes d’approfondir, retravailler et compléter les pistes d’actions à actionner pour un développement économique et équilibré dans ce nouveau périmètre territorial. En avançant d’autres méthodes d’utilisation des ressources avec un circuit particulier pour des financements propices à une reconquête industrielle du plein emploi.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1081