Du lundi après midi 12 décembre jusqu’au vendredi matin 16 décembre 2011 une délégation intersyndicale de Rhône-Alpes s’est rendue en Tunisie.
Il nous a été dit plusieurs fois que BOURGUIBA et surtout BEN ALI avec la complicité active de la FRANCE, n’ont toujours montré qu’une TUNISIE de façade (au propre comme au figuré). Le résultat a été un déséquilibre régional extrêmement fort : 80% des richesses pour les 10 Régions côtières, et 20% pour les 18 Régions de l’intérieur. 14% de chômeurs en TUNISIE, 28% à KASSERINE, 40% à DJENDOUBA. Un chômage qui touche particulièrement la tranche d’âge des 25/35 ans.
La situation de la Femme est pleine de contraste :
- Education et salaire (exceptés dans l’Agriculture concernant la rémunération) sont à parité.
- Les femmes ont tenu toute leur place dans le déroulé révolutionnaire, et elles comptent des jeunes martyrs dans leurs rangs. L’UGTT exige le dépôt rapide d’un projet de loi pour aller au-delà du statu quo, et qui améliore leur sort dans leur vie sociale et leur vie professionnelle.
- Au sein de l’UGTT elles représentent nous le rappelons 40% des syndiqués, 60% dans l’Enseignement, et jusqu’à 70% dans le secteur du Textile. Cependant elles n’ont pour encore au moins un an aucune représentante au sein du Bureau Exécutif (organe de Direction) pas plus que dans les différentes Commissions.
Quant à la situation que traverse la TUNISIE aujourd’hui, elle est unanimement qualifié de désastreuse économiquement et extrêmement tendue socialement. Sans aide du QATAR, il n’est pas exclu que les fonctionnaires tunisiens ne soient plus payés dans quelques mois. Et concernant l’avenir politique la mise en place d’une nouvelle dictature n’est pas complètement à exclure. Nos interlocuteurs faisant là allusion aux nombreux pouvoirs rassemblés dans les mains d’Hamadi JEBALI Premier Ministre.
L’UGTT sans attendre a conçu et présenté au Gouvernement de Transition un programme économique, social et politique. Bien évidemment la clé de voûte, la priorité absolue en est l’emploi. La TUNISIE pays de 12 millions d’habitants a plus d’un million de chômeurs, et le SMIC se situe autour de l’équivalent de 140 €.
A SIDI BOUZID, à KASSERINE et à DJENDOUBA, mais cela doit être vrai sans aucun doute dans l’ensemble des Gouvernorats et particulièrement dans 18 les plus défavorisés de la TUNISIE de l’intérieur, il y a un manque criant d’investisseurs tunisiens ou internationaux.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : entre décembre 2010 et décembre 2011 les investissements à parts étrangères (mixtes ou 100% étrangers) ont diminué de 11,2%. Dans chaque Gouvernorat il nous a été systématiquement dit : « Regardons ensemble ce qui est possible de faire en respectant bien sur l’intérêt des travailleurs ». Essayons de le faire dans un véritable « Gagnant / Gagnant » avec une véritable RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises). Des entreprises de ,Rhône-Alpes avec un partenariat « politique » (Conseil Régional / Gouvernorat choisi) peuvent prospérer à l’intérieur de la TUNISIE. Elles le peuvent tout en ayant une politique sociale clairement affirmée dans les textes et dans les faits, et ce à partir d’un vrai dialogue UGTT / Organisations Syndicales de Rhône-Alpes / Elus du Gouvernorat et du Conseil Régional / patrons rhônalpins (et ce, faut-il le préciser sans politique de délocalisation !).
A court terme l’UGTT pointe l’impérieuse nécessité de sécuriser très rapidement « les gens et les capitaux ». Nécessité également de créer dans les plus brefs délais une allocation pour tous ceux qui n’ont rien. Les jeunes diplômés au chômage ayant quant à eux une indemnité mensuelle de 100 Dinars.
A moyen terme l’UGTT propose de mettre en place un plan de réformes structurelles en termes d’aménagement des territoires, et d’aides aux Sociétés s’y implantant. Concernant l’approche « Territoire » la Région Rhône-Alpes a de vraies compétences.
Sur le long terme l’UGTT veut voir valider une vraie transition démocratique. Jusqu’à présent aucune réelle garantie n’a été apportée. Comme dit précédemment, nos interlocuteurs n’excluent pas complètement une deuxième Révolution si…
A l’image de celles que nous avons rapidement parcourues (SIDI BOUZID, KASSERINE et DJENDOUBA), les Régions défavorisées n’ont pas vocation à le rester. Elles ont toutes à des degrés divers de réels potentiels, mais manquant particulièrement d’entreprises de transformation.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article857