Lors de la présentation du projet de loi de fusion des régions en 2014, la CGT avait dénoncé le manque de démocratie et le risque de développement des inégalités sociales, territoriales contenues dans ce texte.
Le pouvoir renforcé donné par la loi « Nouvelle Organisation Territoriale de la République » aux nouvelles régions en matière économique, d’emploi-formation, de transport et la place nouvelle des Métropoles… risquait aussi d’accentuer les inégalités déjà bien présentes entre territoires.
Les élections du nouvel exécutif régional du 1er janvier 2016 revêtaient alors un caractère particulier s’agissant de l’ambition politique pour le développement économique, social et environnemental pour la nouvelle région au service des auvergnats et des rhônalpins.
Les éléments du budget votés par la majorité du conseil régional, le 14 avril 2016 sont de nature à inquiéter fortement notre organisation syndicale. Ce budget marque une stratégie du coup par coup, au service exclusif des employeurs, sans vision globale et empreint de profonds reculs.
Démocratique, tout d’abord.
L’absence de transparence sur les budgets pose question. C’est la première fois, qu’un exécutif régional présente des documents sans le détail des financements des dispositifs et des politiques publiques. Comment alors comparer et évaluer l’action régionale avec ses 75 millions d’Euros en baisse ?
C’est un enjeu considérable quand on connaît le choix fait par l’exécutif de privilégier les aides directes aux employeurs. Décider de ne plus avoir de lieux de concertation, d’analyse et de diagnostic partagé avec les différents acteurs du monde économique, associatif et syndical, pour piloter les dispositifs régionaux, revient alors à une politique de guichet au risque de clientélisme.
Recul ensuite de l’égalité sociale et territoriale
Les dispositifs tels que les contrats territoriaux emploi formation, les contrats de développement durable Rhône Alpes ou Auvergne +, avaient l’objectif de porter au plus près des territoires et des citoyens les politiques publiques régionales.
L’annonce de leur arrêt revient à supprimer une forme de péréquation évitant d’avoir des bassins de vie oubliés et défavorisés avec des habitants considérés de seconde zone. Pourtant il y a une nécessité de promouvoir un aménagement du territoire permettant de développer une présence renforcée des services publics sur l’ensemble de cette grande région pour l’égalité de toutes et de tous.
L’annonce de la disparition de multiples aides régionales aux associations d’insertion, culturelles, sportives, sociales, fragilise des populations, des territoires. Des centaines de suppressions d’emploi se produisent ou sont envisagées. Au lieu de favoriser le vivre ensemble, ce choix politique va générer une aggravation des inégalités et une absence de moyens pour lutter contre le chômage des jeunes.
Une politique régionale ne peut se limiter à privilégier des intérêts particuliers et des plus fortunés au détriment de l’intérêt de tous les Auvergnats et Rhônalpins, comme ce fut le cas, par exemple, avec la subvention de 1,2 million d’euros au bénéfice de la société AUBERT et DUVAL. Les 50 000€ accordés à la seule organisation étudiante UNI pose en plus la question de la neutralité quand on connaît son engagement contre le mariage pour tous ou ses campagnes contre les organisations syndicales de salariés.
Les enjeux environnementaux sont traités de la même sorte. Ainsi, la lutte contre la pollution de l’air en Région va, pour l’instant, seulement se limiter à supprimer 3200 foyers de cheminée au bois chez les particuliers dans la vallée de l’Arve. Quant au tourisme, son développement n’est vu que par le biais de canons à neige, fortement consommateurs d’eau. Le conseil régional doit investir l’enjeu d’un tourisme vert et social.
Il en est de même au niveau de la formation professionnelle. Vouloir dimensionner l’appareil de formation pour répondre seulement aux demandes des employeurs ne prend pas en considération les aspirations des jeunes et des demandeurs d’emploi. Il faut construire une offre de formation équilibrée accessible à tous en réponse aux besoins des personnes, des territoires et secteurs d’activité.
Une stratégie politique, économique et sociale ne saurait se construire par la seule ambition d’être en dehors du cadre national, du cadre institutionnel classique.
Nous avons besoin d’une ambition du 21ème siècle pour tous les Auvergnats et Rhônalpins.
Notre Région a des richesses (humaines, économiques, démographique, territoriales, de réels savoir-faire) qu’il nous faut maintenir et développer pour mieux les répartir, pour en faire profiter le plus grand nombre.
Pour ce faire, la démocratie sociale et citoyenne doit devenir l’élément central pour le développement de la nouvelle région.
La CGT sera déterminée et favorisera en tous lieux l’expression des besoins des auvergnats et rhônalpins, les solidarités, le rassemblement et les mobilisations nécessaires pour un développement humain durable de nos territoires.
Lyon, Clermont-Ferrand, le 9 mai 2016
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1177