La Cgt, solidaire et la Fsu se sont exprimés sur la contribution du ceser sur les métaux rares,
Alors qu’elle a été construite , en quasi-totalité, avant la crise de la Covid 19, nous considérons que la note d’orientation « Métaux rares : pour une approche régionale disruptive face à un défi mondial » avait su s’inscrire dans un cadre de réflexion large pour « ouvrir le champ des possibles ».
Aussi, en pleine crise dite de la Covid 19, dés lors que l’on ne s’accroche pas à l’espoir que celle-ci ne serait qu’une crise sanitaire, qui plus est conjoncturelle, mais que nous nous partageons l’analyse portée par des nombreuses voix , telles que celle de de J.M. Harribey, voyant dans cette crise « l’imbrication inédite d’une crise sociale et d’une crise écologique ,dont la crise économique est la traduction quantitative de l’impasse capitaliste »(1), cette note trouve une pertinence renforcée notamment :
*parce qu’elle avait attiré l’attention sur les problématiques d’approvisionnement et de dépendance vis-à-vis de certains pays pour certaines ressources naturelles .Et que , désormais, cette problématique s’est élargie à celle de la dépendance aux « chaines de valeur internationales », construites, elles, sur des bases de dumping fiscal, social ,environnemental et démocratique.
*parce que, si elle s’est focalisée sur les réponses possibles à l’échelle régionale , elle n’en avait pas moins pointée le besoin de les inscrire « dans une réflexion géopolitique plus large et [de les articuler] à des réponses européennes et nationales ». La note souligne ainsi l’absence de compétences communautaires sur ce sujet et, au niveau français, « l’absence d’une véritable politique structurante d’anticipation ». En contrepoint, elle met en avant la stratégie construite de l’Etat chinois sur les matériaux autour d’ objectifs de maîtrise de la chaine de production et de montée en gamme (2). Ces questions de l’échelle pertinente pour l’action – de la taille critique pour utiliser un langage gestionnaire – et du besoin d’un Etat stratège ont aussi été reposées à l’occasion de cette crise. Mais, les réponses toujours recherchées :
principalement dans la défaillance de l’Etat sans en questionner l’origine – prés de 40 années de politique néolibérale , qui ont pris, dans le cadre de la France, la forme d’un projet conduisant « défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance »(3),
ainsi que dans la valorisation du concept flou de « proximité » qui permet de mettre en avant l’échelle « Région » et les projets de nouvelles baisses massives des impôts , cette fois sur les impôts d’exploitation, indiquent , que ce nouveau « choc avec le réel », après celui de la crise financière de 2008 , loin de sonner le « réveil du songe néolibéral ….[risque encore d’être] retourné en argument pour passer à la vitesse supérieure » , ainsi que l’analyse A. Supiot (4)
* parce qu’elle avait pointé la « nécessité de réfléchir à la recherche d’un découplage croissance économique et utilisation des ressources », la note annonçait son choix de privilégier des actions permettant une inflexion par rapport aux prélèvements croissants sur les stocks de ressources naturelles . Une orientation qui aurait mérité d’être enrichie par une réflexion sur la recherche d’un « re couplage » croissance économique et développement humain durable et inclusif.
Parce que nos organisations portent l’idée que « les ressources de la planète doivent être gérées comme des biens publics de l’humanité » (5), nous apprécions que les recommandations proposées , comme contribution régionale en réponse à ces enjeux , conduisent à structurer ces réponses autour d’une utilisation « raisonnée » de ces matériaux, en donnant la priorité :
à l’implication du potentiel en matière de Recherche et Développement pour promouvoir les procédés et les produits « économes » en ressources préparant les modèles économiques de demain
au développement du recyclage en prolongement du Plan Régional de Prévention et de Gestion des Déchets
au développement de solutions « low-tech » , peu consommatrice de métaux rares, à l’exemple des projets de « micro step » en réponse aux besoins de disposer de nouvelles sources d’énergie « pilotables ».
Et , si la question de l’exploration et de l’exploitation de nouvelles ressources n’est que brièvement évoquée , le choix de l’aborder au travers d’un débat citoyen , éclairé tant sur les coûts sociaux et environnementaux des conditions actuelles d’extraction (6) que sur les nouveaux procédés et les conditions d’une exploitation respectueuse de l’environnement et des salariés ,ne peut être que salué à un moment où la démocratie est mise en sommeil et alors que les nouveaux gisements d’ « argent magique » découverts permettraient de « reconstruire ensemble un futur écologique, féministe et social, en rupture avec les politiques menées jusque-là et le désordre libéral ». (7)
Nos organisations voteront favorablement ce texte
1/J.M. Harribey : « Capitalovirus » , blogs alternatives économiques , 16/03/2020
2/ C. Bortolini : « La guerre des terres rares aura-t-elle lieu »,Le monde Diplomatique, juillet 2020, page 20
3/ expression reprise dans l’entretien d’A. Supiot du 21/mars 2020. A. Supiot : « Seul le choc avec le réel peut nous sortir d’un long sommeil dogmatique » , disponible sur le blog alternatives économiques
4/ A.Supiot, op.cit., page 2
5/ déclaration du groupe CGT au CESE : La dépendance aux métaux stratégiques, quelles solutions pour l’économie, C.E.S.E. , janvier 2019
6/ A . Belkaîd : « La face honteuse du » métal bleu », Le Monde Diplomatique ,juillet 2020 ,page 21 . Ou pour une mise en perspective des termes du débat ,le chapitre « L’arc minier de l’Orénoque, les « écologistes » et les mafias « .M. Lemoine : Venezuela, chronique d’une déstabilisation, Le temps des cerises, juin 2019.
7/Comme nous y invite en conclusion la tribune unitaire « Pour que le jour d’après soit en rupture avec le désordre néolibéral »
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1564