Le rapport présenté par la section industrie donne une définition précise, élargie et de qualité sur ce qui peut et doit être développé pour une stratégie industrielle en faveur de l’éco industrie.
Pour notre organisation syndicale la souveraineté industrielle aux différentes échelles (territoriales, nationales, européennes) ; la transformation en profondeur de l’appareil productif ainsi que le développement équilibré des territoires sont essentiels pour répondre aux besoins économiques, sociaux, environnementaux.
- Les dispositifs de politique publique, les choix stratégiques des entreprises, les aides, exonérations et crédits d’impôts multiples favorisent ils les ambitions rappelées en première partie de notre rapport ?
- Ces aides diverses et conséquentes, ces dispositifs publics, ces choix stratégiques font il l’objet de débat large associant les différents acteurs comme préconisé dans cette contribution ?
- La démocratie sociale autre préconisation de cet avis est-elle respectée, valorisé lors des prises de décisions des pouvoirs publics et des entreprises ?
Lors des différentes auditions des responsables d’entreprises ou des dirigeants de divers organismes, il a été régulièrement indiqué par les intervenants que l’implication des salariés était essentielle, primordiale pour accompagner les changements dans les process de production, dans les modifications de l’organisation du travail. Force est de constater que ces affirmations n’ont pas fait l’objet d’expériences précises et concrètes sur les conditions, les dispositifs, les droits et moyens permettant une participation effective des salariés.
La CGT a dénoncé voici quelques semaines le vote sans débat préalable de la loi « industrie verte ». Le président de la république a d’ailleurs déclaré à propos de cette loi « nous avançons à marche forcée », sous-entendu le dialogue et la démocratie ce sera pour plus tard. Or nous avons besoin d’une planification écologique globale et concertée. La première ministre a annoncé un programme de planification écologique de 7 milliards d’euros quand le haut conseil pour le climat préconise à l’état d’investir au moins 25 milliards par an pour répondre aux enjeux. Cette recommandation du haut conseil pour le climat rejoint les propositions de la confédération européenne des syndicats qui depuis une dizaine d’années propose de consacrer 2 % du PIB européen pour l’investissement public. Nous sommes donc très loin dans les choix gouvernementaux de la réponse aux besoins et d’une grande ambition écologique.
Réussir une transition à grande échelle, conquérir une souveraineté industrielle nécessite des droits d’intervention des salariés sur les choix stratégiques, une évaluation et un contrôle des aides publiques, un effort majeur dans la formation initiale et continue, une diminution des pressions sur l’environnement et la bio- diversité.
Il nous a semblé important qu’il soit porté à connaissance de notre assemblée les résultats d’une enquête auprès des industries de l’automobile, enquête très récente puisque révélé par l’agence Reuters en date du 4 septembre 2023. Il est indiqué que le développement durable est relégué au second plan dans les décisions d’approvisionnement des entreprises de l’automobile. L’enquête précise, je cite « les industries se concentrent sur la réduction de l’exposition aux risques géopolitiques après des années de turbulence dans les chaines d’approvisionnement » (fin de citation). De la même façon il convient d’évoquer la forte divergence entre le patron de total et le climatologue Jean JOUZEL lors de l’assemblée de rentrée du Medef voici quelques jours, divergence portant sur les choix stratégiques cette multinationale et leurs conséquences sur l’environnement.
L’absence de démocratie sociale lors des choix stratégiques régionaux en matière économique sont dénoncés depuis de longues années par les organisations syndicales.
Nous nous félicitons donc que dans les préconisations de ce rapport, la proposition d’une conférence sur l’éco industrie apparaisse en bonne place. Force est de constater que depuis le forum industrie de novembre 2019 organisé en région par les organisations syndicales et patronales aucune initiative de l’exécutif régional n’a permis de donner suite aux diverses propositions adoptés lors de cette rencontre. Il est plus que temps de répondre à cette exigence syndicale.
Si le travail de la section industrie permet de connaître quelques initiatives intéressantes au sein de la région, permet d’identifier quelques grands enjeux il ne répond pas ou pas assez à 4 points pour nous essentiels :
- L’évaluation, le contrôle, la conditionnalité des aides afin que celles-ci soient véritablement orientées vers des choix sociaux, environnementaux positifs. L’exemple des industries de l’automobile, secteur particulièrement subventionné, renforce magistralement cette exigence.
- Les dispositifs publics au service de l’éco industrie doivent favoriser le développement équilibré des territoires. Or si l’on additionne les fonds de transitions justes de l’union européenne, les projets de France 2030, le plan d’urgence et industrie du futur de la région et les différentes mesures prises par les métropoles on s’aperçoit que les différents fonds atterrissent au même endroit renforçant les inégalités de territoire.
- Le travail de la commission, les auditions réalisées, la présentation des différents dispositifs et projets confirment une absence totale de politique de filière en territoire, une absence fortement préjudiciable pour favoriser la transformation de l’appareil productif et la transition écologique.
- » Le rapport pointe les difficultés spécifiques rencontrées par les starts up industrielle en matière de financement. Page 41 il est mentionné « la promesse de rentabilité moins forte que le numérique, les fonds nécessaires au processus d’industrialisation, le temps de développement de solutions imposent des moyens de financement beaucoup plus conséquents. » Le rapport porte un regard lucide sur les carences de « la finance de marché » tournée vers l’accumulation monétaire au détriment de la réponse aux besoins. Dommage d’en rester au simple constat sans propositions de solutions à la hauteur de cet enjeu. »
Le groupe CGT s’abstiendra.