La contribution qui nous est présentée est le fruit d’un travail collectif soutenu de la commission et de son bureau : les auditions ont été riches et porteuses de différentes approches du sujet traité, les contributions de chacun ont pu être entendues, confrontées, discutées et prises en compte dans la rédaction du texte final.
La contribution présente l’ensemble des dispositifs pouvant permettre aux acteurs économiques et sociaux de construire des projets européens bénéficiant des soutiens financiers existants, mais aussi de devenir acteurs de la réalisation d’un modèle social basé sur une « cohésion économique et sociale » comme indiqué lors de la réforme des fonds structurels en 1997 ou sur une « croissance intelligente, durable et inclusive » ainsi que la définit la stratégie Europe 2020.
Malheureusement, l’Europe que nous vivons aujourd’hui tourne nettement le dos à ces objectifs :
Si, au lendemain de la 2ème guerre mondiale, les fondateurs de l’Europe voyait en elle un moyen de stabiliser ses pays et d’installer la paix, c’est l’Europe des marchés qui a rapidement prévalu sur l’Europe politique.
Au fil des traités, s’est installée la primauté de la liberté économique et des capitaux au détriment des droits fondamentaux.
L’acte unique en 1986 consacrait cette logique et en 1997 le pacte de stabilité et de croissance verrouillait les politiques budgétaires nationales.
L’expression des peuples par référendum en France et aux Pays-Bas était ignorée et le traité de Lisbonne consacrait la règle de la concurrence libre et non faussée. Au nom de cette liberté, l’absence de régulation financière a permis la spéculation, la fraude fiscale et les paradis fiscaux. Si la libre circulation des capitaux est acquise, celle des personnes est de plus en plus restreinte, en témoignent les murs qui s’érigent aux frontières.
Au-delà des alternances politiques qu’ont connues les pays de l’Union Européenne, c’est dans la continuité depuis plusieurs années que s’est installée la logique actuelle qui impose l’austérité, le recul des droits sociaux, le dumping social, l’accroissement des inégalités. C’est sur ce terreau que se développent dans la plupart des pays européens les idéologies d’extrême-droite, le repli sur soi, le racisme et la xénophobie…
Le caractère technocratique et peu démocratique des institutions européennes exaacerbe les nationalismes et conduit parfois au rejet de l’idée européenne.
Le dialogue social a été considéré comme un élément fondamental du modèle social européen. Notre contribution indique bien qu’il est aujourd’hui en échec, il ne résiste pas aux injonctions antisociales, y compris dans les pays où régnait jusqu’alors un climat consensuel.
Il y a fort à craindre que les préconisations que nous portons peinent à être mises en œuvre, mais l’engagement du nouvel exécutif Rhône-Alpes-Auvergne doit être plus exigeant sur ce terrain et élargir le champ du dialogue régional aux coopérations et projets européens.
La stratégie 2020 contraint les politiques régionales à franchir une nouvelle étape dans leur ajustement à la politique européenne, de même que la décentralisation de la gestion de fonds structurels. Les régions doivent donc s’organiser en conséquence ce qui explique notre préconisation de renforcer la délégation Rhône-Alpes à Bruxelles.
La SRI-SI, issue de la stratégie 2020 sert aujourd’hui de cadre à l’ensemble des schémas régionaux, consacrant une logique de sélectivité et d’inégalité de développement. La CGT s’est exprimée sur ces choix et revendique une politique de développement économique et sociale irriguant l’ensemble des territoires.
Avec la CES, nous voulons pour l’Europe la construction d’un nouveau contrat social qui mette au centre de ses politiques l’intérêt des citoyens et la réduction des inégalités, qui se donne comme perspective une régulation et une réorientation de la mondialisation, objectif qui devrait être celui de la Banque Centrale Européenne.
Pour cela, le plan d’investissement pour une nouvelle Europe, une croissance durable et des emplois de qualité, -proposition que nous a présentée Bernadette Ségol- est une exigence qu’il faut porter avec celle d’une Europe plus démocratique et plus à l’écoute des citoyens.
Alors, l’exercice de prospective à 2025 qui conclue la contribution pourrait devenir réalité et le « vivre ensemble » pourrait se reconstruire.
Le groupe CGT votera cette contribution.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1080