Jean Jacques Queyranne, Président de la Région Rhône Alpes, a accueilli la rencontre sur Ambroise Croizat dans l’hôtel de Région et a ouvert les travaux.
Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui, au sein de l’Hôtel de Région, pour cette journée de réflexion autour d’Ambroise CROIZAT. Je tiens tout d’abord à en remercier les organisateurs, la CGT Rhône-Alpes, bien sûr, ainsi que l’ensemble de ses nombreux partenaires.
Nous avons emménagé dans ce nouvel Hôtel de Région il y a un an et demi environ. Je l’ai voulu ouvert aux échanges, à la vie citoyenne. J’ai souhaité qu’il puisse accueillir des rencontres comme la vôtre, être un espace de débat, de réflexion. Je vous invite également, si vous avez le temps, à visiter l’exposition actuellement visible sur « Le Plateau ». Elle est consacrée au grand photographe Raymond DEPARDON qui pose un regard très personnel sur la France, sur les territoires.
Avant de dire quelques mots sur Ambroise CROIZAT et sur la réflexion que vous vous apprêtez à mener aujourd’hui, je veux revenir sur les liens qui unissent notre collectivité régionale et les organisations syndicales, dont la CGT.
Vous le savez, je considère que la vigueur du dialogue social est une des grandes forces de notre Région. Je suis également convaincu que c’est par cette voie que nous saurons résoudre les difficultés économiques et sociales majeures que nous affrontons actuellement. C’est pour cela que dès 2004 j’ai souhaité que notre collectivité participe au financement du dialogue social en soutenant les organisations syndicales. Ce soutien a été contesté mais il a été maintenu.
Nous avons récemment encore donné la preuve de la force de ce dialogue avec les deux conférences sociales de janvier et d’octobre qui nous ont permis, avec l’Etat, de nous rassembler autour de quelques enjeux prioritaires et en particulier de celui de l’emploi des jeunes. La mobilisation aboutira d’ailleurs très bientôt sur la signature d’un engagement régional pour la formation et l’emploi des jeunes.
Quelques mots maintenant sur le sujet de votre colloque. Vous avez décidé de le consacrer à Ambroise CROIZAT, celui que l’on a pris coutume d’appeler le « Ministre des travailleurs ». En tant que Président de Région, je ne peux manquer de souligner qu’il était rhônalpin d’origine puisque né en Savoie, à Notre-Dame-de-Briançon, avant de venir très jeune à Lyon. Son parcours est un exemple de promotion sociale par le travail. Militant syndical, député puis Ministre du Travail, nous célébrions l’année dernière le 60ème anniversaire de sa mort, le 110ème anniversaire de sa naissance.
Mais nous célébrions aussi le 65ème anniversaire de la Sécurité Sociale. Cette dernière restera sans aucun doute l’oeuvre majeure à laquelle aura contribué Ambroise CROIZAT. Il a travaillé activement au programme social du CNR. Son nom reste attaché aux grandes lois relatives à sa mise en place, à l’organisation administrative des caisses et des élections aux conseils d’administration des caisses, et régimes des fonctionnaires. Il faut se souvenir de ses derniers mots à l’Assemblée nationale en 1950 : « Jamais nous ne tolérerons que soit rogné un seul des avantages de la Sécurité sociale. Nous défendrons à en mourir et avec la dernière énergie cette loi humaine et de progrès. »
Ces mots résonnent d’une manière particulière à l’heure où la Sécurité Sociale, pilier de notre modèle social, est confronté à un déficit très important. Le défi est double, réduire ce déficit sans pour autant remettre en cause notre système de protection. De nombreuses questions se posent aussi sur les conditions d’exercice de la médecine, sur les déserts médicaux…
Sans revenir dans le détail sur ce qui doit être fait et je sais que vous serez au cours de ce congrès force de propositions, je veux souligner que le projet de budget voté récemment prévoit, malgré les difficultés, des avancées sociales réelles : prise en charge à 100% de l’IVG, remboursement intégral de la contraception pour les mineures de 15 à 18 ans – je souligne que notre Région est à la pointe sur ce sujet avec le Pass Contraception -, accès au congé paternité pour les couples de même sexe ou amélioration de la protection sociale des exploitants agricoles…
L’oeuvre de Ambroise CROIZAT ne peut toutefois se résumer à la sécurité Sociale. Il faut aussi retenir les projets concernant les comités d’entreprise, le statut des délégués du personnel, les conventions collectives, la prévention et la réparation des accidents du travail, le régime des prestations familiales. Il a ainsi largement contribué à la construction de la « République sociale ».
Tout cela fonde un héritage majeur que nous avons la mission à la fois de protéger mais aussi de valoriser et d’adapter aux enjeux contemporains. Au-delà de ces avancées sociales majeures c’est aussi l’engagement politique d’un homme que je veux saluer aujourd’hui. Toute une vie consacrée au travail pour l’intérêt des classes ouvrières mais, au-delà, pour l’intérêt général. A l’heure où l’on constate dans notre société une montée de l’individualisme, c’est un exemple important.
Enfin, et cela renvoie au début de mon propos, je ne peux manquer de souligner la volonté d’avancer dans le dialogue et la concertation qui a marqué le parcours et l’oeuvre d’Ambroise CROIZAT. Là encore c’est un modèle qui doit toutes et tous nous guider.
En fin de journée, à quelques pas d’ici, entre la rue MONTROCHET et le quai ARLES-DUFOUR, une allée prendra le nom d’Ambroise CROIZAT. Je ne pourrai malheureusement être présent mais c’est à mes yeux une très belle initiative.
Je ne serai pas plus long et me contenterai de vous souhaiter une nouvelle fois la bienvenue dans l’Hôtel de Région. J’espère que les quelques mots que je vous ai adressés auront démontré toute l’importance que j’accorde à vos travaux. Je sais pouvoir compter sur vous pour qu’ils soient intenses et fructueux.
Je vous remercie.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article933