Intervention Cgt sur l’avis du Ceser sur le Plan Régional de Santé du Conseil Régional
L’Exécutif Régional présentera les 17 et 18 mars son Plan Régional de Santé – protection et proximité dans tous les territoires.
Nous ne pouvons que saluer l’élaboration d’un tel plan planifiant une politique régionale annoncée comme concertée alors qu’en 2020, en Auvergne – Rhône-Alpes, la distribution des masques aux habitants avait été accompagnée d’une débauche de communication, au service de l’Exécutif.
L’avis du CESER ne reprend aucun élément chiffré. Notre organisation déplore le niveau trop faible investissement, pour répondre aux besoins de santé, sans cesse croissants, de l’ensemble de la population régionale.
Sur un budget total d’investissement Régional de 1,38 milliards d’euros pour 2022, seuls 100 millions d’euros seront directement consacrés à la santé alors que 59 millions d’euros seront une nouvelle fois épargnés.
Pour autant, si nous reprenons les 5 axes prioritaires déclinés, nous rejoignons en partie les conclusions émises :
Le premier axe de travail concernant la lutte contre les déserts médicaux n’est pas nouveau. Dès 2016, la Région en avait fait un axe prioritaire à travers l’octroi de bourses aux étudiants en médecine et d’aides aux installations de médecins généralistes. Nous constatons donc que depuis longtemps la problématique du manque de médecins (généralistes comme spécialistes) était pointée sans pour autant que les pouvoirs publics n’aient pris la mesure des actions à mettre en œuvre pour y remédier. La région a pris une petite part dans cet effort mais cela ne palliera pas le manque cruel de professionnels dans ce secteur. Il faudra d’ailleurs rester vigilants quant aux glissements tâches de médecins vers d’autres professionnels (Infirmier(es) de Pratiques Avancées) qui malgré toutes leurs compétences ne pourront remplacer les médecins.
L’idée de permettre aux professionnels du maintien à domicile de pouvoir se loger dans des zones au marché immobilier tendu avec des aides au logement est en effet à promouvoir tant les besoins vont devenir immenses en termes de soutien et d’accompagnement à domicile et au regard des salaires trop bas de ces salariés.
L’axe 2, qui tend à renforcer l’aide à la création de maisons de santé et de centres de santé avec un salariat médical est à encourager. Mais toute aide doit pouvoir être coordonnée avec d’autres acteurs locaux impliqués dans les projets et soumise à des critères d’éligibilité identiques.
Concernant l’axe 3, tous les hôpitaux du territoire exercent des missions de « proximité » y compris les Centres Hospitaliers Universitaires qui, en raison du manque d’accès à des généralistes et / ou des spécialistes sur leurs territoires, restent une voie de recours pour la population notamment la plus défavorisée.
L’axe 4, concernant l’accès à la prévention ne doit pas se limiter à des aides à des associations d’usagers mais pourrait être renforcée par le financement d’actions au sein des lycées et collèges en direction de la jeunesse sur des thèmes de santé publique.
Enfin, concernant les politiques de formation et de réindustrialisation : il s’agit là d’un axe majeur inscrit directement dans les compétences régionales tant en matière de formation sanitaire et sociale qu’en matière d’industrialisation. L’effort régional pour augmenter les places de formation dans ces domaines doit être encore réaffirmé. La promotion de la relocalisation de productions en matière d’équipements de santé doit être un axe prioritaire afin de préserver les populations des pénuries dont nous avons eu à pâtir au début de la pandémie.
En effet, il convient de rappeler qu’en l’espace de quelques jours, en pleine crise sanitaire mondiale contre le Covid-19, la France, 6ème puissance économique mondiale (selon le FMI) et 2ème puissance économique européenne, a dû habiller ses soignants avec des sacs poubelle et bricoler des masques respiratoires avec des masques « Décathlon ».
Dans le même temps, pour l’oxygène médical conditionné et à la demande du syndicat patronal des gaz comprimés (AFGC), l’État a accordé des dérogations aux contrôles périodiques de sécurité et de conformité des bouteilles en circulation tout en faisant appel à du stock de bouteilles acier pour combler la pénurie de bouteilles en aluminium, tout cela au détriment des travailleurs et de la santé des patients.
A l’appui d’une lutte sociale exemplaire des ex. travailleurs de LUXFER, à Gerzat dans le Puy-de-Dôme et de leurs organisations syndicales CGT et CFDT, durant plus de 4 ans, nous nous félicitons de l’accord et l’engagement financier du Conseil Régional, de la Métropole de Clermont-Ferrand, de l’Etat et de l’industriel Euro-Plasma. Ainsi l’activité de production de bouteilles aluminium nécessaires au conditionnement de l’oxygène médical va pouvoir redémarrer en 2024. Que de temps perdu !
Notre région peut s’enorgueillir d’une filière industrielle de la santé importante et en plein essor avec près d’un tiers des sites industriels français implantés en AURA. Des projets prometteurs, au service de l’intérêt général et de l’emploi, émergent, à l’exemple du projet de création d’une plateforme de prototypage et d’industrialisation, porté par Thales et le Comité Stratégique de Filière sur l’industrie et les technologies de santé.
Par ailleurs, l’investissement numérique en matière de santé est important, il n’en demeure pas moins que le CESER se doit de rester attaché à l’accès à tous les citoyens à la santé et que la fracture numérique demeure un frein pour un bon nombre de nos concitoyens. Il est donc indispensable de maintenir des services de santé à échelle humaine, de participer au développement de services publics de qualité et accessibles sur tout le territoire.
Concernant la prévention, nous prenons acte « de la volonté régionale d’agir de façon décisive dans la lutte contre les papillomavirus humains » et de mobiliser et coordonner l’ensemble des acteurs. Il nous semble important aussi de ne pas tomber dans la dérive de penser que seul le citoyen est responsable de sa santé mais que la collectivité a un rôle essentiel pour le protéger à travers les actions environnementales et sociales qu’elle doit promouvoir.
En conclusion, si nous partageons la plupart des remarques émises dans cet avis sur le P.R.S., nous aurions souhaité que l’action régionale volontariste et incitative en matière de santé, affirmée dans le P.R.S., se traduise par des engagements et des actes plus ambitieux, à la hauteur du niveau des besoins de santé à satisfaire, tant sur le plan économique que sur le plan social.