Les leçons de la tragédie de l’utilisation de l’amiante dans l’industrie, ne semble toujours pas comprise par
une partie du patronat, face au nouveau scandale sanitaire que sont les composés perfluoroalkylés et
polyfluoroalkylés (PFAS), appelés plus couramment “polluants éternels”, utilisés depuis la fin des années
1940 dans l’industrie.
Ainsi, le communiqué du directeur général du groupe SEB, qui au nom de la défense de l’emploi, appelle à
manifester devant l’Assemblée nationale, le 3 avril, pour s’opposer à un projet de loi visant enfin à interdire
la fabrication, l’importation, l’exportation et la mise sur le marché de certains produits contenant des PFAS
et l’application du principe pollueur-payeur à l’effort de dépollution, se révèle de l’imposture.
Depuis des décennies, la stratégie est la même de la part des entreprises polluantes : le chantage à l’emploi
pour masquer et fuir leurs responsabilités en sacrifiant sur l’autel du productivisme et du profit la santé du
monde du travail et celles des populations.
Faute d’un travail préventif effectif, de recherche et de développement, de transformation de l’appareil
productif respectueux de l’humain et de la nature, de transitions des métiers et des compétences, le
dilemme est impossible à résoudre : si l’entreprise continue à polluer, elle tue physiquement. Si elle ferme,
elle tue socialement.
Alors, comment faire pour échapper à cette tragique impasse ?
L’urgence à agir plus que d’opposer devenir industriel et avenir de l’humanité. Car, l’ambition est bien de
réintégrer la politique du travail dans un avenir respectant la nature comme patrimoine de l’humanité
autant que comme ressource de vie et de production.
La CGT formule des propositions :
En premier lieu, il convient de repérer puis de supprimer les PFAS ou de les remplacer par des substances
moins dangereuses, en disposant de données toxicologiques solides, non nocives pour les personnes, la
nature et la biodiversité, afin de préserver la santé, l’environnement, les sites industriels et les emplois ;
• L’urgence d’un plan santé ayant pour objectif, la prévention des risques pour les personnes exposées
ou contaminées par une ou des PFAS, ainsi que les soins en découlant, prioritairement, pour les
salariés exposés, les riverains, les femmes enceintes et les enfants, dans la proximité des sites
industriels ;
• Associer les représentants du personnel et les organisations syndicales sur les lieux de travail, les
territoires aux investigations, dispositions et suivi des mesures prises ;
• Investir dans la recherche, avec la participation financière des entreprises concernées afin de planifier
la dépollution et la prévention des risques, en garantissant la traçabilité des données par les services
de l’Etat.
Il est grand temps de prendre appui sur les travaux des scientifiques, du Conseil économique et social, de
toutes celles et ceux qui placent l’avenir du l’humanité avant celui du profit, pour garantir la santé de toutes
et de tous, pour préserver et développer notre industrie, ses emplois, ses compétences, en l’adaptant à
l’urgence climatique.