Le rôle fondamental de la dynamique « industrie-services » avait été mis en relief par le Ceser comme un levier important de développement lors des états généraux de l’industrie. Ce travail sera suivi d’une autre contribution sur les services à la personne.
Le groupe CGT tient d’abord à insister sur son appréciation très positive de la méthode adoptée dans le cadre de ce travail de la commission 1 sur les services aux entreprises. Pour une fois, la présidente de la commission et les conseillers se sont donnés les moyens et ont réuni les conditions pour que le projet d’avis soumis aujourd’hui à notre vote soit le résultat d’une élaboration véritablement collective. Nous apprécions le fait que des conseillers aient pu être auditionnés dans le cadre de ce travail, et leur expertise ainsi reconnue. Nous saluons cet effort et la méthode utilisée pour ce travail collectif, et nous espérons qu’elle fera « tâche d’huile » pour d’autres projets d’avis, dans d’autres commissions, pour que l’élaboration collective puisse être caractéristique du travail de notre CESER.
Les services, nous l’avons vu, recouvrent une réalité extrêmement complexe, qui restent pour une partie largement invisible, car considérée comme improductive. La statistique nationale a du mal à appréhender cette réalité. Le travail approfondi et sérieux de diagnostic de la commission, dont le projet d’avis se fait écho, est à cet égard très utile et une étape à la compréhension et maîtrise collective des enjeux de la montée des services en RA, en lien avec le développement industriel.
Articulation services/industrie : vers de véritables filières
Sur les préconisations 1 à 3 : La CGT partage pleinement qu’il faut repenser et favoriser les proximités entre industrie et services. On peut même aller plus loin, et penser une réelle articulation dans un système intégré (en filières par exemple). En effet, l’articulation industrie / services est une condition incontournable pour que l’industrie opère les transformations nécessaires pour être en mesure de répondre aux exigences économiques, sociales et environnementales (c’est-à-dire pour être une industrie tournée vers les usages). Cette nécessité nous est d’ailleurs rappelée avec force par la crise actuelle.
Cette exigence de transformations de l’industrie, dans le sens d’une articulation renforcée industrie / services, et tournée vers les usages, ne pourra pas s’opérer sans une politique ambitieuse d’innovation. Notre groupe l’a rappelé à plusieurs occasions dans cette assemblée, nous nous inscrivons en opposition avec les tendances actuelles en termes d’innovation, à savoir des politiques d’innovation tendant à tenir lieu de politiques industrielles (comme si l’activité productive découlerait « naturellement » des innovations), et une concentration extrême des moyens humains et financiers sur une poignée de pôles « élus », considérés comme excellents, aux côtés d’un nombre croissant de territoires en passe d’être désertifiés (tant en termes d’industrie, de services publics, etc.). Le défi de la transformation industrielle capable de répondre aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux sera relevé que sur la base d’une politique d’innovation ambitieuse, intégrée à la logique des filières (les filières doivent intégrer plusieurs activités cohérentes entre elles, mais aussi les différentes phases aboutissant à la production, de la recherche au recyclage, en passant par l’innovation et la production).
Sur la préconisation 4 : « Accélérer le déploiement du très haut débit numérique ». Afin de permette l’équité entre les territoires, des mesures visant à déployer rapidement, partout et à des coûts abordables, les réseaux très haut débit sont non seulement susceptibles de dynamiser une croissance aujourd’hui fragilisée, mais contribueront aussi à donner à tous les territoires, denses et moins denses, les moyens de leur développement et à l’ensemble de leurs habitants.
Ce qui nous anime c’est l’accès à toute la population sur l’ensemble du territoire à tous les produits, services, contenus et moyens de communications, y compris les plus modernes à un prix abordable respectant la péréquation tarifaire avec une véritable qualité de service rendu.
La question du travail
Sur la préconisation 5 : « Adapter les processus de formation aux spécificités des métiers de services aux entreprises ». Si la CGT approuve pleinement la nécessité de consolider un état des lieux sérieux sur les emplois de services dans la région, elle regrette qu’au vu des enjeux posés en termes de qualité des emplois de services, la préconisation n’aille pas plus loin. Il ne s’agit pas seulement de penser l’adaptation et la valorisation des compétences, mais bien leur reconnaissance (en termes de formation, qualifications, classifications, garanties et protections collectives associées), la reconnaissance des formes de pénibilités tertiaires.
Pour conclure, le groupe CGT regrette que les enjeux de transformations du travail et de l’emploi qui accompagnent la montée des services, n’ait pas fait l’objet d’une préconisation en tant que telle. Plusieurs auditions ont en effet attiré l’attention que les emplois de services, tout hétérogènes qu’ils soient, ne sont globalement pas de même nature que les emplois industriels, et que des enjeux bien particuliers nous sont aujourd’hui posés avec force, notamment l’individualisation et la remise en cause de l’efficacité des garanties et protections collectives historiquement associées au contrat salarial ; la précarisation croissante des salariés des services, et notamment des femmes ; la très insuffisante reconnaissance des compétences de services (notamment des compétences dites « relationnelles ») dans le cadre de qualifications reconnues et transférables, etc.
Nous alertons le CESER sur les transformations structurelles de la relation salariale à l’œuvre, qui sont inquiétantes en termes de conditions de travail et d’emploi, de qualité du travail, et qui remettent en cause les capacités des entreprises à anticiper les mutations, et donc à maintenir un certain niveau de compétitivité.
Nous espérons vivement et formulons la demande que la place du travail, sa qualité, son contenu, sa reconnaissance, soit une partie davantage structurante du deuxième tome à venir sur les services aux particuliers.
En dépit de cette dernière réserve, qui devra être sans doute levée lors du prochain travail de la commission, et pour toutes les raisons évoquées, le groupe CGT votera pour le projet d’avis.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article941