L’Europe libérale ivre d’égoïsme et sans vision le démontre dangereusement chaque jour un peu plus
Pour quelques centaines de milliers de migrants, pauvres ères de guerres, pauvres orphelins de lendemains, (représentant 0,2% de la population européenne), l’Europe de Schengen à la xénophobie grandissante se barricade jour après jour un peu plus derrière d’illusoires murs et grillages qui ne seront jamais à la hauteur de ses fautes.
Schengen… 26 états membres et 4 états associés. Schengen… 417 millions d’Européens que l’on voudrait pays après pays enfermer dans une psychose d’envahissement sur laquelle se fracasserait toute contestation syndicale et sociétale. Des murs anxiogènes fictifs ou réels, de bêton ou de barbelés s’érigent ici et là. Et en France grâce à ce climat plombé, le Code du Travail écrit décennie après décennie avec des gouttelettes de sang et de sueur est aujourd’hui menacé de « Vallser » dans les flammes d’un autodafé Hollandais.
Partout en Europe les droits fondamentaux sont attaqués. Tout est lié, cyniquement lié, dans cette « Macron-économie » européenne au service exclusif des nantis : poings fermés contre les émigrés, bras ouverts pour les milliardaires. Le capitalisme avec ses élans les plus sordides rend fou, la jungle c’est lui !
Tout ce qui suit (et ce ne sont que quelques exemples) se passe aujourd’hui en Europe et je n’invente rien ! :
En France : A la suite des attentats de Paris, le gouvernement a instauré pendant un mois des contrôles à toutes ses frontières en raison de la tenue de la conférence de Paris sur le climat(COP21). Quelque 30 000 policiers sont mobilisés pour sécuriser l’entrée sur le territoire. L’état d’urgence est prolongé jusqu’à… ? C’est bien le seul CDI qui soit conforté ! Et il y a cette criminalisation de l’action syndicale : bouger une oreille militante, crier sa révolte CGT reviendrait presque aujourd’hui à porter atteinte à la sécurité de l’état !
Au Danemark : des contrôles aux frontières avec l’Allemagne sont établis. Cette mesure fait suite à l’annonce de la Suède de renforcer les contrôles à sa frontière avec Copenhague.
En Autriche : Réunion ces jours-ci des ministres de l’Intérieur des pays des Balkans qui se situent sur la route des migrants. Objectif : décider des solutions à apporter à une crise migratoire que ces pays estiment ne plus pouvoir juguler.
En Hongrie : des murs minables et interminables se construisent depuis maintenant des mois, et le gouvernement annonce le premier référendum européen clairement « anti-migrants ». « Voulez-vous que l’Union européenne décrète une relocalisation obligatoire de citoyens non-hongrois en Hongrie sans l’approbation du parlement hongrois ? » : voilà la question que compte poser Orban à ses concitoyens « Le gouvernement, aujourd’hui, ne fait que répondre au sentiment de la population : nous pensons qu’introduire des quotas d’installation de migrants sans l’aval du peuple est tout simplement un abus de pouvoir », justifie la Hongrie.
En Allemagne : le ministre de l’Intérieur allemand a annoncé le rétablissement des contrôles d’identité à sa frontière avec l’Autriche, sans exclure que la mesure soit étendue à d’autres secteurs géographiques. Un revirement brutal après deux petites semaines d’accueil à bras ouverts des migrants à Berlin.
En Belgique : Dernière frontière rétablie provisoirement cette année : celle entre la Belgique et la France, le mardi 23 février. Les autorités belges craignent l’arrivée potentielle de milliers de migrants s’ils sont obligés de quitter le Calaisis voisin.
En Belgique encore : Le maire de Knokke ne veut pas moins qu’un « Guantanamo pour réfugiés » ! C’est le sort qu’il veut réserver aux demandeurs d’asile qui pourraient arriver de France après le démantèlement de la « Jungle ». « Bon, les gens rentrent dans notre pays. Soit ils ont la permission de rester, ils sont en règle. Soit, ils sont illégaux. Alors, avec eux, qu’on fasse un camp comme à Guantanamo », a expliqué, ce mardi au journal « Sudpresse », Leopold Lippens, septuagénaire bourgmestre de cette ville bourgeoise emblème de la côte belge. Mais attention, ne lui faites pas dire ce qu’il n’a pas dit : un Guantanamo pour demandeurs d’asile, certes, mais « sans les torturer », précise-t-il, avec une hauteur de vue qui l’honore. L’édile ne précise pas s’il compte les habiller de la même blouse orange utilisée sur l’île tristement célèbre. Tout ce qui compte, c’est qu’on « les renvoie dans leur pays », a-t-il ajouté, et sans prendre trop de temps avec ces satanées procédures.
Mur entre la Turquie et la Grèce, mur entre la Turquie et la Bulgarie, clôture à la frontière macédonienne, navire de l’OTAN en mer d’Egée… Et cette liste n’est en rien exhaustive.
L’Union Européenne n’est plus aujourd’hui à la hauteur de la Convention de Genève conçue au sortir de la deuxième guerre mondiale. Ce ne sont évidemment pas les migrants qui menacent notre travail, mais bien une dérégulation des marchés impulsée par des gouvernants qui ne protègent aujourd’hui pas plus la paix, la solidarité que la vie.
Face à ce ruissellement glauque et liberticide, il y a la CGT, notre CGT qui conjugue depuis 120 ans solidarité et internationalisme. Et cela fait un bien fou de lire ou relire les documents préparatoires de notre 51ème congrès concernant notre place dans le syndicalisme européen et mondial.
Je ne citerai que deux phrases : « Tout pointe vers l’impératif de poursuivre et amplifier nos liens avec les autres organisations syndicales. Nous devons gagner en efficacité pour construire l’action et la solidarité internationale ». Bien sûr nous le faisons déjà, mais il y a nécessité, mieux il y a urgence aujourd’hui à explorer de nouvelles voies, à créer de nouveaux liens permettant de tisser les indispensables victoires communes.
Alors comme jamais construisons ensemble cette solidarité internationale géographique et professionnelle, seule véritable rempart contre les assauts incessants des ayatollahs du fric et de leurs serviles valets.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1155