Voilà deux mois que les Auvergnats et Rhônalpins sont, dans leur grande majorité, confinés chez eux. Mais beaucoup d’entre eux ont continué à travailler, certains pour répondre aux besoins essentiels et pour assurer la continuité du service public et d’autres dans des entreprises non essentielles, le plus souvent au risque de leur propre vie.
Deux mois durant où la liberté d’aller et venir était contrainte par une décision du gouvernement unilatérale et sans consultation des organisations syndicales. Cette mise à l’arrêt de l’activité sociale et économique, nous l’avons toutes et tous acceptée. Dans l’urgence et en raison du manque d’anticipation, elle était le seul moyen à même de protéger la santé de tous, compte-tenu des moyens disponibles. Chacun a ainsi pu mesurer les raisons de la lutte des professionnels de la santé et des salariés des services publics au service de l’intérêt général et de l’égalité des citoyens et des territoires.
Avec ce confinement, la progression de la pandémie a pu être ralentie, mais le virus continue de circuler. Alors pourquoi généraliser une reprise d’activité ce 11 mai ? Que ce soit sur le lieu de travail ou dans les transports pour s’y rendre, les moyens de protection réellement mis en place permettent-ils d’éradiquer tout danger de contamination ? Offrent-ils toutes les garanties pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des personnes ?
Alors que la date du 11 mai est actée depuis plus de deux semaines, la représentation de l’Etat en région, le Préfet a proposé aux « partenaires sociaux », en catastrophe, une charte au sujet des modalités de transport en commun en période de déconfinement. Cette proposition en dit long sur la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement, son manque d’anticipation et du peu de considération du monde du travail et de ses représentants.
La situation sanitaire, sociale et économique des Auvergnats – Rhônalpins mérite des mesures et des décisions d’un tout autre niveau.
En effet, il apparait de plus en plus clairement que ce déconfinement se fait au nom de la reprise de l’activité économique coûte que coûte avant même que les conditions de la protection, de la sécurité et de la santé des travailleurs et des usagers des transports en commun n’aient été pleinement réunies. Pire, il leur fait porter la responsabilité de leur mise en danger en tentant d’exonérer celles des employeurs.
Pourtant, la gestion de ce déconfinement est à haut risque puisqu’elle peut être créatrice d’une deuxième vague pandémique. On ne peut donc pas lui opposer d’arguments de restrictions économiques. Elle exige, plus que jamais et en priorité, que la prévention des risques et leur analyse soient mises en œuvre avant toute reprise du travail. Elle exige que la santé, la protection et la sécurité des salariés, des usagers soient organisées, planifiées. Pas seulement d’en haut, mais surtout au plus près de ceux qui font le travail, c’est-à-dire dans les lieux de démocratie sociale, en y associant les organisations syndicales de salariés dans l’entreprise comme dans le territoire. Une simple charte ne saurait se substituer à eux.
La CGT et ses organisations continueront à porter l’exigence, en tous lieux, de la protection et de la préservation de la santé et de la vie avant tout autre considération. Pour la santé de toutes et de tous, le travail doit être adapté aux travailleur-euse-s.
En cas de manquement aux obligations de mise en place des mesures de santé et de sécurité qui s’imposent, nous exigerons que soient établies les responsabilités des pouvoirs publics et du patronat en cas de contamination au travail comme lors des trajets en tant qu’usagers des transports, ouvrant droit à une reconnaissance au titre de l’accident du travail ou de la maladie professionnelle.
Le monde du travail et la population n’ont pas à payer les conséquences de cette crise et encore moins le manque d’anticipation et l’amateurisme du gouvernement !
Enfin, la bonne santé de notre économie dépend avant tout de la bonne santé des services publics et du monde du travail, d’une autre répartition de la richesse produite, du respect et de la préservation de l’environnement, de la lutte contre le changement climatique, afin que ces derniers puissent exercer un travail de qualité sans risques physiques, psychiques, sanitaires et écologiques supplémentaires.