La Cgt s’exprimée sur la contribution du Ceser concernant la communication en matière de qualité de l’air.
Le Ceser se prononce aujourd’hui sur la contribution de la commission 2 sur la qualité de l’air. Le travail de la commission a été intéressant et a permis d’intégrer les différentes positions et apports des conseillers.
Le coût caché de la pollution de l’air
L’exposé des connaissances sur l’origine et les conséquences de la pollution de l’air était nécessaire et permet une réelle appropriation des enjeux. A ce titre, le coût rappelé de cette pollution 101,3 milliards d’€ nous permet de relativiser celui de la mise en place du libre accès au transport public ainsi que des investissements nécessaires. Ce coût devrait être plus fortement mis en avant lors des discussions budgétaires, du moins pour les personnes qui considèrent que l’argent est plus important que la vie perdue de 48 000 personnes par an.
La pollution de l’air : un problème individuel ?
Le souhait maintes fois rappelé de concentrer notre contribution sur l’amélioration de la communication de prévention induit que nos préconisations s’adressent principalement aux particuliers, par exemple les automobilistes, les jeunes par le biais de totems dans les écoles ou les possesseurs de cheminée ouverte en essayant d’agir sur les comportements individuels. Si cette approche est utile, elle est néanmoins largement insuffisante face à ces enjeux et nous en étions tous conscients dans la commission.
L’origine des différentes pollutions se répartit de façon inégale et variable selon les polluants entre la production industrielle, la construction, l’agriculture, le transport routier qui agglomère à la fois les transports de marchandises, les déplacements professionnels, ceux liés à la vie quotidienne et aux loisirs, le résidentiel là aussi avec les habitations, les commerces et les locaux professionnels.
La possibilité pour une personne d’intervenir sur son comportement individuel est par nature restreinte à la vie privée. Pour prendre un exemple concret, quel impact auront les messages sur la qualité de l’air pour un salarié commercial qui passe ses journées dans sa voiture ?
Il manque donc un grand nombre d’acteurs pour qui les messages d’information ne sont peut-être pas l’outil le plus adapté pour les faire changer de comportement. Pour continuer d’être concrète, sur qui doit peser la contrainte en matière de pollution, sur celui qui utilise une voiture légalement mise en vente ou sur celui qui la fabrique ?
La nécessité d’une cohérence entre les messages et les actes
L’introduction des préconisations le mentionne d’ailleurs, pour la communication soit efficace, il faut une cohérence entre les politiques publiques et les messages ainsi qu’une exemplarité de tous les acteurs, cette exemplarité concerne bien évidemment également les entreprises.
A ce titre, les effets de dissonance cognitive entre les messages concernant la qualité de l’air et l’environnement publicitaire permanent qui nous entoure brouillent considérablement leur efficacité. La qualité, l’esthétique, la capacité à faire rêver et à s’appuyer sur des ressorts psychologiques et comportementaux humains de ces pubs, et bien sûr leur capacité de diffusion, sont largement supérieurs à toutes les campagnes d’information. Et comme nous avons pu le vérifier avec les entreprises de l’agro alimentaire, les appels à des procédés d’auto contrôle et de « bonne conduite » sont totalement illusoires, la cohérence des politiques publiques en matière de qualité de l’air pourrait aller jusqu’à une règlementation plus stricte de ces pubs, voire rêvons un peu, leur limitation.
Un besoin d’exemplarité
Pour continuer sur la dissonance cognitive, une des leçons de la psychologie comportementales est l’impact des pratiques socialement valorisées comme exemple à suivre. Voir une personne célèbre sauter d’un avion à une voiture rutilante, avant de plonger dans sa piscine chauffée et finir devant un feu de bois crépitant, en résumé d’associer la richesse à des comportements polluants a des effets entrainant sur la majorité. A contrario, on a pu récemment constaté les effets de « la honte de prendre l’avions » le flygslam en suédois dans le texte revendiqué par des personnalités médiatiques sur la fréquentation des vols et le report sur les trains en Suède. En conséquence, nous ne pouvons qu’inciter nos conseillers régionaux et en premier lieu, le président Wauquiez à utiliser davantage les ter, bus ou train et à abandonner les voitures de fonction.
La cohérence entre les propos et les actes est essentielle pour la crédibilité du message, l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen et la réaction des citoyens mettent en lumière la grave crise de crédibilité de la parole publique. L’explication un peu courte de l’impact des réseaux sociaux et des théories du complot ne peut cacher cette perte de confiance, due essentiellement à cette perception d’absence de cohérence.
Pour finir sur la pertinence des messages et leur possibilité de changer les comportements, il faut également avoir la capacité de les changer. Lorsqu’on communique sur les dangers pour soi et sa famille de la pollution de l’air et qu’aucune alternative n’est possible, on ne peut qu’arriver à un rejet global de cette communication qui n’est plus alors que culpabilisation pour les individus et incantation et source de bonne conscience pour celui qui l’émet.
Je finirai en rappelant que la France a été condamnée au mois d’octobre par la cour de justice de l’union européenne pour ne pas avoir protégé ses citoyens et pour avoir dépassé de « manière systématique » la valeur limite pour le dioxyde d’azote depuis 2010, notamment dans notre région pour les agglomérations de Lyon, Grenoble, Saint Etienne, Clermont Ferrand, Valence et la vallée de l’Arve. Les feuilles de route présentées par la France, et comportant de nombreuses mesures incitatives ou de communication ont été jugées comme insuffisantes.
Considérant que ses contributions lors de la rédaction de l’avis ont été prises en compte, la cgt votera l’avis.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1516