Cette première décision modificative 2021 qui ne sera sans doute pas la dernière, au regard du calendrier de la Région, permet donc de compléter le budget primitif 2021, en intégrant notamment les crédits correspondant à la première annuité des plans de relance nationaux et européens. Les habitants de la Région se retrouvent une fois de plus absents de la scène démocratique face à un plan de relance du vieux monde
Une décision modificative qui manque de transparence
Rappelons que le budget prévisionnel 2021, en hausse de 2,4 % était globalement un budget identique à celui de 2020. Cette délibération modificative est donc sans surprise dans les montants annoncés, à savoir une enveloppe supplémentaire de 300 millions largement constituée de ressources en provenance de l’Union Européenne et du Plan de relance national, intégrant la première annuité du CPER.
Au-delà de l’annonce de l’Exécutif, la compréhension du rapport est rendue très difficile en raison de l’absence de tableaux d’articulations entre les différents dispositifs de relance et un flou artistique entre les crédits valorisés et les crédits contractualisés. Nous sommes confrontés à un budget en mode « poupées russes » dont le manque de transparence est préjudiciable.
Nous avons bien compris qu’une partie des enveloppes non engagées en 2022 pourraient être perdues. Néanmoins, il est permis de s’interroger sur la précipitation de déclinaison des 3 axes annoncés : compétitivité, cohésion et écologie, engagées sans réelle évaluation préalable, si ce n’est un recensement d’opérations à mener au titre de compétences partagées et dans un objectif affiché de pouvoir capter des fonds supplémentaires au niveau de l’Etat auprès de France relance.
Force est de constater que la politique de guichet à coups de subventions menée par l’Exécutif régional en choisissant de diminuer les budgets de fonctionnement conduit à limiter les capacités d’analyse, de stratégies, d’ingénierie, de coordination et de contrôle de la Région.
Les investissements d’aujourd’hui constituent des choix essentiels dans la lutte contre le réchauffement climatique
Concernant les investissements annoncés, force est de rappeler que prendre des mesures concernant les infrastructures de transport, la formation, l’aménagement du territoire et les aides à l’économie constituent aussi des choix essentiels en matière d’enjeux climatiques et démocratiques. Or les citoyens, les travailleurs ont été largement impactés dans leur vie quotidienne par des restrictions à leur liberté d’expression et d’action. L’État, quant à lui, a été jugé responsable par le Tribunal administratif de Paris de manquements dans la lutte contre le réchauffement climatique et les 149 propositions de la Convention citoyenne ont été vidées à travers le projet de Loi Climat en cours d’examen de toutes les mesures qui auraient pu contribuer au financement de la transition écologique, tout en réduisant les injustices fiscales et sociales.
Ainsi, si nous pouvons saluer les efforts concernant le ferroviaire (même si nous n’avons aucun détail sur ce qui sera fait, ce qui est nouveau ou ce qui constituera un recyclage), nous n’oublions pas le choix catastrophique en matière environnementale de l’Exécutif concernant les travaux d’aménagement de la route nationale 88 en Haute Loire.
Un budget pour l’avenir ou un outil de communication pour un enjeu électoral ?
De même concernant la déclinaison régionale du dispositif « un jeune, un emploi », derrière l’objectif de diminution du taux de chômage ciblé sur les moins de 26 ans, ce plan n’est-il pas avant tout une vaste opération de communication pour le seul affichage d’une politique du nombre où les questions de sortie des dispositifs, de qualité de l’emploi, d’accompagnement social ne sont pas la priorité ?
L’ensemble de ces politiques publiques échappent au contrôle des citoyens et partenaires sociaux puisqu’ils ne pourront que les suivre dans le cadre d’un Comité Régional. Alors que le pilotage sera assuré en comité restreint par le Préfet de Région, le Président du Conseil Régional et le Directeur des finances publiques, cela pose au niveau de la gouvernance un déficit de démocratie et de coordination avec les acteurs et les territoires.
Comme nous l’avons déjà indiqué, ce budget 2021 est avant tout un budget de fin de mandat visant à mettre en avant l’action de son seul président.
Il est permis de penser que le « plan Montagne » annoncé à grand renfort de communication sera explicité fort à propos lors d’une nouvelle délibération modificative qui pourrait de manière opportune se situer au moment des prochaines élections. Nous pouvons néanmoins affirmer qu’il n’y a eu aucune concertation avec les représentants des salariés, et qu’il n’est pas certain que ce plan visant à développer une nouvelle économie réponde aux besoins d’une montagne pour tous dans le respect des enjeux écologiques et environnementaux.
Alors que le contexte pandémique nécessitait un plan de rupture permettant de rassembler les citoyens autour d’un projet innovant répondant à leurs besoins et ceux de la planète, les habitants de la Région se retrouvent une fois de plus absents de la scène démocratique face à un plan de relance du vieux monde.
L’avis du CESER prenant en compte une partie de nos réserves, nous le voterons.
__
Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1596