Intervention CGT – CFDT- FSU – CFTC – SOLIDAIRES – UNSA sur la contribution du Ceser sur le développement des activités physiques et sportives en milieu professionnel.
La commission « Jeunesse, sport, culture, éducation populaire et intergénérationnel » a souhaité travailler sur l’enjeu du sport et du travail.
Pour rappel, dans le cadre des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) 2024, une charte sociale a été mise en place. Elle a pour objectif de déterminer et de promouvoir 16 engagements sociaux visant à laisser un héritage social fort.
L’engagement n° 15 de la charte sociale est le suivant : « Promouvoir conjointement avec l’État, les collectivités territoriales, le mouvement sportif et les organisations syndicales de salariés et d’employeurs le développement du sport en entreprise, notamment à travers un partenariat avec les comités d’entreprise. »
La pratique d’activités physiques et sportives est porteuse de nombreuses vertus au niveau individuel et collectif : santé et prévention, bien être, brassage des différentes populations, socialisation… Ce rapport a également permis de rappeler l’ensemble de ces bienfaits. Il est cependant nécessaire d’être vigilant face aux logiques d’injonctions de l’employeur et de culpabilisation de ne pas être « sportif ».
L’enjeu est donc bien de rendre cette pratique accessible économiquement, culturellement et physiquement à toutes et tous. Le travail est l’espace essentiel au développement de chacun et chacune. Il permet de rendre compte de ses fonctions sociales d’individuation ; il contribue à déterminer la personnalité et l’identité sociales. Le travail inscrit l’individu dans un collectif porteur de valeurs, d’affects et de pratiques spécifiques.
Ce rapport a construit un état des lieux sur la pratique sportive dans et hors de l’entreprise dans notre région et a rappelé toutes les discriminations qui se jouent, sociales, de genre, territoriales et professionnelles. A titre d’exemple, en 2020, 47 % des ouvriers n’ont pas pratiqué une activité sportive au cours des douze derniers mois.
Au regard de ce constat, il est essentiel de mettre en place une véritable politique du sport pour toutes et tous, permettant tout type de pratiques, à un coût accessible, pour toutes les populations. Elle doit être encouragée et accompagnée.
Ce rapport s’interroge sur le développement de la pratique du sport en entreprise comme outil de lutte contre les inégalités sociales et territoriales d’accès au sport tout en tenant compte de la multiplicité des acteurs.
Il y a cohabitation de différentes structures tant pratiques que politiques : le mouvement associatif avec des salariés souvent précarisés ; le sport organisé dans les collectivités territoriales avec des éducateurs; le sport pratiqué, de plus en plus, dans des structures commerciales à but lucratif ; le sport professionnel, organisé autour de ligues professionnelles, s’appuyant sur le côté médiatique de la pratique, prenant le pas sur les fédérations sportives.
Les activités physiques et sportives auto-organisées en milieu professionnel ont une histoire ancienne depuis 1908. Puis en 1934, se crée la FSGT, de la fusion des organisations sportives du monde du travail, pour faire face à la montée du fascisme en France et préparer ses adhérents à un rôle de « citoyen au service d’une République laïque et démocratique », puis en 1945 à l’exemple des clubs d’entreprises, comme les ASPT. Ils ouvrent leurs portes à tous les publics favorisant ainsi la pratique sportive pour toutes et tous, dans un esprit solidaire et fraternel.
Mais nous avons assisté à un déclin important depuis plus de 40 ans notamment au regard de l’évolution des organisations au travail (filialisation, sous-traitance…). Cela s’est traduit par des difficultés toujours plus importantes pour d’accéder aux pratiques : aggravation des conditions de travail et horaires décalés avec ses conséquences sur la santé physique et psychique d’un nombre croissant de salariés ; restructurations permanentes des entreprises, licenciements ; baisse du pouvoir d’achat ; éloignement du domicile – lieu de travail ; télétravail ; diminution des dotations dues par les entreprises aux comités d’entreprise des différents établissements et donc abandon des équipements sportifs sur le principe de la subvention aux ayants droit et non plus aux pratiques. Plus récemment, la diminution des moyens humains et matériels alloués aux instances représentatives du personnel (CSE, CAS, CoS…) a porté un coup à la capacité d’agir des salariés en matière d’accès aux sports, mais aussi à la culture, à la santé et prévention. A ce sujet, la pratique des activités physiques et sportives ne compensera jamais la disparition des CHSCT.
Ce développement doit partir des besoins et motivations des salariés (plaisir, bien être physique et psychologique, aspects symboliques) et non devenir un instrument de management au service de l’intensification des rythmes de travail et de la seule performance économique, ni un pis-aller du mal-être au travail. De même il parait important d’être vigilant à ce que la pratique de l’activité physique et sportive au travail ne se traduise pas comme une injonction des employeurs envers leurs salariés en s’immisçant dans la surveillance de la santé de ces derniers.
Pour répondre à cet enjeu sociétal, le développement des activités physiques et sportives au sein des entreprises doit permettre de lever l’ensemble des freins en y affectant les ressources indispensables à leur développement et en mutualisant les équipements et professionnels. La mise en place d’inter-CSE doit être encouragée. Soulignons que cette pratique permet de gommer les inégalités femmes – hommes que l’on constate dans les pratiques sportives en générales. La question des vestiaires avec douches est essentielle et répond également aux enjeux de mobilité douce. Cette question de la mutualisation et de l’intensité d’usage offre également des perspectives face aux enjeux environnementaux et économiques.
Les préconisations principales de ce rapport répondent à un enjeu de démocratie et à une approche en termes de droits (dignité, éducation, santé…) : faire du sur mesure en termes de territoires (un centre-ville, une zone rurale, une zone d’activité, un bassin de vie) ; réunir l’ensemble des parties-prenantes (employeurs, salariés, état et collectivité territoriales, mouvement sportif) ; établir une démarche projet (diagnostic, plan d’action – évaluation). L’espace de dialogue social et territorialisé, préconisé, est également pour nous un modèle pour d’autres sujets (emploi, formation, transport…).
En conclusion, nous saluons l’ensemble de la commission, sa présidente et l’administration pour ce travail qui porte des ambitions que nous voterons.