Priver 142 structures de 4 millions d’euros en pleine saison, 6 mois après le début de l’année et de l’exercice comptable, avec brutalité et sans concertation avec les professionnels est insoutenable.
Le monde de la culture l’a fait savoir en se rassemblant nombreux le 7 juin devant l’hôtel de région. L’exécutif régional n’a pas daigné accepter de rencontrer la délégation formée dans l’objectif d’ouvrir le dialogue.
Le 28 mars dernier, rien, dans le discours de la Région, ne laissait entendre que des décisions d’une telle ampleur seraient prises et annoncées trois semaines plus tard par voie de presse. Aussi, nous soutenons les professionnels dans leur demande à la Région, de bien vouloir acter, lors de la prochaine assemblée régionale plénière du 30 juin, une suspension de l’ensemble de ces mesures, le temps qu’une médiation se mette en place.
Il est urgent de reprendre le cours normal de la co-construction, qui ne peut se dérouler sereinement dans un tel contexte. Les choses doivent se faire dans le bon ordre, en bonne et due forme, dans le respect des cadres conventionnels de l’exercice des métiers de l’art, du spectacle et de la culture, et dans le formalisme des conventions d’objectifs et de moyens.
Faire les choses dans l’ordre, c’est-à-dire, en premier lieu, entendre la Région exposer son nouveau projet en matière de soutien à la création et de service public de la culture. En second lieu, engager une concertation avec l’État et les collectivités, afin d’intégrer ces nouvelles orientations de la Région et pour faire en sorte que ces évolutions soient applicables de manière réaliste à horizon 2023.
La crise ne rend pas la culture moins nécessaire, elle la rend au contraire plus indispensable.
La culture n’est pas un luxe, dont en période de disette il faudrait se débarrasser, la culture c’est l’avenir, le redressement, l’instrument de l’émancipation. C’est aussi le meilleur antidote à tous les racismes, antisémitismes, communautarismes et autres pensées régressives sur l’homme.
Mais la politique actuelle est marquée par l’idée de « donner au capital humain un traitement économique ». Il y a une exacerbation d’une allégeance dévorante à l’argent. Elle chiffre obsessionnellement, compte autoritairement, alors que les artistes et écrivains déchiffrent et content. Ne tolérons plus que l’esprit des affaires l’emporte sur les affaires de l’esprit.
La politique culturelle ne peut marcher à la dérive des vents budgétaires comme la politique sociale et écologique, d’ailleurs avec qui elles sont en très fin circonvoisinage.
« L’inaccompli bourdonne d’essentiel » disait René Char.
Parce que nous sommes fidèlement attachés à la politique culturelle française, que nous entendons voir se développer selon le principe d’invention de la perpétuelle ouverture dans notre région, la CGT exprime son soutien plein et entier aux travailleurs, étudiants et employeurs du monde de la culture.
Soutien au monde de la Culture qui a déjà beaucoup souffert de ces dernières années et qui mérite qu’on prenne en compte l’ampleur de la reconstruction du secteur plutôt que de le détruire brutalement ! Notre région fait décidément bien les choses et ne tolère pas tout ce qui pourrait s’apparenter à des espaces culturels libertaires et émancipateurs !