Le groupe CGT du CESER RHÔNE ALPES a particulièrement contribué à l’élaboration de cette auto saisine. Il a été force d’analyse et de propositions.
Toute la première partie de cette contribution est consacrée aux éclairages sur le fait métropolitain et fait régional, avec cheminement historique et analyse des situations en Rhône Alpes.
Un bon travail de recherche et d’analyse a été réalisé. Cette partie pédagogique est remarquable et mérite d’être popularisée, comme référence sur ces sujets complexes et méconnus par les citoyens ….
En ce qui concerne la deuxième partie, le CESER Rhône Alpes avance une multitude de propositions innovantes qui devraient permettre, si elles étaient correctement mises en œuvre de conjuguer harmonieusement fait régional et fait métropolitain.
Le groupe CGT tient à réaffirmer quelques idées fortes pour cela.
C’est la première fois dans l’histoire de notre république que des changements institutionnels aussi essentiels et perturbateurs pour les populations, auront été faits dans une telle opacité, sans consultation des citoyens….
Pour la CGT, ces reformes territoriales qui auront des conséquences énormes sur la vie quotidienne de chacun, auraient dû être précédées par une large consultation publique, associant, les populations, les organisations syndicales de salariés et les principaux acteurs de la société civile….
Car, pour la CGT, nous assistons à une réforme d’envergure de l’État et de ses services, donc des services publics : un État minimum, au service essentiellement du capital, concentré sur quelques missions
Il y a donc, refonte complète des services de l’État, tant au niveau central, qu’en territoires…
C’est sous la pression de l’idéologie néolibérale à partir de 1995, qu’est née la notion d’État modeste recentré sur ses compétences régaliennes en s’appuyant – avec le beau succès que l’on sait !-sur le modèle managérial de l’entreprise (nouveau management public pour rationaliser ses interventions, financer ses moyens au travers des Partenariats Publics Privés (PPP) et transposer en France diverses expériences étrangères à travers la politique du benchmarking)…
En fait, avec l’acte unique européen et les politiques néolibérales et conservatrices qui s’en suivirent, l’Etat national a peu à peu abandonné ses pouvoirs stratégiques au profit des multinationales !
Pour camoufler ces renoncements est alors apparue la notion d’ « État stratège « »et les formules du genre : « l’état n’est pas la solution, mais le problème !…. »
En perdant ses capacités d’opérateurs de service public, c’est toute la question de ses missions au-delà des activités dites régaliennes, qui se sont peu à peu étiolées.
Toutes ces reformes se situent dans une même logique : concentrer sur quelques territoires, quelques domaines d’activités, les moyens et les politiques publiques au nom de la sacro-sainte compétitivité en abandonnant définitivement un principe républicain fondamental : « l’aménagement équilibré du territoire et l’égalité des chances pour tous les citoyens » .
En vertu du concept « projets d’excellence sur territoires eux aussi d’excellence… », ces reformes entraînent inévitablement, si l’on n’y prend garde, une désertification conséquente de très nombreux territoires en Rhône Alpes et en Auvergne, comme dans toutes les nouvelles régions du pays…Et ceci à l’opposé des valeurs que nous portons : égalité, démocratie, équité.
Dans la future région Auvergne Rhône-Alpes, il y a un risque de modification des équilibres territoriaux qui risquent, à terme de creuser encore l’écart entre les territoires en difficultés ou éloignés des grands centres décideurs et des zones dynamiques..
Pour sortir de la crise, les territoires ont besoin de davantage de coopération, d’un développement équilibré, harmonieux et cohérent, liant « industrie-services-services publics » ….Au lieu d’une concurrence entre quelques fragiles territoires d’ »excellence », poussant les autres dans la désertification !…..
La mission de l’État Stratège devrait favoriser le développement économique, social, et, soucieux de la transition écologique, développer la solidarité, la régulation, l’éducation et la formation tout au long de la vie, mais aussi les nouvelles stratégies de la révolution numérique, et la sécurité.
Il lui revient, sur sa partie des fonds européens, les contrats de plan, les nouveaux Schémas Régionaux d’Aménagement et de Développement Durable du Territoire.., de favoriser un nouveau développement territorial, assurant le bien vivre ensemble et plus fondamentalement d’accompagner harmonieusement le changement.
Pour ce faire, une réforme fiscale est indispensable pour que l’impôt joue pleinement son rôle de redistribution.
Notre groupe CGT partage l’idée qu’une bonne gouvernance territoriale est source de sécurité, de stabilité, de compétitivité, d’attractivité et d’opportunités de coopérations et de partenariats entre collectivités.
Renforcer notre compétitivité et notre attractivité dans la nouvelle région Auvergne Rhône Alpes est un objectif, mais ces deux notions sont consubstantielles, elles vont de pair : un territoire ne peut être compétitif que s’il est attractif !
La compétitivité doit être définie ici, comme la capacité d’un territoire à améliorer durablement le niveau de vie de ses habitants et leur procurer un haut niveau d’emploi et de cohésion sociale : Un enjeu majeur pour notre nouvelle région et ses métropoles !
La CGT ne se résigne pas à la situation actuelle.
Elle agit dans l’intérêt des salaries et populations.
Elle propose :
Arrêt des politiques d’austérité : une nécessaire revalorisation des rémunérations, l’amélioration des conditions de travail, et l’octroi de moyens budgétaires nécessaires au financement de l’action publique, au développement de l’emploi privé et public.
Des services publics de proximité permettant d’assurer, partout, toutes les missions régaliennes et républicaines de l’état : égalité des citoyens en fonction du lieu d’habitation et de travail, ce qui suppose solidarité et péréquation.
Des droits nouveaux pour les salariés, leurs organisations syndicales au sein des entreprises, des droits nouveaux, pour les citoyens dans la cité : les salariés et citoyens doivent être consultés et associés aux réformes.
Il est inadmissible et révoltant que dans l’entreprise, la cité, la vie de tous les jours ,les décisions stratégiques échappent à toute démocratie ! Il y a un réel déficit démocratique,…
Un exemple, la création de la Métropole de Lyon décidée, en catimini, par accord entre Gérard Collomb et Michel Mercier !
Et que dire des nouvelles créations des intercommunalités actuellement !…
Changer en profondeur cette situation constitue un enjeu majeur pour transformer en profondeur les choix économiques et sociaux…
Pour en terminer, je tiens à citer Laurent Davezies, abondamment cité, en bien, dans notre avis à partir de son étude en Seine St Denis, sur le vote dans des communes où il y a peu de présence de populations immigrées, il conclut, dans un article du Monde du 11 Décembre :
« C’est le désastre économique et les inégalités territoriales qui expliquent le plus la montée du Front National, cela veut dire qu’un changement politique pourrait vraiment modifier la donne. »
A méditer et tirer enseignement dans la période actuelle troublée que nous vivons….
Le groupe CGT votera cette contribution.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1082