Intervention de JP Berthet, représentant la Direccte à l’initiative Ambroise Croizat
Je tiens tout d’abord à vous remercier d’avoir associer la Direccte à cette manifestation, qui met en lumière l’œuvre d’Ambroise Croizat.
Je souhaite tout d’abord excuser Michel Delarbre, qui accueille ce matin même, le Directeur Général du Travail, Monsieur Combrexelle, venu promouvoir le scrutin lié à la représentation dans les TPE. J’en profite d’ailleurs pour remercier la CGT, organisatrice principale de cette matinée pour son implication dans la promotion de ces élections qui touchent des salariés souvent très éloignés de l’action syndicale.
Je souhaite aussi saluer d’abord la famille d’Ambroise Croizat, sa fille et son petit fils, comme aussi les militants de la CGT présents, nombreux dans cette salle, avec qui, je le sais, les unités territoriales et notamment l’inspection du travail, sont en relations fréquentes.
Deux constats me semblent devoir être soulignés fortement :
Oui, il faut remettre à l’honneur l’histoire sociale, comme l’ont indiqué différents intervenants. Si de nombreux ouvrages sont publiés sur l’histoire économique ou politique, la littérature consacrée au social est bien moindre.
Certes le Ministère du travail, en créant il y a quelques années, le comité d’histoire, coorganisateur de cette manifestation, a voulu revivifier l’histoire de l’administration du travail : différentes publications en témoignent. Bravo aussi à l’Institut Régional d’Histoire Sociale qui a monté la documentation que nous avons reçu aujourd’hui et qui œuvre pour participer à la connaissance des hommes et des idées qui ont marqué les mouvements sociaux.
Oui il est important de revisiter l’histoire car c’est celle d’hommes et de femmes autant que des phénomènes sociaux qui expliquent le passé autant qu’ils peuvent même nous aider à distinguer certaines pistes d’avenir. Le parcours d’Ambroise Croizat en est une illustration frappante.
Oui, Ambroise Croizat s’inscrit dans une suite politique de 81 ministres, presque tous des hommes d’ailleurs à l’exception à ma connaissance de Mme Aubry et de Mme Guigou. Ces personnalités ont eu des parcours divers, certains ont plus particulièrement marqué de leur nom une époque : René Viviani le précurseur, Albert Thomas qui a traversé la première guerre mondiale, Alexandre Parodie, puis Ambroise Croizat avant plus récemment Jean Auroux dont nous fêtons le 30e anniversaire de ces 4 lois qui portent son nom. C’est probablement effectivement assez injuste que l’on parle des lois Auroux et jamais des lois Croizat ! Le nom donné à une allée à côté de cet immeuble, les colloques comme celui d’aujourd’hui, son nom affecté à différents bâtiments publics, autant néanmoins de signes qui rappellent néanmoins la trace qu’il a laissé dans l’histoire contemporaine.
Par ailleurs, je souhaitais vous faire part de quelques réflexions supplémentaires que m’inspirent les propos des différents intervenants qui m’ont précédé.
je remarque d’abord le rôle et la place indispensable des Comités d’Entreprise qui doivent beaucoup à Ambroise Croizat, . N’oublions pas que si la part consacrée aux œuvres sociales peut paraître aujourd’hui un peu secondaire, elle a permis à de nombreuses familles, il y a soixante ans de pouvoir bénéficier de la prise effective de congés. Cette instance est toujours un élément clé du dialogue social en entreprise et je sais combien l’Inspection du Travail apporte une grande vigilance à son bon fonctionnement.
Ambroise Croizat a œuvré au Ministère du Travail à la sortie d’un conflit militaire dont chacun connaît l’importance. Aujourd’hui, nous serions malheureusement plus dans une période de guerre économique qui compte aussi beaucoup de blessés et de disparitions. L’œuvre d’Ambroise Croizat nous rappelle que nous nous devons d’avoir l’imagination et le courage de pérenniser un salut social à la hauteur comme l’a dit l’un des intervenants, de la grandeur de l’homme.
Je n’oublie pas non plus qu’on doit aussi à Ambroise Croizat d’avoir consacré beaucoup d’attention à deux questions toujours d’actualités : la médecine du travail et la formation professionnelle. Même si ces sujets n’ont pas eu le temps d’être beaucoup mentionnés dans les propos tenus ce matin, lls n’en gardent pas moins une grande actualité comme en témoigne d’ailleurs la réforme de la médecine du travail qu’avec de nombreux partenaires, la Direccte, se doit d’impulser.
Mes propos n’appellent aucune conclusion car l’histoire continue de s’écrire. Lorsque les difficultés surviennent, il me semble toujours intéressant de se rappeler les propos d’une femme contemporaine dans la résistance d’Ambroise Croizat, Lucie Aubrac, qui jusqu’au dernier jour de sa longue vie a affirmé :
« Le mot résister doit toujours se conjuguer au présent »
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article939