Hommage de Louis Lévêque Maire-Adjoint représentant Gérard Collomb ,Sénateur-Maire de Lyon
Tout d’abord je souhaiterais excuser M. Gérard Collomb, Maire de Lyon et M. Jean-Louis Touraine 1er adjoint qui n’ont malheureusement pu se libérer pour se joindre à nous et participer à cette inauguration en raison de leur responsabilité de parlementaires.
J-L Touraine en particulier qui a contribué activement à la dénomination de cette voie que nous inaugurons aujourd’hui
C’est pour moi un très grand honneur d’inaugurer cette allée Ambroise Croizat qui marque ainsi la reconnaissance de la Ville de Lyon pour l’œuvre sociale, le militantisme et les qualités humaines d’un homme qui a su se mettre, tout au long de sa vie, au service de ses contemporains et du monde du travail..
Tout au long de cette journée, vous avez évoqué les différentes actions qu’Ambroise Croizat a développées, et naturellement toute l’énergie qu’il à su mobiliser pour mettre en place le projet de Sécurité Sociale défini par le Conseil National de la Résistance. Nommé Ministre du Travail en novembre 1945 par le général de Gaulle et maintenu à ce poste quasiment sans discontinuité jusqu’en 1947, date de départ des ministres communistes du gouvernement.
Il est sans doute celui qui, au plan politique, eut à mener les plus dures batailles pour faire adopter ces lois et dans le même temps, à convaincre les travailleurs que la Sécurité Sociale devenait l’affaire de tous. Je ne reviendrais pas sur l’ensemble de ces actions qui ont été largement développées ce matin. Je m’attarderais plus particulièrement sur les attaches qui relient Ambroise Croizat à la Ville de Lyon. Attaches lyonnaises qui ont fondées ses premières armes syndicales.
En effet, son père Antoine Croizat, licencié pour avoir créer un syndicat, quitte la Savoie pour venir s’installer à Lyon en 1908 où il s’installe avec sa femme Louise à Vaise.
Déclaration de la guerre de 14 : Antoine Croizat et son fils ainé sont mobilisés et Ambroise doit quitter l’école pour travailler et subvenir aux besoins de sa famille, il a 13 ans et entre comme apprenti ajusteur dans une tréfilerie. Très vite sensibilisé aux conditions de travail, il fait ses premières grèves et adhère à la CGT. en 1917 et à la SFIO en 1918. Il est alors délégué de la jeunesse socialiste lyonnaise qui, comme vous le savez, rejoindra le courant qui au congrès de Tours fondera le parti communiste en décembre 1920.
Militant actif, il est chassé de sa tréfilerie, obligé de se cacher, dans l’impossibilité de retrouver un travail stable car repéré par les patrons lyonnais, il vivra de petits boulots.
En 1923, la solidarité de ses camarades permettra son embauche à la robinetterie Seguin à proximité du fort Montluc. Il devient également responsable de la propagande des Jeunesses communistes de la région Lyonnaise. En 1924, il est délégué au congrès national du parti communiste qui se déroule à Lyon.
Puis il sera appelé à assumer des responsabilités au sein de la Confédération générale du Travail Unitaire puis a la CGT réunifiée en 1936, comme secrétaire général de la fédération de la métallurgie. En 1936 comme en 1944 il siègera comme député communiste à l’Assemblée Nationale.
Si j’ai souhaité rappeler ces premiers pas dans le monde syndical, c’est naturellement pour rappeler les liens qui unissent la ville de Lyon avec Ambroise Croizat, mais aussi pour faire acte de mémoire sur les grandes difficultés que nos camarades de l’époque pouvaient rencontrer quand ils alliaient travail et militantisme.
Cela nous invite à réfléchir sur les combats d’une génération d’hommes et de femmes, constructeurs du Front populaire, héros de la Résistance, artisans des grandes conquêtes sociales à la Libération, défricheurs audacieux d’un monde plus juste dont nous sommes encore les héritiers aujourd’hui
N’oublions pas ; sous l’impulsion du ministre Croizat ; les conquêtes que furent les congés maternité, la Sécurité Sociale, les allocations familiales, les comités d’entreprise, l’extension de la retraite de vieux travailleurs, la création de la formation professionnelle des adultes, la FPA, ou encore l’organisation de la médecine du travail… entre autres….
Autant de conquêtes qui fondent notre démocratie sociale d’aujourd’hui et doivent soutenir nos actions actuelles pour de nouvelles avancées démocratiques, sociales, de nouveaux droits, mais aussi qui justifient notre devoir de vigilance, et nos actions pour faire face à la crise actuelle.
Je peux dire que je suis, que nous sommes, fiers d’être liés à Ambroise Croizat.
Fiers de poursuivre son œuvre car nous croyons, comme lui, que chaque avancée sociale n’est pas vaine. Mais bien source de progrès, pour plus de justice, plus de liberté, plus de démocratie. Lui rendre hommage, c’est à mon sens, poursuivre son œuvre, ses combats, son idéal qui est le nôtre.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article938