En Région Rhône-Alpes, les luttes pour l’emploi et le pouvoir d’achat se multiplient. Derrière chaque conflit, se cache un banquier, un groupe puissant ou un lointain actionnaire et des méthodes qui ne génèrent rien d’autre de la colère.
Article publié dans la Nouvelle Vie Ouvrière du 04 Octobre 2011
Longtemps, les accès de la zone industrielle de la petite ville ardéchoise de Davézieux ont été jonchés d’enveloppes blanches. En colère depuis le mois de juin, les salariés de l’entreprise GPV qui produit ces enveloppes, ont décidé d’occuper l’usine début septembre, pour éviter le déménagement des machines et obtenir de véritable négociation. En redressement judiciaire depuis la fin mai, GPV a fait l’affaire du repreneur allemand Mayer-Kuvert-network qui a choisi la fermeture du site de Davézieux alors que les activités des sites de Roanne et de Mably dans le département voisin de la Loire et Saint-Amarin dans le Haut-Rhin qui ont bénéficié d’investissements, devraient être maintenues.
Lutte pour l’emploi
Face aux 225 licenciements annoncés à Davézieux, les salariés soutenus par le CGT et la CFDT ont proposé, avec l’aide du cabinet Sécafi, un plan alternatif pour favoriser le maintien d’une activité et d’un maximum d’emplois.
Sur le bassin d’Annonay, la ville voisine, plus de 5000 emplois ont disparus dans les dix dernières années. Pour les salariés de GPV, il n’était pas question de laisser filer l’emploi sans réagir. Face à cela, au lieu d’une entrevue avec l’actionnaire principal qui aurait permis de trouver des solutions dans un climat serein, le Crédit mutuel, qui se réfugiait derrière la Holding RBDA véritable propriétaire, a préféré l’affrontement et le risque de l’escalade dans la colère. Pour une banque qui revendique son caractère mutualiste et qui a généré un résultat de 2,4 milliards en 2010, c’est un bel exemple… Salariés, unions départementale et locale CGT n’ont pas manqué de fustiger cette contradiction. Le Crédit Mutuel, banque du milieu associatif. Banque des organisations syndicales, se comporte ainsi comme le pire des établissements capitalistes. Déjà par le passé l’attitude et la politique de ses dirigeants a été remarqué, c’est le moins que l’on puisse dire, dans sa gestion sociale au sein de la presse quotidienne régionale, en supprimant des emplois et en dénonçant la plupart des accords collectifs.
Chez GPV, malgré cela et après plusieurs semaines de lutte et d’occupation, les salariés ont enfin obtenu le 10 octobre dernier, la compensation financière du projet de liquidation de leur usine. Le Crédit Mutuel désormais ex-actionnaire principal devra débourser 1,8 millions d’euros. « C’est exceptionnel ce que nous avons obtenu. Qu’un ancien actionnaire majoritaire se retrouve obligé de mettre la main à la poche est un fait rare. Si le Crédit Mutuel lâche cette somme, c’est qu’il en a les moyens. Il y avait d’autres solutions que celle qui nous a été imposée » souligne Mickael Corompt délégué CGT.
Cette somme de 1,8 millions d’euros servira à l’attribution d’une prime supra légale de 15000 euros par salariés licenciés. Outre cette compensation qui ne résoudra pas l’épineux problème de l’emploi, sur un bassin économiquement très fragilisé, les salariés ont également obtenu que les astreintes prononcées par le TGI de Privas soient levés, qu’aucune sanction disciplinaire ne soit appliqué et que tous les jours de grève soient payés.
Pour arriver à ce résultat, les représentants CGT et CFDT des salariés de GPV ont multiplié sans relâche les initiatives. En s’appuyant sur l’occupation de l’usine de Davézieux, ils se sont déplacés dans tous les endroits possibles pour faire entendre leurs voix. A Lyon, au siège du Medef Rhône-Alpes et à Paris, où ils ont rencontré les dirigeant du Crédit Mutuel. De son côté après avoir été appelé au soutien des salariés, le député de la circonscription du nord Ardèche, Olivier Dussopt a interpellé le Ministre du travail, de la santé et des affaires sociales, Xavier Bertrand, lors des questions au Gouvernement. Ce dernier a finalement fait pression sur le banquier.
Néanmoins, pour les représentants des salariés et à l’union départementale CGT de l’Ardèche on n’en reste pas là : « La question du maintien d’une activité sur le site de Davézieux avec le maximum d’emplois reste cependant posée. Les ex-actionnaires et le repreneur Mayer qui a décidé de fermer le site, devront assumer leur responsabilité sociale vis-à-vis du bassin d’emploi annonéen » préviennent les militants.
Aujourd’hui un projet de SCOOP sous-traitante de Mayer est à l’étude. La communauté de commune d’Annonay a fait une proposition de rachat des murs auprès du bailleur qui n’est autre Natixis, la banque d’affaire de la caisse d’épargne et du groupe Banque Populaire… Les délégués de l’entreprise qui n’ont que leurs propres moyens pour appeler le repreneur, demandent une ouverture de négociation afin de récupérer, pour l’euro symbolique, les machines nécessaires à une reprise d’activité. D’accord sur le principe, Mayer ne semble pas pressé de répondre aux sollicitations. Rien n’est perdu, à condition que la lutte continue et alors qu’à quelques kilomètres de là, dans les montagnes d’Ardèche, au Cheylard 120 emplois sont promis à disparaître par la direction de Chomarat, champion local des textiles industriels. Ce mercredi 26 octobre, les délégués CGT et CFDT organisaient une assemblée générale sur le site. Une nouvelle fois, la lutte pour le maintien d’emplois dans ce département, sur ce secteur et dans cette entreprise va devoir s’organiser. Ainsi, jeudi 3 novembre, Le Cheylard était déclaré “ville morte” par les organisations syndicales…
Lutte pour le repos dominical
A l’autre bout de la Région Rhône-Alpes un long, un très long combat a enfin trouvé une issue favorable aux salariés. Au bout de 104 dimanches consécutifs, celles qui furent surnommées les six guerrières du dimanche au magasin ED devenu Dia d’Albertville (73) ont enfin été retirées du planning de fin de semaine. « Notre nouveau locataire gérant respecte donc chaque salariée dans son non volontariat et son opposition au travail du dimanche. Nous resterons dans le collectif de défense du repos dominical, pour faire abroger la loi Maille du 10 août 2009… » Préviennent les salariées. Ainsi, la pression sur les parlementaires devrait s’accentuer pour obtenir après les élections présidentielles une loi plus juste qui réinstaurerait le repos du dimanche.
Lutte pour le pouvoir d’achat
Toujours en Savoie à Chambéry, les salariés d’une filiale du groupe Suez, la SCDC une entreprise de chauffage urbain, ont obtenu une belle victoire après une semaine de blocage. Plus de la moitié des 33 employés étaient en grève afin d’obtenir des amélioration de pouvoir d’achat et une plus juste équité de traitement salarial entre catégories de personnels. Outre des moyens matériels et la création d’une charte de délégation de service public tripartite dans laquelle sont représentés, l’employeur, les usagers et les salariés, une prime exceptionnelle de 850 euros a été concédée pour plusieurs catégories. Une prime de transport de 225 euros annuelle, prenant effet en 2011, une revalorisation de prime de panier, une indemnité de travail pour les salariés sortant en chantier entre 12h00 et 14h00 et entre 20h00 et 6h00, la prise en charge à 100% des abonnements de transport public et l’assurance de négociation pour la classification des emplois avant le 16 janvier prochain font également partie du catalogue.
La CGT Energie Savoie tient à préciser : « Qu’au-delà de ces avancées, ce mouvement a créé un collectif fort, là où le travail tente perpétuellement de le détruire. Les relations sociales seront modifiées à l’avenir, renforcées en cela du collectif et de la solidarité des salariés de la SCDC dans ce mouvement. Dès à présent la CGT Energie Savoie et les salariés de la SCDS prennent rendez-vous le 17 novembre pour gagner une véritable augmentation du salaire National de base ».
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article832