Concernant une action « Insertion des jeunes par l’emploi » relevant explicitement d’une compétence de la Région depuis 2014, et qui consiste en la recherche de solutions pour les jeunes décrocheurs, nous constatons d’emblée le manque total d’ambition du projet. Nous ne nous félicitons pas que le Conseil régional « poursuive » une politique dont il est le responsable, nous trouvons ça « normal ».
On tente une expérience auprès de 640 jeunes alors que 15 500 sont sortis des circuits sociaux rien qu’en 2016. Il ne s’agit là que de la dernière cohorte. On ne prend même pas la précaution manifestement, de consulter au préalable ne serait-ce que par un sondage dont nous aurions eu les résultats, les protagonistes principaux, à savoir les jeunes eux-mêmes, les professionnels de l’orientation, ainsi que les entreprises de proximité éventuellement partenaires. On monte un projet très mineur, même s’il est défendable, très mineur de par l’investissement consenti : 450 000€, selon une méthode (IOD) dont on ne nous demande pas d’apprécier la pertinence, pour un projet dont on ne peut savoir comment il s’articulerait dans une stratégie plus globale du Service public régional d’Orientation. Pas de plan de communication spécifique auprès des jeunes. Pas la moindre référence aux études existantes, notamment au rapport de la Cour des Comptes de septembre 2016 intitulé L’ACCÈS DES JEUNES À L’EMPLOI, Construire des parcours, Adapter les aides.
Pas de « plan Marschall » en vue.
Quant au vœu très pieux de voir des entreprises subitement soucieuses de RSE embaucher purement et simplement au SMIC des jeunes sans qualification aucune … Dirait-on que les entreprises attendaient l’encouragement aimable des élus pour devenir citoyennes ? Pas le moindre objectif d’insertion, ah non !, d’embauche dans un emploi pérenne, ni de dispositif de formation individualisée. Malgré le vocabulaire comme toujours emphatique, « Insérer pour former », pas la moindre incitation à plus d’accueil en stage pour les élèves et apprentis, pas le moindre abondement en vue par exemple d’un Compte personnel de formation pour encourager ces futurs jeunes salariés à développer leurs qualifications.
Par ailleurs, sur un budget régional annuel en Formation continue et apprentissage de 590 millions, nous devons consulter les journaux locaux et éventuellement le site Internet de la Région, pour apprendre les actions entreprises par la Collectivité. C’est ainsi que nous avions appris par la presse « la fin de la récré », comme l’a proclamé M. Wauquiez, pour les allocataires du RSA, cibles d’une expérimentation démarrée en automne dernier et dont nous attendons un premier bilan annuel.
Avec comme le plus souvent une saisine expresse au dernier moment sur un projet qui manque autant d’envergure alors que les besoins sont si criants, selon une méthode tirée du camion, on est en droit de se demander : qu’est-ce qui sous-tend réellement le comportement de la Collectivité régionale Auvergne Rhône Alpes à l’égard de la société civile, et plus grave cette fois, à l’égard de nos enfants ? Serait-ce manque d’intérêt pur et simple pour la partie la plus vulnérable de la population, manque de maîtrise des sujets de la part des décideurs, ou alors, volonté de mettre les CESER en difficulté ? Les trois à la fois ?
La CGT votera pour l’avis.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1364