L’Adees Rhône-Alpes alerte sur la situation précaire des salariées de l’aide à domicile. D’après Emmanuelle Puissant, les rapports sociaux de ce secteur risquent demain de concerner tous les salariés. Le salariat de ce secteur présente un risque majeur de diffusion vers d’autres secteurs.
Les emplois d’aide à domicile sont à 98 % des emplois féminins, avec une moyenne d’âge élevé (46 ans). Elles peuvent travailler
Directement chez les particuliers
Chez un prestataire, majoritairement une association
1/3 des salariées ont plusieurs employeurs
Elles effectuent des travaux variés se répartissant entre le soin proprement dit et les travaux ménagers avec une forte intensité relationnelle. Le temps partiel est la norme (68 % des salariées) avec des bas salaires dus à des rémunérations horaires faibles et un temps de travail réduit. De plus, les horaires de travail sont instables et souvent atypiques : horaires éclatés, le week end. C’est un secteur soumis également à de nombreuses pénibilités physiques (nuisances chimiques par les produits d’entretien, problèmes posturaux, gestes répétitifs, etc…) et des pénibilités liées au contact direct avec les personnes (agressions verbales, physiques, stress,…).
La norme de l’emploi salarié traditionnel dans une entreprise est très éloignée de ces salariées : miettes d’emplois, individualisation, isolement, invisibilité du travail (il s’effectue dans le domicile privé des personnes). Toutefois, les aides à domiciles cumulent un certain nombre de caractéristiques qui se diffusent dans d’autres secteurs d’activité.
Pour l’Adees, ces caractéristiques peuvent conduire à une transformation du rapport salarial :
Remplacement d’emplois à temps complets par des heures de travail (nettoyage par exemple)
Individualisation des relations entre le salarié et son employeur (salaires individuels, primes, lean management, …)
Rapport au client : Dans les services d’aide auprès des personnes fragiles, la figure des usagers, ou des receveurs des services, est naturellement centrale. Toutefois, la figure du client et la relation de service qui lie travailleurs et clients, se diffusent de plus en plus dans différents secteurs, y compris dans les secteurs industriels. En effet, à tous les niveaux de la chaine de production, la figure du client est utilisée pour responsabiliser les salariés (ex. de l’usine d’assemblage Renault Trucks à Bourg en Bresse, avec les écriteaux : « Je travaille pour le client final » à plusieurs endroits des chaines de montage).
Développement des compétences de moins en moins liées à l’obtention d’une qualification.
Diversification des modalités d’emploi, renforçant les relations individuelles : sous traitance, disparition des grandes entreprises, auto-entrepreneur, particulier employeur, multi-employeurs, intermittants. Ces diversités fragilisent les salariés et compliquent les luttes collectives.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article890