Nous nous situons également clairement sur la démarche politique qui affirme que répondre concrètement aux enjeux de service public que sont le droit à la santé et à l’autonomie, outre son enjeu de société solidaire , est une voie constructive de sortie de crise par leur dimension économique, industriel, démocratique, de création d’emplois et de formation, de reconnaissance des qualifications.
Les graves questions de l’inégalité d’accès aux soins, la défiance vis à vis de la Loi HPST, le renoncement sur une Loi sur l’Autonomie, ont, pour leur part, contribué à l’élection d’une nouvelle majorité politique au printemps dernier.
Le PRS qui a été présenté, est un remarquable travail. Un état des lieux aussi large, approfondi, pointu est une première dans notre région. Néanmoins, et nous l’avons dit tout le long du processus, y compris lors de rendez-vous pris à l’Agence, nous sommes extrêmement frustrés sur les modalités de dialogue social mises en
place lors de cette élaboration.
Des propositions inférieures à nos attentes
Nous avions fait des propositions pour renforcer le dialogue social, notamment dans les territoires, pour une contribution diversifiée aux projets issus de l’état des lieux. Nous revendiquons aussi que dans les instances consultatives de la CRSA (CSOS, CSOSMS) les avis motivés des Institutions Représentatives du Personnel figurent dans les dossiers traités et éclairent leurs membres ; ce serait aussi un gage de respect de ces Instances (CTE, Comité d’Entreprise, CHSCT, …), de transparence, d’enrichissement lors des décisions à prendre.
L’Agence a préféré s’en tenir aux textes de la Loi HPST, nous le regrettons, nous pensons que cette absence de dialogue social adapté pèse grandement sur les résultats des travaux.
Autant nous comprenions bien l’esprit politique de l’ancienne majorité dans cette conception tronquée de la démocratie, autant nous revendiquons, avec le choix porté notamment par les salariés aux dernières élections, un changement réel.
Aussi nous sommes extrêmement inquiets, disons même choqués des premières décisions politiques prises par cette nouvelle majorité sur ces sujets :
L’accord portant sur la confirmation des dépassements d’honoraires, qui conforte la médecine libérale dans ses dérives contre les assurés sociaux,
Le taux d’augmentation de l’ONDAM pour 2013 signifiant clairement la suppression
d’emplois dans les établissements,
L’absence de toute négociation pour les personnels salariés de la santé tant publique que privée (formation, rémunération, statut et conventions collectives, conditions d’exercice, précarité …),
La poursuite des politiques de restrictions d’emplois dans les établissements de
santé publics ou de l’économie sociale, …
Appel aux collectivités locales d’engager les mesures du même acabit que celles de l’Etat en matière d’austérité, alors que l’action sanitaire et sociale sont leurs premières compétences,
Pas d’orientation politique sur l’industrie du médicament et des matériels médicaux.
Si la Ministre a évoqué le retour de l’Hôpital Public au coeur du système, la fin de la
convergence des tarifs, il n’en reste que pour le moment, pour les assurés sociaux, les personnels, pas de signe porteur d’espoir.
La prévention, la médecine du travail, la médecine scolaire sont quasiment oubliées, alors qu’elles devraient bénéficier d’une action soutenue immédiatement.
La Cgt, porteuse de propositions innovantes au service de la santé
Sur notre région spécifiquement, nous avons animé, participé à de nombreuses initiatives portant sur les droits de chacun à une politique publique de santé, d’action sociale, de Médicosocial dans les territoires.
Nous citerons pour exemple concret et récent notre activité en plein développement sur les questions de l’aide à domicile avec une série de propositions portant sur l’organisation, le financement, le statut des salariés pour un grand service public d’avenir avec la mise en place organisée d’un “point de contact unique” pour les Assurés prenant en compte l’ensemble des questions posées.
Nous évoquons aussi notre action concrète sur la question du droit à l’accès aux soins par la généralisation du tiers-payant pour toutes les structures et tous les professionnels de santé et pour la suppression des dépassements d’honoraires (ce qui implique aussi une négociation sur la rémunération des actes).
Nous proposons également un soutien concret et un développement des structures de santé appelées “Centres de Santé” dans leur caractère de service public que leur confère leur histoire et leur pratique (nous apprécions la posture de l’Agence sur le sujet).
Nous proposons aussi que la question de l’installation des professionnels de santé dans les territoires et zones en déficit intègre la notion des missions de santé publique, le statut libéral ne parvenant plus, seul, à répondre à tous les besoins.
Nous serons attentifs aux décisions ministérielles qui vont être faites prochainement sur la question de la répartition territoriale des activités.
Nous nous considérons et entendions être considérés comme des interlocuteurs experts sur tous ces sujets. Nous nous exprimons publiquement, dans les instances, dans la société avec nos propositions. Nous constatons que les mesures de dégradations des droits élémentaires continuent de façon tout autant technocratique.
Un avis globalement négatif sur le PRS
Si nous portons un avis globalement négatif sur ce PRS, ce n’est pas par principe, c’est une opinion largement étayée par la situation du présent, par le contenu global des projets contraints par une politique d’austérité (nous réfutons par exemple clairement l’orientation politique réaffirmée récemment par le Président : « nous pouvons faire plus en dépensant moins ! »). Nous voulons sortir de la logique libérale et concurrentielle qui fait du résultat financier pour les Actionnaires un critère de concurrence aux objectifs attendus des Assurés, des Citoyens, des
Personnels.
Ainsi nous défendons la mise en place de nouvelles organisations, de réseaux, d’organismes publics ou hors-champs libéral destinés à mettre en place la présence des outils nécessaires traditionnels ou nouveaux pour répondre aux enjeux d’un PRS concret. Sur le Plan régional, en effet, les dossiers, par exemple portés dans la CSOS (fusion, suppression d’établissements de santé) ne portent pas, ni dans les buts économiques recherchés, ni dans les méthodes employées de profond changement. Nous citerons les dossiers de la Savoie, la Loire, la Drôme. Etc…
Nous considérons aussi que les campagnes nombreuses de communication de l’Agence ne masqueront pas longtemps les difficultés et les réponses insuffisantes qu’elle prendra.
Nous restons demandeurs et disponibles pour la construction d’une nouvelle conception d’un réel PRS, marqué du sceau de la solidarité, de la démocratie sociale, de la proximité, du droit au progrès accessible à tous.
Pour plus d’information : voir l’analyse de la Cgt sur la réorganisation en territoire dictée par la loi Bachelot : cliquer ici et là.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article928