Le Ceser s’est prononcé sur le schéma régional climat air énergie. La Cgt est intervenue principalement sur la question de l’énergie.
L’ONU a décidé de proclamer 2012 Année internationale de l’énergie durable pour tous ; L’ONU s’est dite préoccupée par le fait que, dans les pays en développement, plus de trois milliards de personnes sont tributaires de la biomasse traditionnelle, qu’un milliard et demi n’ont pas l’électricité. Dans les pays développé la précarité énergétique touche de plus en plus de personnes. En France c’est plus de 3.7 millions de foyers.
Les enjeux de réduction des gaz à effet de serre
La transition énergétique doit répondre au droit à l’énergie, tout en répondant aux enjeux climatiques.
Les études des groupes de travail de l’ONU (groupe de travail III du GIEC et Programme des Nations Unis pour l’Environnement) montrent qu’une réduction de moitié des sources émettrices de Gaz à Effet de Serre est nécessaire d’ici 2050 pour que le réchauffement climatique ne dépasse pas les 2 degrés. Il est donc important et indispensable que l’ensemble de la planète et plus particulièrement les pays les plus développés limitent fortement leurs rejets de Gaz à Effet de Serre.
Les USA doivent diviser leurs émissions par 10, l’Allemagne par + de 6 et la France par 4.
Les conclusions du groupe de travail de la CNUDE (Comité du Développement et de l’Environnement » de l’ONU), montre que même en augmentant de 50 % l’efficacité et la sobriété énergétique – pour annuler les inégalités sociales dans un monde de 10 milliards d’individus d’ici à 2050, et dans tous les pays, il faudrait produire et consommer 42% d’énergie en plus.
Pour la CGT tout plan ou tout scénario doivent bien aborder toutes les questions posées. Il doit prendre en compte en même temps trois exigences essentielles face auxquelles il faut apporter des réponses :
1. La satisfaction des besoins en énergie pour tous les êtres humains et la réponse aux besoins.
Il faut en outre viser la réduction des inégalités.
En France, c’est 3,7 millions de foyers en précarité énergétique (soit 8 millions de personnes) et 100000 coupures de gaz et 150 000 coupures d’électricité par an.
Le prix de l’énergie et la capacité à se procurer de manière indépendante les sources d’énergie sont deux dimensions essentielles.
2. La raréfaction des ressources fossiles
L’accès à la ressource fossile (charbon, gaz, pétrole) est, et sera de plus en plus difficile techniquement et de plus en plus compliqué politiquement.
Les pays les plus développés doivent, plus que d’autres, utiliser le potentiel de développement des technologies en matière énergétique pour réduire leur prélèvement sur les ressources naturelles.
3. Le changement climatique, le réchauffement climatique, une question essentielle pour la CGT
Nous devons réduire de manière drastique nos émissions de CO2.
Il est aujourd’hui reconnu, quasi-unanimement, que le réchauffement climatique est lié à l’activité humaine et à l’émission de gaz à effet de serre principalement due à la combustion de combustibles fossiles.
Les travaux du GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) préconisent d’ailleurs une réduction aussi rapide que possible de ces émissions. Ils indiquent que nous devons obligatoirement prendre le virage au cours des 40 prochaines années.
La région Rhône Alpes est la première région française en matière de production électricité, deuxième région en matière de consommation d’électricité 63,1 TWH. C’est surtout la première région pour sa consommation d’électricité pour la grande industrie et les PME PMI soit 44TWH.
Cette question des besoins n’est pas abordée dans le SRCAE, comme la question financière pour répondre aux objectifs, notamment sur la sobriété énergétique. Qui financera la réhabilitation des habitations sociales, des copropriétés dégradés, des pavillons en zone périurbaine ? Certainement pas les locataires, ni les propriétaires qui sont déjà pour beaucoup en précarité sociale.
Sur les transports
Les objectifs ne peuvent que nous interroger, pour répondre à la transition pétrole. Doit-on aller vers le développement des agro carburants, le rôle du monde agricole n’est- il pas de nourrir la population de planète ? Le rapport de la cour des compte est significatif sur le sujet, ce rapport montre un bilan neutre pour l’Etat, indécis pour l’environnement et couteux pour le consommateur : les agro carburants n’ont à ce jour rapporté d’autres bénéfices que ceux perçu par les groupes agroalimentaires.
Le SCRAE fixe des objectifs sur développement de fret ferroviaire, mais quels moyens ? Quel financement ? Quelle place pour le service public ?
Le SCRAE préconise le développement des voitures électriques avec un objectif très ambitieux de 50% de voiture électrique en 2050, et des transports doux. Ces objectifs ne sont pas neutres sur les besoins de production d’électricité et il n’y a aucun lien entre chaque sujet.
Sur l’énergie
Le SRCAE n’aborde pas les enjeux développés par la résolution de l’ONU, et laisserait penser que nous pourrions avoir un scénario qui se limite à la région avec le principe d’être en autosuffisance. Ce raisonnement régional est au fond une position très égocentrée qui consiste à trouver des modes de production d’énergie sans se soucier des impacts ou des possibilités au niveau interrégional, national, européen et mondial.
Le SRCAE n’aborde que l’énergie renouvelable considérant qu’elles sont inépuisables. Rappelons que seuls le vent, l’eau et le soleil sont des flux, mais pas les matériaux pour construire les moyens de production nécessaires. Ainsi pour les aimants d’éoliennes, les panneaux photovoltaïques, comme pour les batteries et en général toutes les nouvelles technologies on utilise les terres rares. Ce qui fait dire à Philippe Bihous et Benoit de Guillebon dans leur livre « quel futur pour les métaux ? » que « la réduction de la dépendance à une ressource « le pétrole et le gaz » nous conduit à créer une autre dépendance « les métaux » dont les problématiques de finitude et maîtrise géopolitique des ressources sont tout à fait analogues à celles des énergies fossiles ». Rappelons nous, en 1992 Deng Xiaoping disait « Le Moyen-Orient a du pétrole, mais la Chine a des terres rares ».
Les objectifs de production par les ENR ne sont pas au niveau des enjeux de la demande de consommation de la région Rhône Alpes et de loin au regard des 63 TWH consommés à ce jour.
La CGT énonce cinq principes pour bâtir un « mix énergétique » qui devra nécessairement évoluer en fonction des progrès technologiques.
1. Un mix énergétique diversifié à faible émission de CO2, il faut diversifier la production d’électricité à partir des énergies renouvelables, des centrales thermiques gaz et charbon avec captage et stockage de CO2, du nucléaire troisième et quatrième générations répondant pour une part au problème des déchets.
L’hydraulique, stockable et très souple, peut sans doute encore progresser mais chacun comprend que les sites disponibles sont limités. Des études en cours laissent entrevoir des possibilités mais la libéralisation et la mise en concurrence des concessions vont accentuer une production électricité hydraulique pour répondre aux besoins des actionnaires
2. Des économies d’énergies, la priorité concerne le bâtiment, les transports et l’industrie, le Grenelle a bien posé la question, mais les moyens financiers restent à la traine. Le SRCAE pose bien les enjeux mais n’aborde en rien les questions financières.
3. Les énergies renouvelables, elles représentent un potentiel important et un moyen efficace de réduire les émissions de CO2. Nous devons porter un vrai développement des ENR dans le cadre du pôle public de l’énergie notamment en imposant aux producteurs d’électricité un % de production par des ENR.
4. La sureté du nucléaire, elle ne se limite pas aux seuls aspects techniques, les dimensions sociales, organisationnelles et humaines sont tout aussi importantes. La CGT revendique
Un statut de haut niveau pour tous les travailleurs du nucléaire, sans exception quel que soit leur entreprise.
Des droits nouveaux pour les salariés pour les CHSCT et CE.
La transparence dans la gestion des unités nucléaires (CLI, comité citoyen)
Comme pour les ENR, l’Hydraulique, ces moyens de productions doivent être sortis de la loi du marché et de la concurrence avec la création d’un pôle public de l’énergie
5. Un pôle public de l’énergie, les restructurations engagées au nom de la concurrence et de la libéralisation du marché ont favorisé les logiques financières au détriment de l’intérêt général. Une étude de la confédération européenne des syndicats évalue leur coût depuis l’ouverture des marchés en 10 ans, à 250 milliards pour le profit des actionnaires. Pour la France, EDF et GDF Suez ont dépensé plus de 80 milliards d’euro pour l’achat d’entreprises, essentiellement à l’étranger.
Une maitrise publique du secteur est indispensable pour la sécurité, la maîtrise des prix, le respect de l’environnement et la satisfaction des besoins humains.
Nous regrettons que le SRCAE de la région Rhône Alpes 1ère région de France en matière de production d’électricité, n’aborde qu’une partie des enjeux posés par la délibération de l’ONU et reste dans une logique financière.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article860