Saisi par le Président de notre région pour nos premières suggestions en matière de méthodologie et d’attendus de la démarche SRADDET, notre Assemblée délibère donc ce jour sur un projet de notre commission 4. Celui-ci est fidèle aux travaux antérieurs de nos deux Assemblées, à la conception que nous avons capitalisé sur les enjeux territoriaux à partir des travaux des universitaires, chercheurs, économistes, historiens, géographes.
A plusieurs reprises, notre Groupe a fait référence notamment aux travaux de Pierre WELTZ qui considère : »le territoire comme un ensemble relationnel et pas seulement comme un espace géographique défini. C’est un espace vécu et un système vivant, emboité dans un ensemble d’autres espaces qu’il influence et qui l’influencent.
Le territoire s’inscrit dans un positionnement qui le met en compétition avec les autres territoires, à toutes les échelles, et dont il peut sortir gagnant ou non ».
Le SRADDET, véritable projet de territoire doit donc évoquer une vision de long terme et faire appel au développement, lequel ne répond en aucune manière à une recette. C’est un processus de construction par des acteurs, qui crée des ressources sur le territoire, qui favorise l’ancrage économique pour renforcer son rayonnement, son attractivité.
Cela fait appel à la gouvernance territoriale, qui renvoie à l’ingénierie territoriale, à la stratégie et la prospective. Elle articule la stratégie de pilotage et de mise en œuvre de la co-construction du SRADDET puis plus tard à sa mise en œuvre. Cela demande d’articuler démocratie participative et démocratie élective, sur l’ensemble du territoire de la région.
Equité, légitimité sociale, participation à la prise de décision, recherche de consensus, transparence et responsabilisation des acteurs, prise en compte de la complexité, anticipation d’un développement partagé, évaluation de la performance et devoir de restitution sont les maitres mots.
Le management territorial constitue la façon de traiter de la question de la gestion, de l’organisation des territoires. Il s’agit donc d’ajouter à la notion de gestion, celles de dynamique, de développement et de progression avec celle de durabilité au sens du développement durable, associant étroitement économie, sociale et environnement.
Comprendre le management territorial et l’importance que notre Assemblée lui confère, c’est donc analyser et saisir les enjeux de développement de notre région, de son évolution, comprendre les relations entre les différents acteurs. Définir une stratégie pilote qui doit faire système tout en anticipant les évolutions majeures auxquelles le territoire va faire face.
Dans ce cadre, la recherche de la meilleure performance territoriale ne consiste pas à se laisser enfermer dans une opposition Métropole – Territoire mais de mesurer l’effort à faire pour organiser et fluidifier l’ensemble des différents systèmes territoriaux afin que les fonctions des uns et des autres contribuent ensemble à leur efficacité et à leurs performances durables, tout en garantissant l’égalité des capacités en leur sein.
Et c’est la question de la tension entre compétitivité et cohésion territoriale qui va constituer le véritable enjeu politique contemporain.
Notre contribution avance l’idée déterminante que le SRADDET formule un premier volet stratégique et un second volet répondant aux obligations légales. Nous partageons cela.
Nous avons besoin d’un document de référence utile et utilisable, reconnu par le plus grand nombre et ayant un caractère prescriptif et opposable sur certains éléments. Nous avons raison d’insister sur les questions de fractures territoriales, de subsidiarité, d’équité et de développement équilibré des territoires.
Nous y parviendrons que si le service public, qui est au cœur de la nation et en constitue un élément essentiel du compromis social, est à même de jouer tout son rôle.
La doctrine juridique du Conseil d’Etat le voit comme le fondement de l’interdépendance sociale et comme un service rendu par la puissance publique. Cela dans le cadre de missions d’intérêt général porteuses de solidarités géographiques et intergénérationnelles. Le service public qui joue un rôle essentiel pour l’égalité entre citoyens, dans la relance de l’économie nationale et en région, pour la réduction des inégalités, l’aménagement du territoire, la cohésion sociale, culturelle et territoriale, ainsi que dans la création d’emplois et le maintien des activités économiques, doit placer la puissance publique au cœur du processus SRADEET.
Nous considérons que tout doit être mis en œuvre pour qu’au travers du SRADDET on redonne sens à l’action publique, à plus de cohésion et plus d’efficacité, pour parvenir au meilleur rayonnement et attractivité de notre région et répondre aux besoins : économiques, sociaux, environnementaux, culturels…
Dans ce cadre, la société civile organisée avec le CESER, les Conseils Locaux de Développement ainsi que les acteurs socio-économiques, associant les citoyens sont prêts chacun à leur place à apporter leurs contributions dans une co-construction.
Le CESER ayant un double rôle de contributeur et d’intermédiation est d’ores et déjà engagé. Nous partageons pleinement cette ambition.
Il nous appartient également de rentrer de plein pied dans l’écriture de l’histoire autour de thèmes fédérateurs face aux crises contemporaines qui sont des crises du lien : à notre intériorité, à l’humanité, à la nature. Notre région a les ressorts pour faire société où chacun se reconnait dans cette construction commune pour un projet régional global d’avenir, sur la base de valeurs partagées centrées sur la cohésion territoriale et sociale créant une capacité à vivre ensemble au sein de l’espace européen, gage pour l’avenir des générations futures.
Le Groupe CGT votera la contribution.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1260