Quel droit à la formation des demandeurs d’emploi et quel service public en Région ?
Sur l’ensemble de nos douze départements, à partir de janvier 2018 et sur le 1er semestre, les 642 850 demandeurs d’emploi de catégorie A,B, C recensés en octobre 2017 ne pourront pas exercer leur droit à la formation. Dans un contexte national où le gouvernement souhaite mettre l’accent sur un grand Plan d’Investissement des Compétences des demandeurs d’emploi, cela pose des questions.
Comment en sommes-nous arrivés là, dans la deuxième région de France ?
Tout d’abord, il faut savoir que la formation professionnelle des demandeurs d’emploi est une compétence décentralisée aux conseils régionaux. C’est dans le cadre d’un service public régional de la formation professionnelle que des programmes de formation sont mis en œuvre sous forme d’appel d’offres, dans le cadre de procédures de marché public, pour former, à des socles de connaissances, à la préparation à une qualification, à un diplôme.
Depuis l’arrivée d’un nouvel exécutif au conseil régional, des programmations avaient été arrêtées et d’autres réorientées sur une nouvelle politique, la satisfaction des besoins des secteurs en demande d’emploi avec comme support le CARED. Dans une délibération d’octobre dernier, le conseil régional a décidé d’arrêter les programmations au 31 décembre 2017 (elles avaient été construites par le précédent exécutif) pour mettre en place son nouveau programme.
Mais lancer un nouveau marché public, cela prend du temps. Et le conseil régional n’a pour l’heure toujours pas terminé les référencements d’organismes pour lancer son nouveau programme. Une telle procédure prend au minimum six mois. Cela veut dire que de janvier à mai 2018, il n’y aura pas de programmations. Donc pas de formations proposées aux demandeurs d’emploi qui souhaiteraient se former.
Ce sont des économies faites sur le dos des plus précaires. C’est inacceptable !
A cette responsabilité régionale défectueuse s’ajoute la fin du plan 500 000 formation du précédent gouvernement. Le nouveau gouvernement a décidé de ne pas le poursuivre pour lancer un grand Plan d’Investissement Compétences pour former 1 million de chômeurs peu qualifiés. 15 milliards sur 5 ans avec un milliard programmé dans la PLF2018 et l’attente de nouvelles ressources suite à la négociation interprofessionnelle en cours sur la formation professionnelle.
Donc encore du temps de mise en œuvre qui ne permettra toujours pas aux demandeurs d’emploi d’exercer leur droit à la formation en Auvergne Rhône Alpes.
Face à ce constat, la CGT a des propositions.
Tout d’abord, la connaissance, la formation ne sont pas des marchandises et nous tenons à le rappeler.
C’est pourquoi les programmes de formation ne peuvent plus être bâtis par rapport à des besoins purement économiques. Il faut prendre en compte les besoins, les aspirations des personnes, des demandeurs d’emploi. Des besoins qui se croiseront nécessairement avec la réalité du territoire et des secteurs d’activité existants. Il faut faire confiance et accompagner.
Car pour réussir sa formation, les personnes ont des besoins de proximité géographique, d’accompagnement social et en matière de santé, d’hébergement, de transport, de niveau de rémunération décent pendant la formation, de garde d’enfants, de qualité de la formation…
L’objectif est bien de permettre l’accès à un nouveau diplôme, à un niveau de qualification plus élevé qui permettra aux demandeurs d’emploi de sécuriser leur parcours professionnel.
Et en Auvergne Rhône Alpes, nous avons des outils de grande qualité qui le permettent.
Ce sont les centres AFPA, les antennes des GRETA et du CNAM ainsi que de nombreuses associations à but non lucratif. Des outils qui ont fait leur preuve. Ils ont permis de nombreuses reconversions professionnelles, permis l’accès à un premier diplôme permettant de plus facilement s’insérer dans le monde du travail.
Avec les 21 centres AFPA, les 5 centres du CNAM et les 20 antennes GRETA, l’ensemble du territoire régional est couvert avec des infrastructures complètes permettant l’hébergement, la restauration, l’apprentissage de savoirs sur des plateaux techniques avec des formateurs reconnus et diplômés…
GRETA, AFPA et CNAM, des outils à investir et développer
Malheureusement, au lieu de s’appuyer sur ce réseau d’acteurs de territoires, les politiques menées par le conseil régional, avec ses marchés axés sur des besoins purement économiques mettent aussi à mal ces outils de formation et d’accompagnement de proximité.
Les baisses budgétaires sont annoncées pour 2018 et la mise en œuvre décalée de la nouvelle programmation régionale les fragilise encore plus.
C’est la casse des centres de formation et de l’emploi.
Des suppressions d’emploi tombent… Une perte de savoirs faire de qualité inestimable pour notre région. Nous laisserons les salariés et les représentants CGT s’exprimer précisément sur la situation.
Il y a donc urgence à agir pour maintenir les outils et répondre aux besoins de formation des demandeurs d’emploi dans notre Région pour le 1er semestre 2018.
C’est pourquoi, la CGT propose :
Face à l’absence d’effectivité du droit à la formation des demandeurs d’emploi en Région au 1er semestre 2018 et pour une continuité du droit, nous demandons à l’Etat de mettre rapidement en place un plan d’urgence pour la formation des demandeurs d’emploi en Auvergne Rhône Alpes.
Ce plan s’appuierait sur le réseau des centres AFPA, GRETA et CNAM qui sont les seuls à même à répondre dans des délais aussi rapides à une telle commande publique en termes de formation et d’infrastructures.
L’analyse de cette expérimentation d’urgence pourrait par la suite rendre des préconisations pour la mise en œuvre du nouveau plan d’investissement compétences gouvernemental.
Enfin, au-delà de la formation des demandeurs d’emploi, les centres AFPA, les GRETA et le CNAM ont permis de nombreuses reconversions professionnelles grâce au CIF et nous revendiquons le maintien d’un tel droit pour les salariés.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1390