Le troisième Plan Santé au Travail (PST3) 2016-2020, document qui servira à l’orientation des politiques publiques en la matière, est issu d’une ambition d’un renouvellement profond de la politique de santé au travail. La CGT confédérale, forte de l’ambition de développer la « démarche travail », a porté des revendications claires largement reprises dans le document.
Ce PST3 opère un renversement de perspective radical en donnant la priorité à la prévention primaire et en se tournant résolument vers une approche positive du travail, facteur de santé.
La déclinaison régionale en Auvergne Rhône Alpes de ce plan (PRST3) s’opère au sein du Comité Régional de Prévention des Risques Professionnels (CRPRP), architecture du futur Conseil Régional d’Orientation des Conditions de Travail (CROCT) où la CGT y prend toute sa place.
La force d’un tel document est sa recherche d’un consensus sur la priorisation des orientations et la recherche d’une méthode de construction participative. Sa faiblesse relève d’un document peu efficient pour les travailleurs et travailleuses en activité. Et pourtant …
Et pourtant ce document oriente fortement les politiques de prévention des institutionnels notamment les préventeurs CARSAT et l’inspection du travail. Depuis quelques années, la recherche de bilan, la politique du chiffre et les nécessités des acteurs de « justifier » leurs activités à fortement encadré, limité, restreint les actions sur les lieux de travail.
En effet, des risques professionnels non défini comme prioritaire dans les différents plans, dont le PRST, sont rarement pris en compte. Pour preuve, les difficultés grandissantes des élus et mandatés CGT lorsqu’ils sollicitent la DIRECCTE ou la CARSAT sur des problématiques non ciblées.
C’est pour cette raison, que la CGT Auvergne et la CGT Rhône Alpes ont décidé de s’investir dans l’écriture et l’élaboration du Plan Régional de Santé au Travail afin de porter les enjeux et les problématiques issus des lieux d‘activités. En effet, comment rendre un tel plan efficace et utile pour les travailleurs Auvergnats et Rhônalpins si celui-ci est uniquement issu de discussion d’expert trop souvent en déconnexion avec l’activité de travail réel. Les mieux à même de ressentir l’efficacité d’un plan de prévention en lien avec leur activité de Travail ne sont-ils pas les travailleurs eux-mêmes ? A conditions de leurs donner les moyens de s’exprimer.
L’action de la CGT porte une légitimité de l’activité de travail réelle et de sa capacité à former des collectifs de travail en capacité de comprendre, analyser, observer sa propre activité. Mais cela ne va pas de soi. La CGT doit travailler à redonner du pouvoir d’agir aux travailleurs à tous niveaux … même institutionnel, même dans un plan régional de santé au travail.
La CGT des deux comités régionaux se donne l’ambition de participer et de construire le PRST3 avec les syndiqués des secteurs concernés que nous représentons. La parole et l’expertise revient au travail et aux travailleurs.
Pour cela nous orienterons nos débats autour de cinq axes principaux :
Les Risques Psychosociaux et une « Qualité de Vie au Travail » intégrative des connaissances en santé au travail afin d’en avoir une définition partagée. L’enjeu des organisations de travail et du sens de l’activité de travail étant primordial. En effet, la QVT ne doit pas se limiter à la couleur des murs ou à la mise en place de plantes vertes mais doit bien porter l’enjeu de la « Qualité du Travail ». Pouvoir bien faire son travail, c’est pouvoir s’émanciper, se reconnaitre et être reconnu.
La promotion de la culture de prévention
Le maintien dans l’emploi trop souvent orienté vers une logique de maintien en employabilité. Doit ‘on accepter que l’Humain doive s’adapter au Travail ? Ou plutôt adapter le travail à l’Humain afin que celui-ci puisse s’exprimer, s’émanciper, se construire grâce à son activité de travail ?
La prévention des TMS et la conception des lieux de travail. Le lien entre l’organisation du travail et les Troubles Musculo-squelettique ne sont plus à démontrer. Et pourtant. Les élus et mandatés CGT se heurtent devant des murs à chaque fois qu’ils évoquent cette prérogative patronale.
Au travail, les gens ne font jamais ce qu’on leur demande de faire…et c’est pour ça que ça marche. La contradiction entre l’activité de travail demandé et celle produite est génératrice de TMS. Chaque travailleur développe des stratégies d’action(s) pour sortir le travail en faisant abstraction de sa santé devant un boulot ni fait, ni à faire ; du sale boulot.
La question du Dialogue Social. Garantir la prise en compte d’une activité de travail cohérente et compatible avec la possibilité de construire sa santé doit nécessairement passer par une amélioration impérative de la qualité du dialogue social. Trop souvent, les questions sur l’organisation du travail, le sens du travail sont éludées du débat. Le dialogue social dans les entreprises souffre et l’avis des travailleurs est souvent « absent » des questions primordiales. Par crainte de remettre en cause des modèles économiques ?
D’autres thèmes seront portés dans ce PRST3 comme le risque chimique, les chutes de hauteurs ou de plain-pied, l’amiante ou encore le risque routier.
Pour cela, la CGT doit se mettre en capacité de libérer la parole des travailleurs et de permettre à nos syndicats de nos territoires de faire remonter l’activité de travail réel au sein de bureau et d’instance trop souvent éloigné des réalités vécus et ressenties.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1242