Le Ceser s’est auto-saisit sur la question du Schéma Régional de Développement Economique, Innovation et Internationalisation, qui est mis en discussion au niveau régional.
En partant de l’idée que les schémas mis en complémentarité doivent se placer sur le court et moyen terme, afin de traiter des urgences et engager des actions structurantes pour modeler le futur régional, le CESER porte l’enjeu majeur de l’anticipation avec cet avis en amont du SRDEII. Comme le CESER nous considérons que les questions relatives à l’emploi, à l’évolution des métiers, des compétences sont d’autant mieux appréhendées quand elles sont anticipées par les acteurs et permettent d’éviter des ruptures trop brutales afin de sécuriser les parcours professionnels et le développement durable des territoires.
Ainsi, la mise en cohérence de l’économie, de l’innovation, de l’enseignement supérieur-recherche, de l’aménagement du territoire, de l’emploi et de la formation permet d’irriguer des synergies sur les territoires, et rend les politiques publiques plus lisibles.
La CGT partage très largement ces points de vue et s’inscrit depuis plusieurs années dans une démarche d’anticipation. En ce sens, en tant qu’acteur social, nous caractérisons six objectifs prioritaires au SRDEII.
Selon nous il doit affirmer en premier l’objectif de lutte contre les inégalités sociales, territoriales, pour la justice sociale au sein de la nouvelle région : cela suppose un état des lieux des atouts et faiblesses des différents territoires, de prendre en compte l’ensemble des secteurs d’activités, de travailler à leur maintien et leur développement. Pour nous la concentration des moyens sur les seuls secteurs, les seuls territoires dits “d’excellence” constitue un risque essentiel de déséquilibre pour les territoires et les populations. A cet égard, la constitution des métropoles et l’autonomie qui leur est reconnue en matière économique, la concentration au sein de celles-ci des activités économiques “à forte valeur ajoutée”, des centres de décision des grandes filières économiques et des centres de recherche renforce le risque d’un développement déséquilibré. Il nous semble indispensable que les métropoles restent pleinement intégrée dans leur environnement régional et continuent d’y jouer un rôle d’entrainement solidaire.
Nous retrouvons dans l’avis des considérations qui vont dans le même sens, qui visent à conforter le maillage territorial et la diversité des sites universitaires, à soutenir des projets territoriaux de développement, à consolider certaines grandes filières régionales, à rechercher un développement territorial harmonieux et solidaire.
Nous renforçons ces axes structurants d’une ambition pour la nouvelle région en proposant que le SRDEII retienne l’objectif de travailler sur l’espace régional une approche filière-chaine de valeur et d’économie circulaire.
Les évolutions technologiques, le numérique, les nouveaux usages, les changements profonds dans les matériaux utilisés, les innovations industrielles, servicielles, les modifications profondes du travail, les enjeux environnementaux, les attentes nouvelles de la société, sur ces différents paramètres nécessitent une démarche pour anticiper lesmutations. Il s’agit pour nous de s’interroger sur quelques questions clés : quels sont les besoins d’aujourd’hui et de demain ? Les stratégies des entreprises anticipent-elles ces évolutions ? Quelles incidences sur le travail, son sens, son organisation, sa qualité ? Quelles modifications pour la formation, la qualification des salariés, quelles reconnaissances de celles-ci ? L’effort de recherche publique est-Il à la hauteur de ces évolutions ? Le SRDEII doit se donner l’objectif de travailler une démarche d’anticipation des mutations en associant de façon complémentaire les mutations industrielles, celles du travail, les enjeux environnementaux, l’économie circulaire, la promotion des services publics pour répondre aux besoins des populations et d’un ancrage territorial.
S’approprier les mutations pour mieux les accompagner nécessite d’identifier l’ensemble des enjeux posés au sein de l’entreprise, des branches, des territoires pour les mettre en prospective. Le territoire régional est bien l’espace pertinent pour faire vivre cette ambition.
Il apparait également pertinent de favoriser la mise en place en région des observatoires de branches pour identifier les modifications des métiers, les besoins dans les domaines de formation, qualification. Par ailleurs, les territoires de proximité doivent également être confirmés comme un espace important sur des enjeux similaires en prenant notamment en compte les publics éloignés de l’emploi et / ou confrontés à des besoins d’accès à la formation. Ils doivent aussi être confirmés comme des espaces pertinents de dialogue social territorial. Comme le CESER, nous notons la non reconduction de certains lieux de dialogues existants (CTEF – COTEF…) et sommes en accord avec la proposition formulée dans l’avis “que des espaces permettent d’organiser le dialogue sur les territoires en associant les acteurs sociaux-économiques” car nous sommes attachés à cette démocratie sociale qui faisait partie de l’ADN de notre région. Le SRDEII devra donc se donner l’objectif de travailler les enjeux travail, emploi, formation, démocratie sociale.
L’avis considère que le développement des territoires repose sur sa capacité à développer et soutenir les démarches permettant de renforcer la proximité entre les acteurs économiques d’un territoire et son développement endogène. Pour la CGT, la diversité du champ de l’économie sociale et solidaire place ce secteur au rang des atouts et enjeux régionaux, son ancrage territorial dans l’économie de proximité, sa capacité à mutualiser, à travailler en réseaux se caractérise aussi bien par sa performance économique que ses activités socialement utiles. Le SRDEII doit donc porter largement cette approche de solidarité car le secteur est innovant, créateur d’emplois fortement localisés. Il convient de donner une place de choix à l’ESS en termes de dispositifs, de politiques publiques pour appuyer le maintien et développement de toutes ses activités, ses emplois.
Le SRDEII a pour ambition de favoriser le développement économique harmonieux de la région. En matière de gestion prévisionnelle territoriale des emplois et des compétences, il y a lieu de mentionner le besoin d’un service public régional de formation professionnelle, dynamique et attentif à toutes les mutations économiques en cours, aux besoins des territoires, des personnes tant sur le plan de l’accompagnement social et professionnel car les évolutions qui s’accélèrent dans le cadre de la fusion Auvergne – Rhône-Alpes à la fois technologiques, commerciales et sociétales appellent à la formation tout au long de la vie. Le SRDEII devra préserver ou créer, outre les observatoires de branches et la qualité et l’implantation des grandes écoles et Universités, un réseau stable et reconnu de ressources en formations et qualifications professionnelles pour toutes les personnes en âge de travailler, et ayant quitté l’école ou l’apprentissage.
Enfin nous considérons que pour traduire cette ambition régionale au service de l’emploi, des salariés, des acteurs économiques, des territoires et des populations, l’intervention publique en région doit rompre avec la politique de guichets mais se contractualiser avec des indicateurs, des engagements, des contreparties pour l’accroissement de l’investissement, des activités, des emplois, du dialogue social. Le SRDEII devra donc confirmer les objectifs : financement des politiques publiques et intérêt général, mise sous conditionnalités de l’intervention publique.
A partir de points de convergence entre l’avis et certaines de nos propositions, nous voterons l’avis.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1207