Des réponses contradictoires à la crise sanitaire
Elle freine momentanément ces évolutions : l’Etat et l’Europe met en sourdine (« Quoi qu’il en coûte ! ») leur politique d’austérité en matière de finances publiques et de dettes.
Elle les favorise, en donnant prétexte à accélérer les réformes en cours, par exemple dans la santé (fusion public-privé dans les groupements territoriaux…) ou dans l’éducation (autonomie des établissements, recul du caractère national des diplômes…). L’extension du télétravail va justifier de nouvelles suppressions de postes, et de droits…
Elle révèle l’ampleur de la déstructuration sociale déjà opérée, la multitude de situations « limites », tant en termes d’activités (hors « travail classique ») qu’en termes de revenus (économies informelles).
Elle révèle les limites de l’exploitation sans fin du travail et de la Terre, en mettant en lumière les liens entre pandémies, modes de vie, pauvreté, climat, dominations économiques…
Elle met au premier plan de l’actualité :
• Celles et ceux qui rendent possible la vie en société, et même la vie tout court.
• Le caractère incontournable de services publics soustraits à la loi du profit privé.
• La nécessaire maîtrise de la production industrielle des biens et services et sa transformation pour répondre aux exigences sociales et environne-mentales.
Elle confirme que c’est bien le travail (raison d’être de la CGT !) qui est l’élément-clé du lien social et qu’il est nécessaire d’en retirer le contrôle au capital pour le confier à une démocratie sociale et citoyenne.
Le covid 19, une crise mondiale, des égoïsmes nationaux
Au niveau mondial, on estime à 332 millions le nombre d’emplois perdus, sans compter les emplois informels (60% des emplois). Il n’y a aucune action concertée au niveau de l’ONU. Alors que les conséquences sociales, économiques sont les plus importantes dans les pays les plus pauvres, les plans de relance sont concentrés dans les pays riches, par ex USA : 2000 Md$ / Inde : 10 Md$.
En Europe, un plan de 1300 Md€ auquel s’ajoute le budget communautaire de 1100 Md€ a été décidé. Il sera financé par des emprunts propres et sera réparti dans les différents pays.
Le plan de relance en France
Ce plan couvrira la période 2020 -2022. Il doit donner lieu à une large concertation avec 8 blocs d’interlo-cuteurs identifiés, les « partenaires sociaux » constituant l’un d’eux au coté des « experts », des « économistes », des représentants des filières. Le Comité de suivi national sera décliné au niveau local dans un Comité de suivi régional, regroupant Services de l’Etat, Représentants des collectivités locales et Partenaires sociaux, Ce comité n’est pas conçu comme lieu de propositions et de choix des projets mais comme un lieu de suivi.
Un « souci d’efficacité et de rapidité », qui se réduit à de nouvelles simplifications et l’ occasion d’accélérer la « réforme de l’Etat » et la réduction des normes.
Un plan régional construit sur des redéploiements budgétaires et la communication
L’investissement plutôt que le fonctionnement : les budgets vont vers le « béton et le bitume, le canon à neige et la caméra de sécurité ».
La politique de guichet : le choix de diminuer le fonctionnement conduit à limiter les capacités d’analyse, de stratégies, d’engineering et de contrôle de la Région, ce que Wauquiez appelle un choc de simplification. De plus l’idéologie politique de la Région conduit à refuser toute vision globale pour privilégier une politique de guichet : les élus, les entreprises obtiennent des fonds sans regard d’ensemble de la région, ni coordination.
Une idéologie faisant des acteurs économiques les seuls garants de l’intérêt général, une construction des dispositifs et des politiques économiques et agricoles construites en fonction des attentes de sa clientèle politique (entreprises, élus locaux, FNSEA, chasseurs…) sans aucune contrepartie ni condition.
Une communication primant sur le reste : les panneaux, les annonces de milliards déversés, un affichage sur l’environnement, ex le réseau routier , le tout en reprenant un vocabulaire proche de l’extrême droite « la préférence régionale », une communication où les mots sont mensongers et contredits par la réalité, ex sur les engagements écologiques.
Une pensée globale pensant la région comme leader en tout, comme si nous vivions sur une île.
Wauquiez annonce 3 milliards pour son plan : La région prévoyant d’y consacrer 1 milliard sur plusieurs années, les 2 autres sont fondés sur des estimations d’effets de leviers. Pour l’instant, il s’agit de 294 millions, essentiellement des redéploiements de dépenses non réalisées (les investissements pour la fibre) et de financements nationaux et euro-péens, le budget 2021 étant identique à celui de 2020.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1585