En organisant un report modal massif des marchandises de la route vers le fer, le projet Lyon-Turin contribuera à maîtriser la croissance des trafics de poids lourds en transférant une partie des trafics actuels de marchandises.
Depuis 2004, la part modale du fret ferroviaire pour le transport de marchandises est passée en France de 14 % à un peu moins de 10 % au détriment du trafic routier. Cette situation a conduit à mettre près de 2 millions de camions supplémentaires sur les routes. Sur la Vallée de la Maurienne, 1,5 millions de camions par an circulent avec des dégradations très importantes au niveau des routes et de l’environnement.
Le Lyon-Turin vise à transférer sur le rail une partie significative du trafic de marchandises avec des prévisions de l’équivalent de 700.000 camions dès 2020 et 1 million lorsque l’intégralité du projet aura été réalisée. Nous sommes, aujourd’hui, consultés sur l’enquête publique qui devrait déboucher après consultation, sur la réalisation de ce projet, vieux depuis plus de 20 ans.
Ces deux premières phases constituent le périmètre de l’enquête publique.
Nous regrettons que notre consultation ne soit pas réalisée sur l’ensemble du projet.
Une première phase de réalisation des accès français de la nouvelle liaison Lyon-Turin sera constituée d’une ligne mixte voyageurs et fret entre Lyon et Chambéry avec une mise en service au plus tard à la mise en service du tunnel de base franco-italien, environ 2020. La mixité de cet itinéraire, avec ensuite le raccordement sur la ligne historique, ne permettra qu’une progression modérée du fret ferroviaire en raison de contraintes fortes de gabarit et de capacité sur l’axe.
Une deuxième phase sera constituée d’une ligne nouvelle dédiée au fret entre Avressieux et Saint Jean de Maurienne, avec la réalisation du premier tube des tunnels sous les massifs de Chartreuse et Belledonne / Glandon. Estimation de la réalisation à partir de 2025.
La CGT à l’origine du projet Lyon – Turin porte la revendication du report modal avec comme priorité le fret ferroviaire et la SNCF comme acteur public. Nous sommes interrogatifs : Cette volonté est-elle partagée avec cette consultation ?
En effet, rien ne nous garantit qu’une fois les travaux finis dans le cadre de la phase 1, la phase 2 se réalise.
L’amélioration de l’itinéraire mixte Lyon – Chambéry remplissant sa mission en direction des voyageurs et en connexion avec la ligne historique fret, nous craignons que les pouvoirs publics diffèrent la phase 2 sous divers prétextes et vident de son contenu le projet Lyon – Turin qui doit prioritairement être accès sur le transport.
C’est pour cette raison que nous proposons que l’étape 2 précède l’étape 1 afin de nous garantir la totalité de la réalisation de cette nouvelle infrastructure permettant un véritable essor du rail. Un itinéraire fret à grand gabarit de bout en bout doit être réalisé le plus vite possible. En inversant les phases, nous nous mettons dans une situation positive et portons un geste fort en direction du fret et des habitants de la Vallée de la Maurienne qui voient une lueur d’espoir pour leur cadre de vie.
De plus pour une cohérence du projet, il est nécessaire de réaliser le Contournement Ferroviaire de l’Agglomération Lyonnaise dans sa totalité ainsi que les équipements de plateformes multimodales sans lequel le projet Lyon – Turin lui-même, ne pourrait trouver toute sa mesure.
Ce projet pose aussi la question du financement qui n’est pas abordée dans notre avis. De nombreuses collectivités rhônalpines, à travers les protocoles de 2002 et 2007, se sont engagées à participer au financement aux côtés de l’Etat et de RFF, des infrastructures d’accès au tunnel de base. La Région Rhône-Alpes y prend une part significative puisqu’elle assumait, dans ce cadre 70 % des 924 millions d’euros. Nous nous félicitons de ce montage financier qui contrairement à d’autres projets ferroviaires sera un financement 100 % public.
__
Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article859