Intervention de la Cgt au CESER
Dans un contexte national de tensions politiques et budgétaires, alors que notre pays fait face à une vague de casse industrielle et que la situation de l’emploi est catastrophique dans de nombreuses filières : automobile, sidérurgie, construction… Ce sont les salarié-es et les retraité-es à qui l’on demande à nouveau de payer l’addition du déficit creusé depuis de nombreuses années et particulièrement depuis 7 ans au bénéfice des grandes entreprises, de leurs actionnaires et dirigeantes.
Malgré l’affichage de la hausse des impôts pour les plus riches et pour les entreprises, la CGT dénonce des mesures cosmétiques qui servent d’écran de fumée pour cacher de nouvelles décisions austéritaires pour la vie des travailleurs et travailleuses.
Dans un contexte régional où, AURA, première région industrielle de France (600 000 emplois) est elle aussi fortement impactée par les menaces sur l’activité économique : 50 PSE dénombrés en 2024 avec des menaces sur 4500 emplois, et d’autres à venir en 2025, ce sont là aussi les salarié-es qui seront les premiers affectés.
Prenons pour exemple la fermeture annoncée de l’entreprise VENCOREX en Isère qui non seulement impactera le site mais également d’autres entreprises et des sous-traitants. Il ne s’agit pas seulement de promouvoir la relocalisation industrielle encore faut-il mettre tout en œuvre pour garder nos fleurons industriels.
Dans le même temps, l’exécutif régional poursuit son exercice d’autosatisfaction en affichant une nouvelle progression de l’épargne brute en section de fonctionnement pour atteindre 768 millions d’euros.
Il se targue aussi : « D’un recentrage sur les politiques obligatoires et à fort impact, limitation des budgets à euros courants sans tenir compte de l’inflation, gel de certaines dotations versées, contribution des partenaires à l’effort d’économies…sont autant de décisions courageuses destinées à conserver un fort niveau d’investissement » SIC.
L’exécutif régional se targue de ce recentrage mais joue immédiatement le bon élève en participant bien volontiers par un abondement de 33M€ au fonds de réserve participant « au redressement des comptes publics » demandé par feu-le gouvernement Barnier.
Nous espérons que cette enveloppe pourra retourner auprès des administrés de notre territoire dès 2025 sans que le gouvernement suivant ne récupère cette fausse bonne idée.
Peu importe si cette gestion doit mettre en difficulté un certain nombre de bénéficiaires (communes, Départements, Offices de logement sociaux) qui attendraient depuis des mois le versement de fonds FEDER en provenance de la Région si on se réfère à certains articles de presse récents. Ces bénéficiaires, ne l’oublions pas, sont aussi des acteurs du service public.
Concernant la formation professionnelle, qui est pourtant une compétence de la Région, force est de constater une nouvelle baisse du budget alors que les besoins sont immenses au regard de la situation de l’emploi et des transitions industrielles.
Alors que le PRIC (Pacte Régional d’Investissement dans les Compétences) connait déjà une baisse drastique alors qu’il doit s’adresser aux publics les plus éloignés de l’emploi et aux métiers en tension, la Région annonce avoir besoin de temps supplémentaire pour agir, alors que durant les négociations qui n’ont pas abouties, des travaux préparatoires très avancées ont eu lieu.
Là aussi, ce sont les salariés et demandeurs d’emploi qui font les frais de la politique régionale, qui persiste à ne vouloir financer que le volet de l’adaptation de l’outil de formation et non celui des formations avec notamment la suppression du financement du DAEU (Diplôme d’Accès aux Etudes Universitaires).
Au sujet de l’enseignement, nous constatons l’élargissement de l’expérimentation à 8 nouveaux lycées de l’externalisation de l’entretien. Il est nécessaire que la Région apporte les conclusions de la première phase d’expérimentation avant d’envisager son élargissement.
Toujours au sujet de l’enseignement, la Région ambitionne de renouveler en 2025 l’appel à projets « soutien au développement territorial de l’enseignement supérieur » dans un objectif de renforcement de l’ancrage territorial en lien avec les besoins des collectivités. L’ancrage territorial de l’enseignement supérieur, la possibilité à des jeunes de pouvoir étudier dans des villes hors des métropoles, la dynamique territoriale induite par la présence d’antennes universitaires sont des dimensions que nous partageons totalement.
Nous alertons donc la Région sur la situation du campus de Moulins, qui risque de fermer en 2025, supprimant brutalement la possibilité à 400 jeunes de se former dans l’Allier. De nombreuses autres antennes dans les territoires sont dans la même situation.
Concernant le volet transport, nous prenons acte de la création de la SPL, néanmoins une autre gestion aurait apporté davantage de garanties sur la maitrise et le contrôle des fonds publics et éviter une accélération de l’ouverture à la concurrence qui ne résoudra en aucune façon les problèmes du TER : en effet, transférer à la SPL du matériel roulant amianté (encore en activité sur la Région) qui ne peut être transféré à un autre opérateur aura des coûts importants qui ne sont pas pris en compte.
Nous ne pouvons que rappeler les conclusions du rapport de la chambre régionale des comptes concernant le matériel roulant qui estime le déficit à au moins 30 rames. Ce déficit est bien la conséquence du manque d’investissement de l’exécutif régional depuis plusieurs années.
Bien que les fonds alloués à la SPL gonflent le budget investissement de la Région les montants annoncés ne sont pas à la hauteur et dénote un manque de volonté de l’Etat et de la Région qui aura des conséquences directes. Dans une période où la transition écologique est mise en avant par nos politiques il y a là encore un delta très important entre les paroles et les actes.
Au-delà de la demande d’une définition des critères d’évaluation de son activité et de la qualité de service apporté mentionnée dans l’avis, notre groupe demande une saisine de la Région concernant la création de la Société Publique Locale afin d’apporter une meilleure compréhension des différents enjeux à court, moyens et longs termes de cette décision.
Nous partageons les observations du CESER concernant les interrogations liées au chapitre de l’économie sociale et solidaire dans une pratique alternative au marché, permettant un autre rapport au travail des salariés et aux bénéficiaires, devant être promue comme un levier de transformation économique, sociale et écologique au cœur des territoires et un facteur de cohésion sociale.
Nous partageons également les interrogations du CESER sur le volet ressources humaines.
La CGT votera l’avis