Comme tous les ans, le budget de la Région Auvergne Rhône Alpes se partage entre communication et flou sur les chiffres.
Un budget de « premier de la classe » bien loin de la réalité des habitants
Ainsi que l’a rappelé Etienne BLANC lors de sa présentation à la commission 10, le budget primitif 2020 de notre Région s’inscrit dans la « droite ligne des précédents »
L’Exécutif régional poursuit son exercice d’auto-promotion, s’appuyant sur le rapport de la Chambre régionale des comptes sur les finances locales de septembre 2019, pour s’autoproclamer meilleur élève de la Nation concernant la baisse des dépenses de fonctionnement et se mettant en concurrence avec d’autres régions : Ile de France et Hauts de France. Nous nous permettrons donc de rappeler que la Région, en tant que collectivité territoriale est au service de l’intérêt général, et non au service de l’agence de notation standard and poors ou de certains lobbyings financiers.
Il est aussi utile de rappeler que le budget communication de la Région est au service des citoyens d’AURA, et qu’une campagne publicitaire dans le métro parisien n’est peut-être pas la cible prioritaire.
De même, la promotion de la politique régionale devrait valoriser aussi, le travail des 9000 agents qui mettent en œuvre au quotidien ses projets, et non pas l’action de son seul président..
Un »greenwashing » régional
S’agissant du rapport qui sera présenté en assemblée régionale, nous saluons l’effort des services avec l’élaboration d’un tableau de dépenses par sous fonctions mais il aurait été plus efficient de rappeler certains chiffres au sein des différents chapitres pour faciliter la compréhension et la lecture.
Concernant les dépenses de fonctionnement, les 2 axes transversaux choisis pour valoriser l’action de l’Exécutif ne sont pas neutres à un an de la fin du mandat puisque l’environnement et la sécurité seront vendeurs, électoralement parlant.
Néanmoins, certains domaines thématiques restent peu accessibles. Ainsi, concernant la formation professionnelle, nous prenons note que la nouvelle baisse de dépenses de fonctionnement provient essentiellement de la recentralisation de la compétence apprentissage. Cependant, le manque de transparence relatif aux 200 millions budgétés dans la rubrique « autres » est préjudiciable, non seulement à la compréhension, mais à la lisibilité et la transparence des politiques publiques. Il est néanmoins permis de penser que la création de l’agence régionale d’orientation figure à ce chapitre.
Concernant les dépenses d’investissement, nous notons la hausse concernant le sport et la culture : +13,8 millions, ainsi que celle de l’environnement +16,1milliions, même si les efforts ne sont pas à la hauteur des besoins et que l’Exécutif poursuit parallèlement le financement des canons à neige, ce qui est pour le moins paradoxal, compte tenu de l’urgence climatique. Autre paradoxe sur un budget d’environ 80 millions concernant l’agriculture, 3 uniquement concernent le bio, la région qui aime multiplier les podiums est beaucoup plus discrète lorsque nous apprenons qu’elle est passée de la première région bio de France à la 3ème….
Les choix nationaux mettent en difficulté les recettes régionales
En ce qui concerne les recettes, nous prenons en compte le non-respect des engagements de l’Etat sur la compensation de la recentralisation de l’apprentissage et de la baisse de certaines dotations. La finalité de ces baisses continues, ne serait-elle pas pour l’Etat de mettre les collectivités territoriales sous tutelles, tout en se désengageant de ses compétences ?
Le transfert des pôles de compétitivité en 2020, certes revendiquée par l’association des Régions de France, entraine néanmoins, la disparition de la coopération Etat/région, et revient peu ou prou à régionaliser l’innovation, donc renforcer la concurrence et la compétitivité des territoires.
Les recettes de la Région sont essentiellement constituées de la CVAE, donc la santé économique et la TVA, donc la consommation, ce qui laisse peser des inquiétudes sur l’avenir en cas de crise économique.
Nous notons l’augmentation de la CVAE de 2%, première ressource régionale, pour la CGT, elle devrait être profondément réformée tant par son assiette que par son élargissement à toutes les entreprises.
La Cgt demande des investissements socialement et écologiquement utiles
L’urgence serait de mettre en place un pôle financier public régional qui intègrerait la Banque des territoires, la BPI et l’urgence serait de réorienter les investissements écologiques, sociaux, dans la recherche et le développement compte tenu des taux historiquement bas.
L’urgence serait d’investir non seulement dans les infrastructures, mais aussi dans l’humain, : Investir des millions d’euros dans la vidéo surveillance permettra certes d’arrêter certains agresseurs, mais investir sur l’emploi aurait peut-être permis d’éviter à certaines personnes d’être agressées. Sanctuariser les lycées par l’installation de portiques, revient à reporter à l’extérieur de l’établissement l’insécurité, mais n’apporte aucune plus-value sur le vivre ensemble au sein d’un quartier ou l’aménagement de son territoire.
A ce titre, le SRADDET est une illustration de cette politique ambivalente : un schéma censé être prescriptif, le rendant opposable au document de rang inférieur mais qui entretient un flou peu artistique pour près de 50% des contributeurs à l’enquête publique.
Par ailleurs, Monsieur BLANC a annoncé le 11 décembre vouloir saisir le CESER pour la poursuite de la simplification, voire un choc de simplification et une rationalisation des services. Simplifier ne rend pas tout transparent et équitable, la CGT sera vigilante à ce que l’action publique ne se réduise pas à une rédaction de chèques, sans intermédiaire, ni ingénierie, mais avec un contrôle de l’argent public exercé par des fonctionnaires. Le statut est le garant de l’indépendance des fonctionnaires vis-à-vis du marché et des politiques.
Dans cette attente, la CGT votera l’avis du CESER.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1521