Dans le Puy de Dôme, à Riom : la SEITA doit vivre !
Le syndicat Cgt de la SEITA est mobilisé, en intersyndicale avec l’UNSA, face à l’annonce de la fermeture de la dernière usine de production de cigarettes du pays et le dernier centre scientifique de contrôle.
Un comité de soutien a rapidement vu le jour et regroupe notamment les planteurs, les salariés de l’usine et du centre de recherche d’Orléans, les débitants de tabac, et la population.
La Fédération Cgt de l’Agro, l’UL de Riom, l’UD et de nombreux syndicats du département soutiennent cette lutte et le projet d’une filière tabacole reprise en main par l’état.
L’emploi est évidemment au coeur de cette bataille, mais le tabac n’est pas un produit comme les autres, il est donc aussi question de santé publique !
Prochaine étape, une grande mobilisation se construit pour le 16 février, avec rassemblement à 10h00 devant l’usine et manifestation à Riom.
La filière tabac c’est quoi ?
Les planteurs de tabac,
les usines de transformation industrielle, le traitement des pré-mélanges (Le Havre), une usine de transformation en produits commercialisables (Riom) et et un centre de contrôle et d’analyses (Fleury-Les- Aubrais)
La distribution en gros par Logista filiale d’Imperial
Les buralistes
A quels problèmes les différentes catégories de professionnels sont-elles confrontées ?
Les planteurs déjà affaiblis par la suppression des aides de la PAC, ont vu leurs surfaces divisées par deux, en 10 ans, le désengagement d’Imperial, acheteur historique, au profit de pays tiers à bas coût de main d’œuvre et à la traçabilité douteuse, risque de leur porter un coup fatal. Dans d’autres pays d’Europe les Etats s’attachent à préserver les capacités de production agricoles de tabac sans négliger pour autant la question sanitaire liée à sa consommation.
La disparition de la dernière manufacture et du centre de contrôle de Fleury-Les -Aubrais frapperait les salariés et les économies locales gravement. On peut chiffrer les conséquences directes et indirectes sur Riom et sa région à près de 600 emplois.
De plus la moyenne d’âge des salariés de l’usine est très basse entre 40 et 45 ans. Commerces, recettes publiques, en baisse…
L’activité de Logista filiale d’Imperial, distributeur en gros de tous les produits du tabac (locaux et importés), pourrait être élargie à une multitude d’autres produits, rendant la traçabilité du parcours des produit moins lisible.
La vente au détail (buralistes)encore règlementée par l’Etat, souffre d’une absence de son intervention sur la contrebande, la contrefaçon et les achats transfrontaliers des produits du tabac, estimés à près de 30% des produits fumés en France.
Ceux-ci sont littéralement dopés par l’écart de prix existant entre les produits français et ceux des pays limitrophes qui sont de 20 à 35% moins chers. Les raisons sont à chercher vers une croissance des prix trop rapide en France par rapport aux pays limitrophes.
Si le plan était mis en œuvre quelles seraient les conséquences sur la filière ?
La filière tabac serait amputée de toute sa partie centrale ce qui isolerait les planteurs d’un côté, et la logistique et vente au détail de l’autre. Les planteurs seraient soumis à une concurrence internationale directe tirant au minimum les prix. Les lobbys de la grande distribution exerceraient une pression maximum pour obtenir les autorisations de vendre les produits du tabac dans les moyennes et plus grandes surfaces. Obtenir le droit de vendre des cigarettes comme produits d’appel est inscrit dans leurs projets au détriment des buralistes dont c’est le fonds de commerce et l’essentiel de leurs revenus.
La France est le seul pays à produire des paquets neutres. Le transfert de 110 emplois vers la Pologne et l’Allemagne signifie qu’on irait produire des paquets neutres dans ces pays, qui n’en vendent pas, au détriment de nos emplois et territoires pour les ramener ensuite vers la France sans contrôle aucun au mépris des circuits-court et de la santé des fumeurs.
Avec le démantèlement de la filière le pouvoir de maîtriser les évolutions de l’usage du tabac échapperait totalement à l’État. Les leviers contenus dans une filière complète et qui permettraient de tracer le parcours des produits du tabac, comme c’est le cas pour d’autres produits moins controversés, de contrôler et d’analyser les produits importés et produits en France disparaitraient avec ce plan de fermetures et de licenciements.
En quoi le maintien de la filière serait-elle utile au recul de l’usage du tabac ?
L’Etat est signataire d’une convention cadre pour la lutte anti-tabac (CCLAT) ratifiée par 173 pays à l’initiative de l’Organisation Mondiale de la Santé. Cette convention recommande que ce soient les États qui pilotent les processus et déterminent les moyens, y compris économiques, nécessaires pour faire reculer durablement la consommation du tabac. Ce n’est donc pas aux transnationales de gérer cette contradiction tabac/santé car elles n’ont qu’une vocation : faire remonter le maximum de cash (argent ) pour gaver les actionnaires avec des hausses de près de 15% de leurs dividendes.
L’État doit donc penser aux français qui pourraient se tourner vers l’usage du tabac, aux 17 millions de fumeurs qui ne savent même pas ce qu’ils fument avec les produits importés, les paquets neutres, et ceux des marchés parallèles. Il doit se saisir de tous les moyens en sa possession pour préserver la santé publique et empêcher leur disparition.
Le paquet neutre permet d’accélérer les restructurations des grandes firmes parce qu’il conduit à une standardisation de l’outil de production sans s’attaquer au véritable problème du produit à fumer. Toute transnationale n’est pas garante de l’intérêt général, sa vocation lui impose d’élargir le marché en conditionnant au moindre coût et en fidélisant les fumeurs.
Or réduire le taux des composants qui créent de la dépendance (taux de nicotine et additifs), des sensations agréables par une composition chimique complexe est un véritable enjeu de santé publique.
L’usine de Riom et le centre indépendant de Fleury-Les-Aubrais, contrôlés par les ministères de la santé et du Budget ont les moyens de respecter la fabrication de produits moins nocifs, sans pesticides, moins axés sur la dépendance, et de la faire s’appliquer à tous les produits importés par un contrôle et une analyse préalable de tous les produits.
Logista est aujourd’hui un monopole privé de distribution du tabac qui reste le collecteur d’impôt de la fiscalité nationale du tabac. Il collecte le produit des ventes des buralistes et fait donc transiter de 12 à 14 milliards d’euros chaque année par ses propres caisses. Cela lui permet de conserver ces fonds suffisamment longtemps pour générer entre 30 et 40 millions d’euros de revenus financiers grâce aux fonds publics. Rappel : le taux de fiscalité entre les droits de consommation et la TVA est compris entre 82 et 84% du prix des produits tabac. Cette société doit être placée sous la tutelle du ministère du Budget.
Après l’annonce du plan de fermetures et de licenciements que demandons-nous ?
L’usine de Riom a la capacité de produire la totalité du volume vendu en France par Imperial et l’Etat a les moyens de stopper la casse de l’industrie, des emplois, l’appauvrissement des territoires, et le démembrement de la filière tabac, au nom de l’intérêt général prioritaire que constitue la lutte anti-tabac.
Toutes les réflexions à propos des paramètres liés à la consommation du tabac convergent vers l’arrêt immédiat du plan de fermetures et de licenciements :
L’Etat doit proposer une harmonisation des prix des produits du tabac en Europe et une action anti-tabac coordonnée et contrôlée.
Nous demandons au préalable une intervention de l’Etat pour stopper le plan de fermetures et de licenciements injustifiables économiquement à l’égard de la rentabilité incroyable de la Seita :Sur un paquet de cigarettes, le fabricant, après retiré les taxes et la rémunération des buralistes gagne environ 60 cts. Sur ce gain l’usine de Riom va lui coûter 23 cts dont 4 cts pour la masse salariale. La marge brute sera donc très élevée y compris après les couts d’administration, commerciaux et de Logistique.
La survie de toute la filière tabac,des planteurs aux buralistes, est donc indispensable parce qu’elle possède tous les ingrédients de nature à participer activement à la maîtrise de l’enjeu de santé publique.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1304