Jean-Michel GELATTI (ancien Secrétaire Régional) et moi-même avons participé au 15ème congrès de l’UGT de Catalogne qui s’est déroulé à Terrassa du 6 au 8 avril dernier.
Nous ne traiterons ici que de la 5ème rencontre syndicale internationale qui s’est déroulée en marge d’un Congrès qui a vu l’élection d’un jeune et nouveau Secrétaire Général en la personne de Matias CARNERO.
Trois thèmes étaient à l’ordre du jour de cette rencontre : Les réfugiés
La mobilité des travailleurs au sein de l’Europe
La TTIP (qui a déjà été traitée dans le N°703 du Bulletin de l’UD de septembre 2015)
Un mot tout d’abord sur le contexte
Comme les Commissions Ouvrières (CCOO) d’Espagne, la CGT-P du Portugal, et une multitude d’autres confédérations de part le monde, l’UGT avait envoyé à Philippe MARTINEZ « tout (son) soutien envers les mobilisations que (la CGT) a initiées dans toute la France. Vos raisons sont les nôtres, puisque nous avons subi et nous subissons toujours les conséquences d’une réforme du marché du travail très régressive depuis 2012. Nous vous transmettons un grand succès dans vos mobilisations…et transmettons notre solidarité aux travailleurs français ».
Et cette solidarité s’est encore traduite le 28 avril (nouvelle journée d’action contre la loi Travail), par un rassemblement de luttes à la frontière espagnole au col du PERTHUS où CCOO et UGT sont venus rejoindre nos camarades en luttes.
Premier thème abordé : la question des réfugiés
C’est un sujet complexe, aux multiples pièges dont le moindre n’est pas celui d’une confrontation entre « les pauvres d’ici et ceux de là-bas. Quelques extraits du débat : Le Bade Wurtemberg région allemande avec laquelle nous sommes en partenariat a accueilli (chiffre fin 2015) 185.000 réfugiés (34% de syriens, 21% d’irakiens, 21% d’afghans) à la moyenne d’âge de 23 ans. Chiffre à mettre en parallèle avec l’objectif (non atteint) de la France d’en accueillir… 30.000.
Le constat partagé par tous les participants que le racisme et la xénophobie, à des degrés divers, sont en constante et inquiétante progression. Objectivement les pays les plus touchés par ce cancer sont des pays de l’est, au catholicisme le plus pratiquant, et à forte histoire de réfugiés (Pologne, Hongrie, Slovaquie, …). Il y a les pays comme la France, l’Italie, l’Espagne qui ont à la fois des écrits et des agissements moins violents, mais qui détournent la tête, et ne font rien ou si peu. Il y a enfin les pays plus accueillants (Allemagne, Danemark) qui constatent que la venue des réfugiés a eu un impact positif sur leur économie.
Et il y a eu ce témoignage fort d’un fils de réfugiés espagnols nous rappelant qu’il ne faut pas avoir la mémoire courte ou sélective. Nous européens ballottés par Hitler, Mussolini ou Franco avons eu également un passé et une histoire indélébile de réfugiés.
Deuxième thème : La mobilité des travailleurs au sein de l’Europe
Derrière ce mot mobilité il y a des chiffres, des femmes et des hommes : 1.200.000 transfrontaliers en Europe. 90.000 italiens se rendent quotidiennement au travail en Suisse, en Slovénie, à Saint Marin ou en France. 300.000 travailleurs dont 100.000 français se rendent quotidiennement au travail à Genève.
Nous devons donc syndicalement plus et mieux travailler cette réalité en construisant ensemble des droits nouveaux (égalité de traitement dans les pays d’accueil) et en mettant fin aux abus des directives dites de détachement.
Pour cela nous avons des outils : nos CSI-R (Conseil Syndicaux Inter Régionaux), et des programmes de la CES.
Ce genre de débat tel que celui que nous avons eu, ouvre incontestablement en plus grand la porte « des possibles ».
Troisième thème enfin : la TTIP
Il y aurait pu avoir (entre autres) une …intéressante joute oratoire entre notre CGT et les TUC d’Angleterre d’une part et le représentant de la Commission Européenne d’autre part. Mais ce « courageux » sire, s’est contenté de vanter tous les (soit disant) bien fait d’une politique ultra libérale entre l’UE et les USA avant de prétexter je ne sais quel rendez-vous pour ne pas assister au débat. Il parait, aux dires de ceux qui pratiquent ces gens-là, que ces départs libéralo-couards sont fréquents.
Nous avons néanmoins affirmé (après son départ) que nous nous félicitions que l’AFLCIO et la CES aient décidé de renforcer leur coopération pour freiner les prétentions des multinationales, et retenir le bras coupable des gouvernements européens et des USA prêts à signer ce funeste traité.
Cette 5ème rencontre internationale a permis que nous manifestions au-delà des frontières, notre volonté de mieux travailler ensemble la défense des droits humains, la justice sociale, les questions de paix, de liberté et de démocratie.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1176