Cher-e-s Camarades, cher Laurent,
Dans nos vies de militants, c’est souvent dans les moments les plus difficiles que nous pouvons être fiers de notre outil CGT. Par ses valeurs de combativité, de pugnacité, de solidarité et surtout de fraternité, toute la CGT est présente lorsque l’un de ses militants est agressée.
Une agression caractérisée par une justice de classe.
Laurent, secrétaire général de l’Union Départemental de l’Allier est accusé de diffamation publique.
L’UD CGT de l’Allier et son Union locale de Montluçon ont dénoncé les conditions de travail subies par près de 200 salariés de l’entreprise « Environnement Recycling ».
Accidents du travail à répétition, exposition aux poussières et substances toxiques, fatigue extrême, pneumopathie, saignements de nez et crachats sanguins, cette liste des premières atteintes constatées à la santé de ces salariés est accablante. Une enquête sérieuse initiées par la CGT met en évidence une exposition à la toxicité de 28 métaux lourds…
Ce n’est pas Laurent qui devrait être au tribunal aujourd’hui mais bien « Environnement Recycling »
La culture du déni du mal travail non seulement empêche toute politique de prévention mais en plus encourage la répression de celles et ceux qui mettent en lumières les réalités.
De la plus petite entreprise jusqu’au grand groupe, les risques de santé, de production, les risques industriels, environnementaux et bien d’autres ne sont traités que comme des risques juridiques. Plutôt que de supprimer le risque, on le « gère » en mettant en place des dispositifs qui permettront de ne pas en endosser les conséquences. Et même de réprimer les donneurs d’alerte comme nous le constatons aujourd’hui.
La remise en cause des CHSCT comme instance à part entière va amplifier cette tendance.
Les recours à la sous-traitance, la politique de filialisation, la communication interne n’ont que trop souvent l’ambition unique de dégager le donneur d’ordre de ses responsabilité pour tout sinistre. C’est ce que les parties civiles lors du procès d’AZF (le 4ème procès, 17ans après l’explosion) ont porté en faisant le lien avec le naufrage de l’Erika.
Si les explosions et les marées noires sont les conséquences les plus spectaculaires, elles ne sont que les parties les plus visibles d’un immense iceberg et « Environnement Recycling » est partie intégrante de cet iceberg. Ces catastrophes n’ont pas été évitées et les victimes sont embarquées dans des procédures de plusieurs décennies pour obtenir réparation.
Il en est de même pour l’amiante qui empoisonne la population depuis plusieurs générations et qui n’a toujours pas disparu de notre quotidien.
La véritable prévention doit partir du travail dans un dialogue sans tabou entre tous les acteurs du travail sans peur de la confrontation C’est à dire oser la controverse sur la qualité du travail.
Il faut agir sur le travail lui-même, le transformer afin de lancer une dynamique de santé pour toutes et tous.
Il est nécessaire de renverser la politique de santé, pour la tourner essentiellement non plus vers la réparation, mais l’engager résolument dans la prévention, l’éducation, la promotion du travail et de la santé. Le bien-être, la santé de toutes et tous n’est pas un « coût ». C’est un investissement pour une société meilleure.
Les discours du gouvernement et du patronat prône vers une santé au travail axée sur la prévention mais les actes vont vers un tout autre sens.
Comment peut-on promouvoir la prévention en enlevant en même temps les moyens aux acteurs publics de fonctionner. L’INRS et les CARSAT, l’ANACT et son réseau d’ARACT comme bien d’autres subissent des coupes franches de leur budget de fonctionnement alors que ce sont les principaux acteurs de la prévention.
Pourtant la branche ATMP de la sécurité sociale est une nouvelle fois excédentaire cette année, et c’est un combat de la CGT pour que cet excédent soit orienté pour financer la prévention tout ,en maintenant le haut niveau de réparation dont ont droit toutes les victimes du mal travail.
Le Plan Santé Travail n°3 a décidé la mise en œuvre d’une véritable politique de prévention avec des déclinaisons dans les territoires. Mais la où l’on peut enfin parler du travail et de prévention, les principaux acteurs de ce travail n’ont toujours pas les moyens d’y participer.
Mon cher Laurent, au nom de la confédération, je t’adresse à toi et ton entourage tout le soutien fraternel et solidaire de la confédération dans ces moments difficiles.
Le patronat en voulant masquer le mal travail exerce une pression permanente sur le monde du travail et les militants de la CGT qui le défende. Et s’attaquer à un militant de la CGT s’est s’attaquer à toute la CGT. C’est pour cela que nous sommes toutes et tous ici avec toi, avec les camarades de Montluçon, les camarades de l’Allier des régions Auvergne et Rhône Alpes comme de toute la France pour te soutenir dans cette épreuve et obtenir une véritable justice sociale.
Et comme va le réaffirmer Agnès tout de suite, exigeons ensemble l’abandon de toutes les procédures engagées à l’encontre de Laurent, sa réintégration dans ses droits et sa dignité.
Exigeons le vote d’une loi d’amnistie pour réparer les sanctions, les condamnations honteuses, les atteintes aux libertés de touts les salariés, militants victimes de l’arbitraire patronal.
La CGT ne laissera jamais un salarié au bord de la route. Nous avons toutes et tous le droit de vivre dans et par notre travail sans dégradation de notre santé. Le travail ne doit pas être une souffrance mais un lieu de construction de soi où l’on trouve sa place dans la société.
Ensemble, donnons de la voix, pour toute la CGT qui défend ces valeurs et plus particulièrement Laurent aujourd’hui qui est visé par la répression patronale.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1415