En ce moment, 20 millions d’habitants de 3 pays d’Afrique sont victimes d’une famine d’une ampleur inégalée depuis la deuxième guerre mondiale
En ce moment, 8 personnes sur la planète détiennent autant de richesses que la moitié la plus pauvre de la population mondiale.
J’emprunte le préambule suivant à Aminata Traoré ancienne ministre de la culture du Mali et intellectuelle engagée, dans son ouvrage « l’Afrique humiliée » :
“Nous, peuples d’Afrique, autrefois colonisés et à présent recolonisés à la faveur du capitalisme mondialisé, ne cessons de nous demander : que sommes-nous devenus ?
Les pays riches ont peur de notre présence quand elle n’est pas susceptible d’ajouter à leur avoir, peur de nos différences quand elles sont trop visibles. Inutiles, les nouveaux naufragés entassés sur des embarcations de fortune, supposées les conduire vers la terre ferme de l’Europe. Invisibles, les désespérés qui traversent l’enfer du désert. Indésirables, ceux qui, menottes aux poignets, sont reconduits dans leur pays d’origine.
Mais l’humiliation du continent africain ne réside pas uniquement dans la violence à laquelle l’Occident nous a habitués. Elle réside également dans notre refus de comprendre ce qui nous arrive. Car il n’y a pas d’un côté une Europe des valeurs et du progrès et de l’autre une Afrique des ténèbres et des malheurs. Cette vision, que certains d’entre nous ont tendance à intérioriser, vole en éclats dès l’instant où l’on touche du doigt les mécanismes de la domination, de la paupérisation et de l’exclusion.
Le défi auquel nous faisons face aujourd’hui, c’est d’imaginer des perspectives d’avenir centrées sur les êtres humains. Une réappropriation de nos destins qui fait appel à nos langues, à nos repères, à des valeurs de société et de culture qui nous sont familières.”
Ce texte éclaire la complexité des enjeux auxquels la commission s’est confrontée en élaborant cette contribution limitée à l’Afrique francophone subsaharienne
La contribution qui nous est soumise a été nourrie de riches auditions et rencontres. Les nombreux acteurs engagés dans la coopération, le commerce, le développement nous ont permis de toucher du doigt une réalité complexe, mouvante où se côtoient l’espoir d’une vie meilleure porté par une jeunesse nombreuse, engagée et de grandes inquiétudes pour l’avenir, liées aux conflits et menées terroristes.
Le groupe CGT partage les analyses et les préconisations présentées.
Nous pensons en effet qu’il est nécessaire
de s’extirper d’une exécrable « Françafrique » toujours beaucoup trop présente dans les faits, actes, décisions et contrats, malgré toutes les promesses faites au cours des deux derniers quinquennats
de privilégier une approche PME par pragmatisme en tenant compte qu’une partie croissante d’un ressenti négatif envers la France, notamment parmi les plus jeunes, est en partie dû à l’omniprésence des multinationales françaises (Total Bolloré, Areva, …) en proximité coupable avec un pouvoir parfois antidémocratique et corrompu bien souvent en rupture totale ou partielle avec son peuple : Congo Brazzaville, Cameroun, Tchad, Côte d’Ivoire.
de s’appuyer sur ce qui fait la vraie spécificité française et une vraie richesse croisée (Histoire, langue, culture, textes législatifs proches, …). Cela peut permettre une entrée « Business » qui repose certes sur une recherche de profit mais aussi indispensablement sur quelques valeurs et engagements éthiques : respect des textes législatifs, des accords sociaux, créations d’emplois décents, formation professionnelle.
Nous serions là sur un avantage déterminant pour nos PME/PMI en quête de marché face à :
Une Chine, qui ne crée quasiment pas d’emplois sur le continent africain, qui pille littéralement les matières premières
Un Maroc ou une Turquie qui recherchent davantage des alliances politiques qu’un appui économique à partir d’intérêts équitablement partagés (Entrée du Maroc dans l’Union Africaine et recherche d’alliés sur la question clivante du Sahara Occidental pour l’un, élargissement de la zone d’influence du Président Erdogan pour l’autre). L’économie est là essentiellement au service d’une idéologie.
Un Liban dont la réputation des investisseurs est de ne pas ou peu respecter le minimum les clauses sociales du pays
Une approche de proximité associant l’ensemble des acteurs économiques et sociaux -dont les organisations syndicales-, une approche économique en territoire, une approche indépendante des grands groupes et de leur cohorte imposée de sous-traitants, semble être pour nous le bon chemin à prendre pour les PME de la région qui veulent se tourner vers le marché africain.
La porte d’entrée unique ne saurait en aucun cas être pour nos PME la recherche d’un profit maximum, car le continent africain, plus qu’un autre doit relever avant tout le défi d’une croissance partagée
La Région Auvergne-Rhône-Alpes, forte des expériences de ses PME, de ses collectivités, de ses ONG a des atouts sérieux pour s’engager plus encore dans une démarche de co-développement. Les choix déjà opérés par l’exécutif ne vont pas dans ce sens et il n’est pas certain que notre riche contribution les modifie, mais comme le dit le Colibri de Pierre Rabhi « nous aurons fait notre part ».
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1319