La CGT tient d’abord à saluer l’excellent travail réalisé par la commission 7 et son attachée Frédérique Vonplauen sur le thème des festivals. On connaît l’intérêt de la CGT pour l’art et la culture en général, créateurs d’élévation de l’humain dans l’homme, et de lien social et bienveillant, festif en l’occurrence. Nous n’avons que du plaisir à rappeler que le festival de Cannes, pour n’en citer qu’un, a été fondé en 1946 sur un projet de Jean Zay, ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-arts du Front populaire, qui n’aurait pas vu le jour sans le soutien et l’aide de la CGT qui fit construire le Palais des festivals.
Par ailleurs, les festivals ont souffert de la crise du financement des collectivités, au point que le quotidien Le Monde nous proposait le 15 mars 2015 une carte interactive des festivals annulés en France, baptisée : « Cartocrise – culture française tu te meurs ». Cette carte toujours disponible (mais non mise à jour) listait alors 143 lieux correspondant à la fois aux festivals annulés ou supprimés et aux structures fermées dans le domaine de la musique, du théâtre, de la danse, des arts plastiques, des arts de la rue, de la littérature ou d’autres domaines. L’une des deux principales raisons invoquées par la presse était alors la diminution de la dotation de L’État aux collectivités locales, l’État les obligeant à faire des choix drastiques. L’autre était l’habitude faisant « qu’un nouvel élu, c’est un nouveau réseau » et que beaucoup de ces élus pratiquent l’adage : “Je te sabre parce que tu as soutenu l’autre” ».
Plus récemment, l’Observatoire des politiques culturelles faisait remarquer qu’un autre argument devait être mobilisé pour analyser la situation faite à la culture par un nombre non négligeable de collectivités : l’affaissement de l’ambition politique. Ce serait une fausse piste, écrit-il, de s’interroger d’abord sur les retombées économiques d’une organisation culturelle ou, plus largement, de concevoir la culture comme vecteur direct de développement économique. Il conclut sur une position que nous partageons : « Les politiques culturelles en France ont progressé lorsqu’elles faisaient l’objet d’une ambition partagée entre État et collectivités territoriales et entre pouvoirs locaux eux-mêmes. » (Note de conjoncture sur les dépenses culturelles des collectivités territoriales (2015-2017) OPC – Synthèse janvier 2017).
Or, nous cherchons toujours à distinguer ici la politique culturelle de financement régionale cohérente et publique. En matière de culture, il n’y a pas de demande, il n’y a qu’une offre. Cette fragilité appelle donc toute notre vigilance sur la liberté, la diversité et le renouvellement de l’offre de culture au travers des festivals.
D’autres études soulignent d’ailleurs combien la crise du politique peut se traduire par la saisie d’une industrie du divertissement. Ce phénomène serait dû d’une part, à la méconnaissance et le désintérêt profond d’une majorité de responsables politiques à l’égard des questions culturelles. D’autre part, à la récupération des enjeux culturels par une pseudo-élite de décideurs publics, provoquant un effet de capture, nombre de projets étant davantage conçus pour plaire à ces décideurs que pour plaire au public lui-même. Un projet tel que la création d’un équivalent du Puy du Fou au Puy, sous la marque Saint Jacques (de Compostelle), semble répondre à ce genre de préoccupation.
Le danger, à nos yeux, serait de déshabiller Paul pour habiller … Jacques. Le clientélisme politique ne peut constituer la finalité d’une politique culturelle. Nous en apprécions d’autant plus le travail et les préconisations de la commission. Cet Avis est en mesure de structurer, pour ce qui concerne les festivals, une vraie grille de lecture et d’évaluation politique mise à la disposition des acteurs régionaux, des acteurs artistiques eux-mêmes et des publics.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1318