La démarche d’« anticipation des mutations socio-économiques » s’inscrit dans les axes de travail assignés au Comité régional par les UD et les branches professionnelles organisées en territoire. Son objectif est de renforcer la capacité d’action des salariés sur l’orientation des mutations socio-économiques (que ce soit sur les enjeux du numérique, de la transition industrielle et plus largement de l’ensemble des transitions économique, sociale et environnementale). Elle repose sur deux ruptures fondamentales avec la démarche d’anticipation portée par le patronat et les pouvoirs publics :
Il faut dépasser la vision « Schumpetérienne » de l’innovation selon laquelle les activités et les entreprises naissent et meurent au gré des innovations réalisées par les entrepreneurs dans un mouvement de « destruction créatrice » (les nouvelles activités détruisant les plus anciennes). Ce n’est pas l’entrepreneur qui innove mais l’entreprise en tant que collectif de travailleurs. Les salariés ne doivent pas être les victimes de la « destruction créatrice » mais les moteurs de la transformation-évolution de leur activité en reprenant la maîtrise de l’innovation et de ses usages.
Il n’y a pas de fatalité économique à laquelle les salariés seraient contraints de s’adapter. L’anticipation doit être un levier d’action des salariés pour peser sur les orientations stratégiques des entreprises et des services publics, transformer leurs situations de travail et le développement des territoires.
Un outil : l’Adees
La démarche anticipation s’appuie en grande partie sur l’Association pour le Développement des Etudes Economiques et Sociales en Rhône-Alpes. L’Adees est l’outil économique de la CGT Rhône-Alpes et est au service des organisations CGT de la région, qu’il s’agisse des UD, UL, branches, syndicats. Elle est sollicitée pour animer des formations, des journées d’études, des débats publics, produire des notes économiques…
Elle s’appuie principalement sur deux chercheurs engagés, un salarié et un bénévole, qui conduisent les projets de recherche sous la responsabilité du comité régional. Leur activité et leurs liens avec la recherche académique permettent à la fois d’irriguer la recherche à partir d’expériences concrètes de terrain en prise avec le travail syndical, et de bénéficier de l’apport d’autres chercheurs sur des savoirs thématiques, notamment dans le cadre de cycles de formation.
Une méthode : la recherche-action
La méthodologie de l’Adees est basée sur la recherche-action :
Elle ne travaille pas à partir de mais avec les salariés
Elle sert d’appui à la réflexion syndicale à l’aide de ses différentes ressources. Son rôle n’est pas tant d’apporter la réflexion que de susciter la réflexion, pour encourager les militants à s’approprier, questionner et faire avancer notre démarche CGT et nos repères revendicatifs.
Elle combine l’analyse de terrain (réunion de travail avec les équipes syndicales, visites d’entreprises) avec des journées d’étude, voire des cycles complets de réflexion et de formation.
L’objectif est d’aider à la construction d’une réflexion collective par des allers-retours permanents entre, d’une part, les savoirs théoriques et méthodologiques des chercheurs, et d’autre part, l’activité des syndicalistes et des salariés et leur connaissance du terrain. Le cas échéant, d’autres types d’acteurs peuvent également être mobilisés pour apporter leur savoir (cabinet d’expertise…).
Dans ses travaux, l’Adees cherche systématiquement à lier les aspects matériels du travail (le travail concret des salariés et notamment ce qui touche aux questions d’organisation du travail) aux aspects institutionnels du travail (tout ce qui renvoie au contrat de travail, au cadre légal, conventionnel…qui enserre le travail, et notamment ce qui touche aux questions d’emploi et de formation, de droits et garanties collectives, IRP…
Des terrains de recherche : Industrie, Services publics, Territoires
L’Adees intervient auprès des organisations et des syndicats CGT sur un ensemble varié de thématiques. Néanmoins, tous ces travaux ou presque relèvent de trois grands axes qui structurent prioritairement son travail jusqu’à ce jour :
L’industrie : La reconquête industrielle constitue un axe de travail important pour la CGT et un enjeu tout particulier pour la région Rhône-Alpes. L’Adees travaille donc largement les questions industrielles, en s’intéressant tout particulièrement à la problématique des transitions industrielles et en essayant d’adopter une approche en termes de filière. Elle travaille en coopération avec les branches professionnelles, les collectifs interprofessionnels, les syndicats d’entreprises, les UD.
Les services publics : Autre terrain majeur de revendication pour la CGT, la question des services publics figure également dans les travaux menés par l’Adees. La démarche vise d’une part à articuler la question des services publics à celle de la reconquête industrielle (Enseignement supérieur, recherche, formation) et, d’autre part, à contribuer à la réflexion syndicale sur la structuration des services publics et les liens entre emploi, formation, qualification et financement du service public.
Les territoires : Qu’il s’agisse d’analyser la territorialisation des politiques publiques, les phénomènes de concentration, régionalisation et métropolisation des politiques d’innovation, ou encore l’évolution des tissus industriels locaux, la question du territoire est au cœur de l’ensemble des recherches de l’Adees.
Une continuité : des travaux réalisés mais à poursuivre
Au cours des dernières années, l’Adees a réalisé un grand nombre de travaux, qui se poursuivent aujourd’hui.
Des travaux d’analyse et de prospective
Un rapport sur la stratégie régionale d’innovation et la spécialisation intelligente (SRI-SI) en Rhône-Alpes (2014).
Un rapport sur la filière industrielle santé en Rhône-Alpes (2013).
Des recherches-actions avec des syndicats d’entreprises industrielles :
sur les « nouvelles » organisations du travail dans 6 entreprises de métal-mécanique du bassin de Bourg-en-Bresse (2014 ; avec l’UD de l’Ain).
sur la réallocation des productions dans et entre les entreprises (sous-traitance, délocalisation, transferts de production au sein des groupes) et ses effets en termes d’emploi-formation et de préservation du tissus industriel (7 entreprises régionales de la filière automobile ; 2015)
Des recherches-actions concernant les interrelations entre industries des équipements de santé et fonctionnement des services publics concernés :
Organisation d’une réflexion croisée entre syndicalistes de Thalès et syndicalistes du CHU de Grenoble sur les instruments d’imagerie médicale (2014-2015), débouchant sur une journée d’étude à Grenoble avec le concours des Fédérations de la Santé et de la Métallurgie.
Organisation d’une réflexion syndicale sur les enjeux des technologies du maintien de l’autonomie (en cours).
Un appui aux démarches des équipes syndicales et des organisations CGT :
Appui à la Coordination régionale Métallurgie quant à la réflexion sur les filières
Participation aux réflexions et rédactions du Collectif Recherche Industrie Formation (Collrif) de l’Isère
Appui technique et méthodologique au collectif préparatoire à la conférence régionale des UL (réalisation du questionnaire + traitement statistique).
Participation aux deux collectifs syndicaux régionaux mis en place dans l’aide à domicile et dans le travail social.
Trois cycles successifs visant à l’Anticipation et l’appropriation syndicale des mutations socioéconomiques (2012 ; 2015) et des transitions industrielles (2016).
Ces cycles ont débouché sur la rédaction de documents méthodologiques avec des syndicalistes pour aider à l’anticipation des mutations :
Un classeur outil d’analyse et de diagnostic issu du cycle de 2012 (des exemplaires sont disponibles sur demande auprès du Comité régional)
Un document méthode sur la démarche travail-emploi-formation issu du cycle de 2015.
Le cycle en cours sur les transitions industrielles a déjà fait l’objet d’une journée de travail dont la synthèse a été réalisée.
Un avenir à anticiper
L’élection du nouvel exécutif régional le 15 Avril dernier va impacter lourdement le budget du comité régional en matière de financement de projets et de dialogue social en territoire.
Cette nouvelle situation interroge le comité régional Rhône-Alpes et les organisations territoriales et professionnelles sur l’avenir de l’ADEES et de son emploi salarié, à échéance 2017.
Notre outil économique régional est pour autant apprécié par les organisations et les syndicats.
La prochaine Assemblée Générale de l’ADEES le 17 novembre 2016, devra réfléchir, débattre et décider des orientations pour la période à venir.
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Ancien lien : https://www.cgt-aura.org/spip.php?article1195